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lundi 22 juin 2020

Harmoniser la respiration Tiáo Xī 调 吸

La manifestation la plus évidente du rapport mystérieux qui existe entre l'homme et la nature est certainement la respiration. C'est sans doute ce qui explique pourquoi, au cours des âges, tous ceux qui se préoccupaient de la santé, notamment les Maîtres taoïstes et les grands médecins, ont établi des théories et imaginé des procédés principalement axés sur la respiration. 

Les anciens chinois concevaient le souffle comme l'une des fonctions les plus importantes du corps.

Dans les Quinze discours pour créer l'enseignement, l'ancien taoïste Wang Chong Yang écrivit : La nature innée (Xing) est l'esprit (Shen); le souffle subtil (Qi) est la destinée de vie (Ming). La rencontre de la nature innée et du souffle subtil est semblable à l'oiseau sauvage qui saisit le vent"

La respiration est une nécessité incontournable pour l'existence même d'un individu. Respirer est  la fonction la plus importante du corps. Nous pouvons nous priver de nourriture ou de sommeil, mais pas d’oxygène ! C’est un outil très puissant pour vous régénérer, faire circuler le Qi, renforcer votre vitalité. C’est la clef de l’efficacité de tout mouvement de Qi Gong.

 Dans le corps, c'est le sang qui réalise le métabolisme des gaz de la respiration, qui se charge de transporter sans cesse dans tout le corps les éléments nutritionnels, d'évacuer sans arrêt les déchets, et donc qui produit constamment chaleur et énergie pour permettre un fonctionnement normal de tous les organes et systèmes de l'organisme. 
Notre respiration est souvent courte et superficielle, et les échanges gazeux manquent alors d'efficacité. L'ensemble de l'organisme en subit le contrecoup d'où, à la longue, une dégradation des fonctions vitales et l'apparition de toutes sortes de maladies. En conséquence, harmoniser complètement sa respiration est de la plus haute importance pour favoriser les échanges gazeux, pour améliorer son état de santé et pour lutter contre le vieillissement.

il s'agit ici de réguler votre respiration jusqu'à ce qu'elle soit calme, harmonieuse Ce n'est qu'à ce stade, que vous pourrez avoir la respiration profonde, fine, longue et douce, requise pour une pratique du Qi Gong réussie.

 La respiration est vitale
Ce processus démarre dès la première respiration qui suit immédiatement la sortie du fœtus du sein maternel et dure jusqu'à la fin de la vie. Nous arrivons sur Terre dans un inspir, nous quittons ce monde par un expir. Entre les deux, le cycle d'une vie est rythmé par ce mouvement de flux et de reflux de notre souffle.

Pour la vie, la respiration est beaucoup plus importante que la nourriture. 

Bien que la nourriture et l'eau constituent les éléments de base contribuant au développement du corps et assurant le bon fonctionnement des tissus et liquides organiques, le souffle est l'élément qui fournit le flux essentiel de l'énergie de force de vie, indispensable pour animer le corps et le mental. 

En fonction de sa constitution, l'Homme peut survivre normalement pendant plusieurs semaines sans manger, pendant plusieurs jours sans s'hydrater en recueillant l'énergie de l'eau, mais il ne peut pas survivre plus de quelques secondes sans respirer. La privation de l’air entraine la mort immédiate.  Ce qu'est la respiration au corps humain est identique à ce qu'est l'eau pour le poisson. Cela signifie vivre.   Ne parle-t'on pas de "rendre son dernier souffle" au moment de mourir. 

C’est pourquoi les techniques ont été si détaillées dans les classiques en raison de l’importance que leur accordait les anciens taoïstes.

La vie de l'homme et surtout sa vitalité dépendent non seulement de la respiration, mais aussi de la façon dont il respire. On vit comme l'on respire. Certains chercheurs ont observé que dans la vie et dans la nature, ceux qui respirent vite vivent moins longtemps que ceux qui ont une respiration lente.

Peu d'entre nous font attention à la manière dont ils respirent. Malheureusement, la respiration habituelle est la plus répandue. Cette respiration qui n'engage qu'une partie de la capacité des poumons ( 60%) est superficielle . 

La respiration est liée à la vie. Du premier cri du nouveau-né jusqu'au dernier soupir, la vie est liée à ce souffle. Dès qu'il y a vie, il y a respiration, obligatoirement. 

Les enfants jusqu’à 10 ans  conservent l'habitude de respirer avec le ventre. Son inspiration est généralement plus longue que son expiration. Comme un enfant inspire beaucoup plus d'oxygène qu'un adulte, ses idées sont généralement plus claires. 

