mercredi 23 juillet 2014

Différences entre le qi gong et les autres disciplines corporelles

En tant qu’enseignant de Qi Gong, les débutants me posent très  souvent cette question.

Différence avec le Tai ji Quan

 Qi Gong, l'ancêtre du Tai chi Quan 

Le Tai ji Quan est né au XIIIème siècle après J-C, alors que l’origine du Qi Gong se perd dans la nuit des temps.

Vers le Vème siècle, Bodhidharma développait le 
Qi Gong dans le Kung-fu Shaolin au monastère Shaolin (en chine) en s'inspirant des gymnastiques taoïstes de longévité (dao yin).
Le Qi Gong n’est pas un art martial. Il fait partie de la médecine traditionnelle chinoise, au même titre que le Tui Na, l’acupuncture, la pharmacopée, la diététique et a souvent un but thérapeutique et préventif.

Le Qi Gong se différencie principalement du Tai ji Quan par la place prépondérante qu’il accorde à la maîtrise de « l’énergie vitale ».
Le Qi Gong implique un travail sur l’énergie interne et non pas sur la force externe musculaire. Le Qi Gong est un art interne où l’on apprend à faire circuler l’énergie et débloquer les nœuds en étirant les mérdiens, c’est beaucoup plus « statique ».

Si les mouvements du 
Tai ji Quan correspondent précisément à des techniques martiales d'attaque et de défense, les mouvements de Qi Gong sont précisément choisis et organisés pour entrer en contact avec le Qi, développer la sensation de Qi dans le corps. Si les visualisations sont moins présentes dans le Tai ji Quan, elles constituent un élément clé de la pratique du Qi Gong. 
Le pratiquant de Qi Gong cherchera par des techniques corporelles (postures, séries de mouvements lents, doux et harmonieux réalisés sur place), méditatives, respiratoires pratiquées spécifiquement pour la culture du corps et de l’esprit, par des visualisations, des sons, à mobiliser et diriger le Qi. C’est un travail d’alchimie interne donc le but est de créer l’ « embryon spirituel ».Ceci étant le but suprême du pratiquant ; devenir un « immortel » !

Les mouvements sont pratiqués en association avec des points de concentration ayant une référence énergétique dans la médecine traditionnelle chinoise (points d’acupuncture, organes internes, méridiens) et de mises en mouvement de l’énergie en accord avec la respiration.

Le Qi Gong cherche à réguler le fonctionnement de l’énergie dans chaque organe, méridien, Il est parfois spécifique à la régulation d’un organe précis : vous avez un Qi Gong pour le cœur, le foie, les poumons,…mais aussi un Qi Gong de la femme, de l’enfant, du sommeil, des yeux, …


Le relâchement du corps, la régulation de la respiration permettent d’atteindre un haut niveau de relaxation et de concentration et permet aussi de délier en douceur les articulations.

Le Qi Gong est plus efficace et rapide coté sensation énergie. peut se traduire par le travail de l’énergie.

Le Qi Gong, anciennement, était travaillé par tous (les moines taoïstes et bouddhistes). C’est un peu comme un échauffement. Tous les pratiquants d’arts martiaux devaient aussi, pour un entrainement complet, pratiquer le Qi Gong.

Le Tai ji Quan
Tai ji Quan et le Qi Gong sont très étroitement lié. En fait, le Tai ji Quan provient du Qi Gong.

L'histoire de la création du Tai ji Quan l'explique d'ailleurs aisément puisque les fondateurs du Tai ji Quan empruntèrent à la fois des techniques de kungfu wushu à plusieurs écoles de l'époque (Shaolin et Wudang) et à des techniques de santé ( Daoyin).
Le Qi Gong a découvert et exploré depuis des millénaires toutes les façons de maîtriser l’énergie à l’intérieur de soi. Ses principes ont été ensuite appliqués à tous les arts martiaux chinois, dont le Tai chi Chuan qui, malgré son aspect « soft », a une visée martiale.

