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mercredi 10 octobre 2018

Dao Yin / Dǎo Yǐn 導引,

aussi Dao yin fa ou Dao Yin Shu
Etymologie
Dǎo conduire (à) / diriger (vers)
Selon le Ricci (4767) : Route, voie, chemin, voie à suivre, principe, règle, droite raison, règle des actions humaines, doctrine, moyen, duire / guider / attirer / provoquer / citer / emprunter est la contraction de Yi (intention, pensée) et de In qui signifie "diriger".

Etymologiquement, le caractère se compose

marcher pas à pas Le caractère ancien représente trois pas
Wieger 112 E

La tête ornée d'une chevelure
Wieger 160 A

Yǐn conduire / guider / attirer / provoquer / citer / emprunter est la contraction de Yi (intention, pensée) et de In qui signifie "diriger".
Selon le Ricci (5778) : Tirer Entraîner Attirer Allécher induire à guider conduire introduire

Tirer à soi
Wieger 87

La corde d'un arc
ceci prenant le sens de attirer à soi conduire induire séduire

Ensemble, Dao Yin signifient "diriger et orienter l'énergie par le mouvement et la sérénité". Cette approche consiste à effectuer des exercices faisant travailler le mental, la respiration et la posture.
Définition du Dao Yin
Le Dao Yin (chin. trad. 導引, chin. simpl. : 导引 pinyin: dǎoyǐn, « guidage et étirement ») est un art énergétique chinois pratiqué dès l’antiquité. 
Il s'agit donc de tirer et de guider le Qi en utilisant la pensée. En effet, c'est notre mental qui dirige nos actions et l'énergie et le sang sont mobilisés par l'intention pour générer le mouvement
Dao se réfère aux mouvements physiques, qui, guidés par la force mentale, stimulent le Qi du corps et permettent de se plonger dans un état de relaxation.
Yin désigne le Qi du corps atteignant l'extrémité des membres (les pieds, les doigts et la tête) grâce aux mouvements physiques.

Dao

Mouvement physique

Guidé par la pensée pour stimuler le Qi du corps

Yin

 Mouvements physiques assistés

Le Qi du corps atteint les extrémités (les pieds, les doigts et la tête)


Lao Tseu  parlait dans le Dao De Jing  des caractéristiques de la vie : souplesse, flexibilité et douceur. Entretenir la santé, c'est donc chercher à maintenir ces attributs le plus longtemps possible.

"Lorsqu'une personne est en vie, son corps est doux et souple
Lorsque les arbres, l'herbe et les animaux sont vivants, ils sont doux et flexibles
Lorsqu'ils meurent, ils deviennent secs et fragiles"