La respiration naturelle du nourrisson dite "abdominale" se perd peu à peu au cours de l'évolution et devient thoracique, constituée de respirations courtes et irrégulières et les poumons ne se remplissent qu'à moitié. Lorsqu'une personne atteint la trentaine, sa respiration devient moins profonde et se fait au niveau de l'estomac plutôt qu'au niveau de l'abdomen inférieur. Adulte la respiration est plus rapide. Son inspiration et son expiration sont de durées à peu près égales. A cet âge, une personne a toujours assez d'oxygène pour approvisionner son corps et son diaphragme conserve toujours un mouvement ascendant et descendant dynamique. Ce mouvement préserve la santé.

 En avançant en âge, la respiration devient de moins en moins profonde, à mesure qu'elle dépend de plus en plus de sa poitrine pour respirer. Son expiration est plus longue que son inspiration et son approvisionnement en oxygène est insuffisant. L'essoufflement s'installe, précurseur d'une mauvaise santé, de faiblesse et de dépression. A ce moment là, la personne commence à perdre la mémoire, sa capacité de réflexion et son diaphragme perd son mouvement dynamique ascendant et descendant et ne masse donc plus ses organes internes. Son Qi devient stagnant et ses organes dégénèrent. De même, la dégénérescence de ses cellules corporelles est accélérée par le manque d'oxygène. 

Apprendre à respirer correctement est l'une des façons les plus efficaces d'améliorer globalement sa santé et de réduire le déclin du  vieillissement. 

Dans la pratique du Qi Gong, la régulation de la respiration est un entraînement primordial. 

Il nous faut retrouver la respiration embryonnaire indépendante du souffle extérieur. Le premier pas dans le maintien de la santé consiste à accroître son approvisionnement en oxygène. Il faut à nouveau respirer profondément jusque dans son abdomen comme le font les bébés. Cet exercice s'appelle Fan Tong / Fǎn Tóng  返 童 Retour à l'enfance. Lorsque l'approvisionnement en oxygène est suffisant, nous pouvons nous détendre, clarifier nos pensées et faire circuler le Qi. 

Revenir a une respiration naturelle, c’est tout d’abord respirer calmement et profondément en aidant l’air à pénétrer et en l’aidant à s’expulser. 

Pour ce faire, il tout d’abord prend conscience du mécanisme de la respiration, de ses effets sur le corps et le psychisme et des différentes types de respiration.

L'intérêt de la pratique du Dao Yin du souffle en Qi Gong est d'acquérir le contrôle des matrices physiques, énergétiques et spirituelles du corps, pour permettre à l'individu d'envoyer le Qi et le Shen vers n'importe quel Organe ou partie du corps à son gré, pour renforcer ainsi les tissus de la zone ciblée. 