Le Tai Chi Chuan ou 
Tai ji Quan[1] (chinois simplifié太极拳 ) est un art martial chinois, dit « interne » (neijia), d'inspiration taoïste par rapport au Wushu qui, est lui, un art martial « externe ». Dans le Tai ji Quan, il y a Quan. Quan, c'est le poing (on le trouve aussi traduit par "boxe" ou « combat »). Les sinogrammes du Tai ji Quan se traduisent littéralement par « boxe du faîte suprême », ou « boxe avec l'ombre », car l'observateur à l'impression que le pratiquant se bat avec une ombre. Une autre traduction courante est « la boxe de l'éternelle jeunesse », ou par « immortalité » (le but suprême chez les taoïstes). Chaque mouvement possède une application martiale précise.
Le Tai ji Quan “boxe du faîte suprême”, est une succession de micropostures de l’arbre en mouvement. Les mouvements ont à la fois une connotation martiale (esquives, parades, frappes, …) et énergétique. Dans les enchaînements, l’adversaire, bien qu’invisible, est toujours présent. On s'imagine combattre cet ennemi imaginaire "au ralenti".

Cette discipline peut se pratiquer à deux. Les mouvements sont exécutés pour répondre à la relation avec l'autre. Pour autant, aucune agressivité n'est mise à jour, tout est basé sur l'efficacité du geste.
La tradition attribue l'invention du Tai ji Quan au taoïste semi-légendaire Zhang Sanfeng, vers le début de la dynastie Ming (XIIIe-XIVe siècle). Il est écrit dans le Livre complet sur les exercices du Tai ji Quan écrit par Yang Chengfu (1883-1936), que Zhang Sanfeng créa le Tai ji Quan vers la fin de la Dynastie Song (960-1279) .

Ses techniques ont été travaillées par des moines guerriers taoïstes et on retrouve donc dans la pratique : des déplacements, des coups de pied, des coups de poing, différentes sortes de frappe Le Tai ji Quan se pratique à mains nues mais est associé à des arts utilisant des armes (éventail, épée…). Le Tai ji Quan étudie des enchainements de mouvements (taolu) d'origine martiale exécutés avec lenteur et concentration, avec armes ( épée, éventail...) ou à mains nues.

Aujourd’hui, il est connu à tort en Occident comme étant une sorte de gymnastique de santé », appréciée en particulier par les personnes âgées pour son rôle de fortifier le corps et d'assurer la santé.et c’est la raison pour laquelle on le confond souvent au Qigong.

En outre, comparés aux autres Qi Gong dynamique, les formes et les enchaînements de mouvements pratiqués dans le Tai ji Quan sont généralement plus longs que les séries de mouvements réduites utilisées par les Qi Gong dynamiques.

 Enfin, traditionnellement,

  • il est dit que si le Tai ji Quan permet de trouver " le calme (intérieur) dans le mouvement (externe) " ,
  • les Qi Gong s’attachent à trouver " le mouvement (interne) par le calme (extérieur) " .
Tai ji Quan et Qi Gong sont complémentaires et apportent une détente du corps et de l’esprit appréciée de tous : une bulle de calme dans un quotidien agité...Le calme, la souplesse et la vision positive de la vie sont stimulés, notre créativité éveillée.
Ces disciplines permettent de développer les capacités de mémorisation, la coordination, l’équilibre, les articulations, la souplesse...
Voici un tableau simple permettant d’identifier les différences majeures dans la pratique du Tai ji Quan et du Qigong 


Taiji

Qi gong

Nombreux mouvements et déplacements. Peu de mouvement.
Mouvements en constituent la base de la pratique Mouvements ne consistent qu’en une des composantes de la pratique
Les mouvements correspondent à des techniques d’attaques et de défenses Les mouvements servent à diriger et guider le Qi
Enchainement de nombreux mouvements différents en successionExercices répétés plusieurs fois d’affilée
Peu de visualisations Beaucoup de visualisations
Les visualisations aident la pratique Les visualisations sont une des bases de la pratique.
Les visualisations servent à mieux effectuer les techniques martiales (ex. : imaginer un adversaire) Les visualisations servent à entrer en contact avec le Qi, le diriger dans le corps.
Fait référence à la notion de Qi, comme puissance interne pouvant être appliquée dans les techniques martiales. Cultiver le Qi constitue le fondement du Qigong
Enchaînement longEnchainement des méthodes de qi gong dynamiques plus courtes