Mais comment faire durer cette vitalité intrinsèque à chaque être vivant, comment vivre le plus longtemps possible et en bonne santé ? Une question que nous nous posons tous depuis la nuit des temps! et à laquelle les taoïstes ont apporté une réponse aux multiples facettes. En effet, cette ancienne sagesse chinoise a développé une véritable science de l'entretien de la vie, le Yang Sheng /  Yǎng Shēng (養生/养生书) englobant de nombreux domaines : entretien du corps et de l'esprit (exercices physiques, respiration, méditation, massages, acupuncture, plantes...), diététique, sexualité.
Le Dao Yin (Tao Yin) s'inscrit dans cette vision de préservation de la vie et en est l’une des nombreuses pratiques visant à préserver ou à rétablir la santé et à prolonger la vie. 
Ces exercices corporels et énergétiques ont pour objectif de développer le doux et le souple en nous, tant sur le plan physique que psychique. On pratique naturellement le Dao Yin en se frottant le visage après un travail intellectuel pour se détendre ou en étirant les mains en se levant !
 C'est aussi l'ancêtre des actuels Qi Gong ( travail par la maitrise de l'énergie interne dite vitale) terme récent datant des année 50 et de certaines techniques des courants d’alchimie interne comme Quan Zhen. Le Dǎo Yǐn est particulièrement lié à la culture taoïste, mais a été adopté également par des moines bouddhistes.
Dans le détail Dao yin consiste en :
-  Yi Nian Dao Yin (conduite par la pensée)
-  Hu Xi Dao Yin (conduite par la respiration)
-  Xing Ti dao yin (exercice des attitudes)
-  Shi Zi Dao Yin (conduite par les postures, les mouvements)
-  Tu Yin Dao Yin (conduite par l'expulsion sonore)
-  An Mo Dao Yin (conduite par le massage)
Les Dao Yin sont principalement des exercices respiratoires accompagnés de mouvements, agissant efficacement sur les méridiens (Jing Luo) à travers lesquels circule l'énergie vitale. C'est un travail interne au cours duquel l'énergie est concentrée dans le Dan Tian puis irradiée à travers le corps suivant les principes de la petite et de la grande "circulation céleste" (Xiao Zhou Tian et Da Zhou Tian).
Il peut être associé à :
-  des exercices respiratoires (Tǔ Nà 吐納),
-  des exercices de concentration mentale (Cún Sī 存思)
-  une technique d’acupression (Diǎn Xué 點穴/点穴).
-  l'automassage ((Zi Wo An Mo zì wǒ àn mó自我按摩), qui permet de dégager le trajet de l’énergie des méridiens, stimuler plus particulièrement une zone ou bien renforcer un organe par la pression de points spécifiques. favoriser la circulation du sang et du Qi en liaison aux organes/entrailles,
-  Wai Qi Liao Fa: Traitement des maladies par le Qi comprenant des exercices pratiqués par le patient et/ou des techniques de projections et de manipulations du Qi par le thérapeute. Ainsi que des méthodes de diagnostics sensibles.
La combinaison de cette pratique avec celle d'un art énergétique orientée vers la relation musculaire et articulaire fait voir par de nombreux historiens d'arts martiaux les Dao Yin comme les premières formes de ce que l'observation populaire désignera par Gong Fu (ou Kung Fu =travail intensif parfait), une appellation incorrectement appliquée au XXième siècle hors de chine à l'ensemble des arts martiaux chinois (Wu Shu). Ces modalités d'expression sont en réalité intimement liées mais certaines méthodes peuvent mettre en avant et privilégier un ou plusieurs de ces aspects.
Origine du Dao Yin
L’origine du Dao Yin date du VIIIème siècle avant J.C., Epoque «des printemps et des automnes» et probablement même avant l'apparition du Taoïsme. Toutefois ses racines sont bien issues de pratiques Taoïstes (Fang Shu) voir même chamaniques, progressivement cela devient une méthode pour maintenir et entretenir la vie (Yang sheng).
Quoi qu'il en soit, ces exercices taoïstes énergétiques doux répertoriés depuis plus de 2500 ans en chine , à but pour le moins thérapeutique a également, en partie par l'intermédiaire des postures codifiées par Hua Tuo influencé les recherches des maitres chinois d'arts martiaux (en particulier de Quan Fa) qui y virent des racines incontournables.
Le Dao Yin / Dǎo Yǐn est un moyen, une pratique corporelle qui favorisent cet échange subtil entre la Nature et l’Homme, et on le trouve clairement mentionné dans l’œuvre de Zhuang Zi ; qui cite aussi les figures du « Classique de l'ours » (Xióng Jīng 熊經/熊经) et de l’« oiseau qui s'étire » (Niǎo Shēn 鳥伸/鸟伸).
« Souffler et respirer, expirer et inspirer, rejeter l’air usé et en absorber du frais, s’étirer à la manière de l’ours ou de l’oiseau qui déploie ses ailes, tout cela ne vise qu’à la longévité. C’est ce qui est prisé de l’adepte qui s’efforce de guider et induire l’énergie de l’homme qui veut nourrir son corps, ou de celui qui espère vivre aussi vieux que Peng Zu.»
On sait que Confucius a su mettre en avant dans ses préceptes humanisme et organisation sociale ; mais Zhuang Zi, lui, parle de communion intime avec le Dao en s’inspirant et en imitant la Nature avec un certain recul et détachement. Comme un miroir, l’homme devient un simple reflet de la Nature, présent à l’instant qu’il vit, le cœur léger et vide mais rempli par les flux de l’énergie cosmique. Il est soumis ainsi à une rythmicité qui lui échappe complètement. Ce sera également dans les grands traités du Huai Nan Zi.