Contrôle de la respiration lente et synchrone avec le geste   

 
La respiration est la principale stratégie de la pratique du Qi Gong. A l'inspiration, le QI est emmené vers l'interne et à l'expiration, vers l'extérieur. En hiver, pour maintenir le Qi dans le corps et éviter de le laisser s'échapper, l'inspiration devient naturellement plus longue, ce qui a pour effet d'emmener le Qi vers la profondeur et de refermer les pores de la peau.
Dans le Qi Gong, on doit apprendre à utiliser son inspiration pour guider l'énergie vers l'intérieur, vers les organes internes, mais aussi à se servir de l'expir pour emmener le Qi vers la surface, voire au-delà , afin de renforcer le Wei Qi, Qi défensif et accroitre ainsi ses défenses immunitaire.   
Une fois que vous avez régulé corps, respiration et mental, vous pourrez alors guider le Qi où que ce soit dans votre corps afin d'y effectuer des "réparations". Ainsi si vous êtes victime d'un traumatisme ou d'une blessure, inspirer en vous servant de votre mental pour guider le  Qi au coeur de la région lésée, avant d'expirer en utilisant à nouveau le mental pour éloigner le Qi de cette région. Une douce chaleur envahira la région concernée et une fabuleuse sensation d'être étroitement harmonisé à la respiration sera alors ressentie.
 Pour pouvoir rendre sa respiration calme, régulière et paisible, il faut tout d'abord réguler sa pensée, son mental. Le mental est le quartier général de tout l'être. Lorsque le mental n'est pas stable et calme, les émotions sont agitées. Les émotions sont étroitement liées à la respiration. 
Cela démontre clairement que, de même qu'il n'est pas possible de séparer l'effet de la cause qui l'a produit, il est indispensable, dans le même temps, d'harmoniser à la fois sa respiration et son cœur. Ces deux harmonisations sont indissociables, complémentaires et interdépendantes
L'harmonisation de la respiration est le «pont» et la «porte» qui permettent d'entrer dans l'attitude de Qi Gong. Pratiquer le Qi Gong c'est, tout d'abord, exercer sa respiration. Ce n'est que grâce à l'observation stricte de la méthode fondamentale d'harmonisation de la respiration qu'il est possible de se mettre dans l'attitude nécessaire à une bonne pratique du Qi Gong. Cette façon de procéder est spécifique au Qi Gong. Harmoniser sa respiration repose sur l'adage : « Ce qui est petit peut grandir, ce qui est grand permet d'entrer dans la Voie
Dans l'Antiquité, pour s'exercer au Qi Gong, il fallait, tout d'abord, s'occuper de sa respiration. Souvent, les vieux Maîtres prenaient un fil très fin ou une plume d'oie puis plaçaient l'un ou l'autre devant les narines de leurs disciples afin d'observer l'état de leur respiration. Si le fil se balançait au gré de leur respiration, cela prouvait que le cœur n'était pas calmé, que le corps n'était pas détendu. Le disciple ne remplissait donc pas les conditions exigées pour l'exercice du Qi Gong. Pourvu que la plume d'oie, ou le fil, ne se balançât pas, alors cela montrait que le cœur et le corps étaient déjà en communication avec l'Univers.
Dans l'exercice du Qi Gong, on distingue plusieurs modes de respiration : fine, longue, lente, ondulante, régulière, distincte. 
L'inspiration et l'expiration doivent se faire aisément, sans bruit, de façon régulière et continue, un peu comme si l'on dévidait un fil de soie, afin que le fluide vital puisse pénétrer le corps et lui fournir facilement force et protection. Pour parvenir à un tel résultat, il faut suivre un certain processus. 
Tout d'abord, il convient d'avoir clairement à l'esprit que l'harmonisation de la respiration ne peut s'obtenir à la demande et qu'elle ne peut que suivre une harmonisation préalable du corps et de l'esprit avec la nature environnante.

Les quatre subdivisions taoïstes des mouvements respiratoires
Les anciens taoïstes considéraient la respiration comme un échange de Qi : inspirer rassemble, expirer libère. Bien que le facteur le plus important dans chaque exercice soit la clarté de la prise de conscience et la direction de l'intention, l'intensité et la quantité d'énergie libérée augmente en expirant par le nez, la bouche et rendant le souffle sonore.

Par conséquent, les anciens taoïstes distinguaient quatre subdivisions du souffle : l'inspiration, la pause à plein, l'expiration et la pause à vide. 

Les anciens taoïstes utilisaient l'inspiration, la pause à plein, l'expiration et la pause à vide quand ils faisaient des pratiques alchimiques ésotériques sur le souffle. En augmentant le temps de pause entre l'inspiration et l'expiration, le pratiquant peut s'entraîner à entrer dans des royaumes de l'existence énergétiques et spirituels plus subtils. 

Ces quatre subdivisions fournissent une base essentielle pour la pratique taoïste du souffle :

Le souffle de l'homme est une représentation du Tao Vivant

  • L'inspiration : cet aspect Yin du souffle représente le rassemblement des énergies postnatales du Ciel et de la Terre qui sont collectées dans l'Homme. Il s'agit de l'action descendante de l'inspiration dans le « Yin caché » et immobile du Dan Tian inférieur (le sombre royaume de l'Homme), qui confère aux pratiquants taoïstes la capacité de se développer énergétiquement et spirituellement.
  • La pause à plein : cet aspect du souffle représente le « point mort » contenu dans le Wu Ji, autrefois appelé le « Col Mystérieux » dans l'ancienne mystique taoïste. Il s'agit d'une pause qui advient juste avant la transformation du Yin en Yang à l'intérieur de l'Homme. En allongeant le temps de pause à plein, les pratiquants peuvent dissoudre le Shen dans l'axe du Taiji de leur corps. Cela leur permet aussi d'entrer dans le champ énergétique et spirituel du Wu Ji et de s'envelopper dans la lumière divine contenue dans le noyau central du corps.

  • L'expiration : cet aspect Yang du souffle représente les énergies que l'Homme relâche et qui retournent dans les royaumes du Ciel et de la Terre. C'est un mouvement du souffle qui se déploie vers l'extérieur dans le « Yang clair » (royaume éclairé) de l'environnement actif qui équilibre l'énergie.