Différences avec la gymnastique

Le Qi Gong est une pratique corporelle dans l’esprit et les objectifs très différente de la gymnastique:



Gymnastique
Qi Gong
Qualités
Rapidité
lenteur
Mouvements
Enchaînement de séquences
mutation de l’énergie
Buts
Dépassement de soi, exploit
connaissance de soi
et de l’énergie environnante, calme, sérénité.
Physiologie
Accélère le cœur
Développe les muscles
ralentit le cœur, régule la tension artérielle
assouplit les muscles
Energie
disperse l’énergie
concentre l’énergie

Le Qi Gong vise aussi à améliorer la santé et n’est pas martial, mais il a une dimension interne de travail sur l’énergie qui n’existe pas dans la gymnastique.

Rajoutons qu'ici la lenteur n'est jamais synonyme de mollesse, il s'agit d'une lenteur qui régénère...

La gymnastique est une pratique d’entretien personnel, sans application directe avec un partenaire, elle est là uniquement pour renforcer la santé, le corps, le mental.

Différences avec le yoga
Le yoga est originaire d'Inde. Les séances de yoga s'articulent autour d'un certain nombre de postures statiques ou dynamiques (selon un enchaînement précis) ; l'étirement musculaire, le travail respiratoire améliorent la condition physique et la souplesse, l'état de relaxation, la concentration, la connaissance de soi. Même si parfois les effets du Tai ji Quan, du Qi Gong et du yoga ne semblent pas si éloignés, la philosophie de ces pratiques n'en demeure pas moins assez différente.
Yoga et Qi Gong travaillent avec l'énergie du corps, "Qi Gong" et "pranayama" signifient tous les deux "travail énergétique". D’après les deux enseignements - le corps humain, qui se compose de différentes couches d’énergie, possède divers centres énergétiques qui sont toujours en état de l’interaction.

Dans les deux disciplines, on travaille avec des centres énergétiques : des Dan Tian dans le Qi Gong et avec des chakras (appelés aussi des centres sacrés) dans le yoga. Il y a 7 chakras, mais seulement 3 Dan Tian. Mais en général il n’y a pas de différence, car les chakras conservent aussi de l'énergie.

Des canaux (méridiens) énergétiques, dont l’utilisation est très répandue dans la médecine chinoise et dans le Qi Gong, nourrissent le corps d’énergie. Dans le yoga des canaux correspondants s'appellent en sanscrit des "nadis". Les exercices énergétiques et physiques de Qi Gong et de yoga renforcent leur fonctionnement afin d’équilibrer les processus physiologiques et énergétiques dans le corps.

Dans les deux disciplines, on cherche à augmenter le niveau énergétique dans le corps, Toutefois, leQi Gong permet de canaliser l’énergie consciemment et de l’’envoyer l’énergie dans des points très spécifiques du corps ou de la projeter à l’extérieur pour soigner.

Différence d’approche
Néanmoins, les approches du travail énergétique sont assez différentes. Le yoga utilise des exercices de respiration comme fondement. Dans le Qi Gong la respiration est importante, mais pas principale. Elle se trouve au même niveau que les autres techniques d’autorégulation (concentration, posture).

Comme vous le voyez, toutes les techniques corporelles sont tout à fait compatibles et complémentaires. J’ai moi-même pratiqué toutes ces techniques successivement tout au long de mon existence. J’ai choisi le Qi Gong, parce que c’est ce qui me convenait le mieux. C’est la méthode avec laquelle je parvenais le plus rapidement au calme intérieur et au lâcher prise. 

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