En 1972, une importante découverte archéologique dans la province de Hunan, au lieudit Ma Wang Dui, ancien Royaume du pays de Chu ; va révéler au monde une multitude d’objets profanes et sacrés datant du début de la Dynastie Han (206 av JC/ 220 ap JC) qui  proviennent successivement de 3 tombes. La première est une sépulture de la Marquise de Dai, Xin Zhui; la seconde du Marquis de Dai, Li Cang ; et la dernière probablement leur fils, mort prématurément à une trentaine d’années.
C’est de cette tombe N°3 de Ma Wang Dui que l’on a découvert sur un rouleau de soie, des peintures colorées ; à la fois expressives et délicates; elles illustrent  quarante quatre mouvements de Dao Yin / Dǎo Yǐn » (Dǎo Yǐn Tú 導引圖/导引图44 . Comme nous l’avait indiqué Zhuangzi, il s’agit de séquences de mouvements qui imitent certains animaux.
C’est plus tardivement que l’on trouve des associations et citations directes avec la médecine chinoise, Comme par exemple sous les Hàn  par le médecin Hua Tuo (110 - 207) dans le « Jeu des cinq animaux »   « Wu Qin Xi /Wǔ Qín Xì 五禽戲/五禽戏». Le « jeu des cinq animaux » correspond à un répertoire de mouvements précis, il nous indique que le Dao Yin rejoint tout comme l’acupuncture et la pharmacopée, la science médicale. C’est une pratique préventive et curative qui fait l’objet de prescriptions.
Depuis lors, le Dao Yin devient très connu et couramment pratiqué dans le milieu lettré et Taoïste pendant l’époque des Jin (265 – 420) et des 6 Dynasties (420 – 581).
Du VIème au Xème siècle dans les textes poétiques et différentes écoles Taoïstes, on trouve de nombreuses citations et références sur la pratique du Dao Yin. Différentes traditions sont apparues au fil du temps : le Dǎo Yǐn attribué aux deux immortels de l’antiquité Chì Sōng Zǐ (赤松子) et Wáng Zǐ Qiáo (王子喬/王子乔), les mouvements respiratoires inventés par le moine Jiàn Zhēn (鑒真/鉴真) des Tang, le Dǎo Yǐn du moine Guǎng Dù (廣渡/广渡 des Song   et un ensemble de 24 mouvements correspondants aux 24 périodes de l’année :« Dessins de la Pureté suprême sur l’accumulation ou la dispersion de l’eau et du feu selon les 24 souffles », qui font partie du « Miroir de la protection de la vie », Bao Sheng Xin Jian (保生心鉴) du taoïste Chen Xi Yi (dynastie song, ?-989).
C’est au XIIème siècle que l’on trouve les premières illustrations des « huit pièces de brocart » (Bā Duàn Jǐn 八段錦/八段锦) attribuée par la légende aux généraux Zhong Li Quan des Han ou Yue Fei des Song - mais datant sans doute du XIIIe siècle et la « méthode Dǎo Yǐn des personnes âgées » (Lǎo Rén dǎo Yǐn Fǎ老人導引法) créé par Cáo Tíng Dòng (曹廷棟/曹廷栋) des Qīng
C’est encore chez Sun Simiao (581 – 682) dans le « qian jin yiao fang » (Coffret de prescriptions majeures valant mille onces d’or) qu’il est indiqué de s’exercer aux séquences de Dao Yin et de façon associée au massage.
La pratique des Dao  yin a été consignée pour la première fois par le père jésuite français Jean Joseph Marie Amiot- 1718-1793) qui avait été missionnaire en Chine dans sa "Notice du Congfou des bonzes Tao-Sée" parue à Paris en 1779 et qui donne, avec force planches dessinées avec minutie, la liste variée des principales postures avec leurs effets psychosomatiques supposés.
Le Huang Di Nei Jing (Le Canon interne de l'Empereur Jaune), premier livre de médecine traditionnelle chinoise, explique qu'« il faut se servir du Dao Yin et de l'an Qiao (massage) dans le but de faire circuler l’énergie pour soigner les maladies et insiste sur le fait que c’est une bonne méthode pour la prévention et la guérison.. Ces deux appellations désignaient autrefois les traitements de Qi Gong médical.
D'après l'ancien texte taoïste appelé le Dao Yin Shi (faisant partie du huitième chapitre du Ling Jian Zi) : « Pour acquérir la respiration embryonnaire ou contrôler l'ingestion du Qi, il faut pratiquer le Dao Yin. Il permet de détendre les tendons et les articulations, d'harmoniser et de régir le Qi et le Sang dans les Méridiens. Il permet aussi de guider et préserver au maximum le Qi. »
 Les exercices posturaux de Dao Yin basiques des mains et du corps  sont: 
       Kai (Ouvrir)
       Fen (Séparer)
       He (Fermer)
       Tui (Pousser)
       Rou (Frotter)
       Xuan (Tourner)
       An (Presser) 
Un thérapeute de Qi Gong se sert de ces mouvements de base pour purger, disperser, concentrer, tonifier, émettre et guider le Qi. En effet, les enchaînements et méditations dynamiques (actifs) et statiques (passifs) permettent d'activer le Qi et de parfaire la gestion de l'énergie dans son corps. La pratique du  Qi Gong permet de cultiver l'essence (Jing) et l'énergie de force de vie (Qi) à la fois par l'immobilité et par le mouvement. Les exercices portant sur l'essence amènent le patient à développer la stabilité, la tranquillité, la conscience d'être au monde, la volonté, l'âme et l'esprit. Les exercices vitaux lui permettent de cultiver le Qi, le Sang, la vitalité, la peau, les muscles, les tendons et les os.