  • La pause à vide : cet aspect du souffle représente le « point mort » contenu dans le Wu Ji. Il s'agit d'une pause qui advient juste avant la transformation du Yang en Yin à l'intérieur de l'Homme. En allongeant le temps de pause à vide, les pratiquants peuvent dissoudre le Shen dans le Wu Ji, ce qui leur permet d'entrer dans la lumière divine des royaumes énergétiques et spirituels subtils de l'espace infini.

Exemples de mouvements respiratoires taoïstes
Les exercices de respiration suivants sont des exemples des multiples subdivisions des techniques de respiration taoïstes pour réguler et accumuler le Qi dans le Dan Tian inférieur. 

1. Accumuler le Qi dans le Dan Tian inférieur. Cette technique sert à tonifier, à rassembler le Qi et à augmenter le Qi dans le Dan Tian inférieur.

  • En position assise, Inspirez par le nez, remplissez complètement le Dan Tian inférieur (en gonflant l'abdomen) ; faites une pause à plein, puis expirez l'air par la bouche. Il s'agit d'une phase préparatoire qui doit être répétée seulement  sur 3 respirations.  

  • Ensuite, prenez trois inspirations partielles par le nez, remplissez le Dan Tian inférieur ; faites une pause à plein, puis expirez complètement par la bouche en une seule fois. Inspirez ensuite pour remplir à moitié le Dan Tian inférieur (en gonflant l'abdomen), tenez à plein la durée de trois battements de cœur, puis inspirez une seconde fois pour remplir tout le Dan Tian inférieur, tenez à plein pendant cinq battements de cœur ; détendez-vous et expirez lentement. Répétez cet exercice jusqu'à maîtriser le mouvement du souffle. Exercez-vous une trentaine de minutes par jour pendant trois mois.

2.  Réguler le Qi dans le Dan Tian inférieur , cette technique sert à stabiliser l'équilibre énergétique dans le Dan Tian inférieur .

  • Inspirez par le nez, remplissez le Dan Tian inférieur  (en gonflant l'abdomen) ; faites une pause à plein, puis expirez par la bouche. Il s'agit d'une phase préparatoire qui doit être répétée seulement  sur 3 respirations.

  • Inspirez par le nez, puis effectuez trois expirations partielles par la bouche ; faites une pause à vide, puis prenez une inspiration complète par le nez. Expirez ensuite la moitié de l'air du Dan Tian inférieur (en contractant l'abdomen) ; tenez à moitié vide pendant trois battements de cœur, puis expirez l'air restant et tenez complètement à vide pendant cinq battements de cœur ; détendez-vous et inspirez lentement. Répétez cet exercice jusqu'à maîtriser le mouvement du souffle. Exercez-vous une trentaine de minutes par jour (pendant trois mois).

3.     Le Col Mystérieux :
Cette technique est utilisée pour accéder à l'état mystique du Wu Ji. il s'agit de la pause à plein entre l'inspiration(Yin) et l'expiration (Yang). Dans cette pause, les anciens maîtres de Qi Gong taoïstes croyaient pouvoir accéder au royaume de l'espace infini (Wu Ji), Le Wu Ji représente ici ce qui existe entre le Ciel terrestre (la forme innée d'énergie) et le Ciel tardif (la forme d'énergie acquise) où le temps et l'espace sont immobiles.

Dans la pratique clinique, les thérapeutes de Qi Gong s'entraînent à la technique du Col Mystérieux afin de déployer le Qi à travers tout le corps et d'acquérir la capacité d'accéder aux archives cachées d'informations encodées dans les tissus du patients. 

En clinique, l'entraînement comprend deux étapes :

  • En position assise, inspirez par le nez, remplissez le Dan Tian  inférieur (en gonflant l'abdomen). Faites une pause, retenez la respiration entre 3 et 12 temps, puis expirez par le nez. Cette technique est connue sous le nom de « compte court de la régulation du souffle » Répétez l'exercice et continuez progressivement à augmenter le nombre de temps pendant la pause. Exercez-vous une demi-heure par jour, puis passez au niveau suivant seulement après avoir atteint les 100 temps par respiration.

  • Passez ensuite au « compte long de la régulation du souffle », en 120 temps. En position assise, inspirez par le nez, remplissez le Dan Tian  inférieur (en gonflant l'abdomen). Faites une pause, retenez la respiration 120 temps, puis expirez par le nez. Exercez-vous une demi-heure par jour.

 Cette méthode enrichit le Yuan Qi en inspirant plus d'énergie que ce qui est expiré. Elle est parfois utilisée dans des prescriptions de Qi Gong médical pour soigner des maladies spécifiques liées à la déficience. Quand on l'utilise avec une intention forte, la rétention du souffle peut rétrécir les Vaisseaux Sanguins et faire monter la pression artérielle ; cet exercice est parfois prescrit pour les patients faisant de l'hypotension. Néanmoins, cet exercice de Qi Gong est contre-indiqué pour les patients sujets à l'hypertension.