Bien que les enseignements dispensés dans les écoles de Qi Gong soient différents et complexes tant par leur forme que par leur contenu, on distingue deux branches principales orientées sur le développement de l'énergie : le Qi Gong Yang (dynamique) et le Qi Gong Yin (statique).

Ces exercices de santé sont pratiqués principalement au sol, allongé ou assis et parfois debout. Ces séries sont exécutées en coordonnant le corps, la respiration et l'intention.

Manifestations physiques, énergétiques et spirituelles du Dao Yin
Pour les anciens taoïstes, chacun des Dao Yin était une émanation de trois concepts surnaturels de manifestations physiques, énergétiques et spirituelles.
Dao Yin du mental
3. Mental spirituel
La superconscience créative est responsable de la pensée intuitive de la «connaissance sans connaissance » et des perceptions de l'âme éternelle (Shen Xian).
2. Mental énergétique
Le subconscient est responsable des perceptions intuitives, empathiques et kinesthésiques reçues par les trois Dan Tian et les champs énergétiques du corps.
1. Mental physique
La conscience est chargée d'explorer, d'interpréter et de juger les informations reçues par les cinq sens.
Dao Yin du souffle
3. Souffle spirituel
Les variations des ondes de lumière spirituelle, des particules, des vibrations et des « messages » divins absorbés par le corps lors d'états naturels de relaxation, tels que les moments de prière, de méditation ou de sommeil.
2. Souffle énergétique
Les variations du Qi des Cinq Eléments provenant des champs énergétiques universels et environnementaux qui sont absorbés par les tissus du corps, sont considérées comme le «souffle subtil».
1. Souffle physique
Le souffle « naturel » est l'inspiration et l'expiration de l'air par les tissus du corps via le système respiratoire.
Dao Yin postural
3. Corps spirituel
La structure spirituelle de la masse tissulaire du corps est chargée des interactions entre l'âme humaine, la destinée et le karma, qui affecte la trame énergétique soutenant et maintenant les fonctions et les tissus internes et externes.
2. Corps énergétique
La structure énergétique de la masse tissulaire du corps est chargée de la trame énergétique qui soutient et maintient les fonctions et les tissus internes et externes.
1. Corps physique
La structure physique de la masse tissulaire du corps est responsable d'un alignement corporel correct et du soutien des fonctions et des tissus internes et externes.
Ainsi, la pratique du Shen Gong (discipline dans les exercices et les méditations spirituels) exprimait et permettait de créer une harmonie avec les manifestations célestes.
De même, la pratique du Qi Gong (discipline dans les exercices et les méditations énergétiques) exprimait et permettait de créer une harmonie avec les manifestations terrestres.
Enfin, la discipline du corps physique exprimait et permettait de créer une harmonie avec la structure interne et externe de l'Homme. Harmoniser le corps avec son environnement, le mettre en résonnance énergétique avec le rythme des saisons est la base de Zang qi fa shi gong ; la méthode respecte cette tradition. A chaque saison correspond un son, une couleur, une méditation, une marche, un automassage et une séquence de mouvements spécifiques. La  pratique de cette méthode permet de  développer notre capacité de prévention, d’autoguérison, et trouver un profond équilibre physique et psychique.

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