Les quatre mouvements respiratoires
Les individus font l'expérience de quatre mouvements respiratoires qui se manifestent au travers des différentes phases de respiration, phénomène se produisant au début d'une pratique du souffle en Qi Gong médical. Au cours des trois premiers mouvements, l'individu progresse de la respiration haute à la respiration intermédiaire puis basse. La phase finale est la respiration complète. Les quatre mouvements respiratoires sont appelés : la phase du Vent, la phase de la bouffée d'air, la phase d'air non équilibrée, et la phase sereine

1. La phase du Vent : ce type de respiration est aussi connu comme le « souffle haut » ou « respiration claviculaire ». Il s'agit du pire mouvement respiratoire qu'un individu peut effectuer, entraînant une grande dépense d'énergie pour un bienfait moindre. Quand l'individu respire de cette façon, il soulève ses côtes, ses clavicules, ses épaules et rentre son abdomen à l'intérieur en poussant sur le diaphragme qui, à son tour, se soulève. Dans la phase du Vent, l'individu se sert uniquement de la partie supérieure de sa poitrine et de ses Poumons, conduisant à un minimum d'air entrant dans les Poumons.

Au cours de la phase du Vent, le souffle est audible et peut distraire le pratiquant débutant. Le but de la concentration focalisée est de laisser l'énergie se rassembler et se concentrer. Si le but de la prescription sur la respiration est de se focaliser sur un Organe interne déficient ou sur une zone de tissus spécifique, par exemple, et que l'individu est déconcentré (comme en se laissant distraire par le bruit de son souffle), cela peut rompre la concentration mentale. Ce type de souffle a pour conséquence de disperser le Qi collecté au lieu de le rassembler.

2.       La phase de la bouffée d'air : ce type de respiration est aussi appelé le « souffle intermédiaire » ou « respiration intercostale », et remplit seulement la moitié supérieure des Poumons. Quand l'individu respire de cette façon, il soulève son diaphragme, rentrant son abdomen vers l'intérieur. Les côtes se soulèvent aussi, laissant la poitrine se gonfler.

Pendant la phase de la bouffée d'air, le souffle n'est pas audible, mais toute stagnation de l'air dans la gorge peut rompre la concentration mentale. En se focalisant par inadvertance sur l'air stagnant ou sur l'obstruction, on peut être pris d'une sensation d'obstruction physique et d'anxiété mentale, ce qui entraîne une plus grande stagnation du Qi dans la gorge (connue sous le nom de « Qi de la Fosse au Prunes »).

3.       La phase d'air non équilibrée : ce type de respiration, également appelé le « souffle bas » ou « respiration abdominale », remplit seulement les parties basses et intermédiaires des Poumons.

Au cours de cette phase, le souffle est silencieux, et on ne ressent aucune obstruction au niveau de la gorge. La respiration peut néanmoins être irrégulière ou non équilibrée, ce qui peut fatiguer la conscience mentale de l'individu. Si le mental est surmené (par exemple en essayant d'équilibrer les inspirations et les expirations), cela peut épuiser.

4. La phase sereine : ce type de souffle est aussi connu comme la « respiration complète », et elle remplit les parties basses, intermédiaires et hautes des Poumons. Quand l'individu respire de cette façon, il met en jeu tout l'appareil respiratoire du corps et obtient le maximum de bienfaits en dépensant un minimum d'énergie.

Au cours de la phase sereine, les individus peuvent parvenir à respirer de façon longue, naturelle, régulière et profonde sans émettre de son ni stagner, aboutissant à un état de parfaite quiétude et d'une paix de l'esprit reposante.

Les trois étapes de l'harmonisation de la respiration  
L'harmonisation de la respiration peut  s'obtenir en trois étapes que nous désignerons par :
-   Bu Xi / Bù Xī不吸  (souffle ignoré) ;
-   Sui Xi / Suí Xī随吸(souffle suivi) ;
-   Wang Xi / Wàng Xī忘吸(souffle oublié).
Bu Xi: Cela signifie littéralement «ne pas respirer», mais, en fait, il ne s'agit pas de ne pas respirer, mais simplement de ne pas contrôler sa respiration, c'est-à-dire de laisser libre cours à la respiration naturelle. Moins l'on contrôle sa respiration, plus celle-ci devient naturelle. 
L'idée première est de «protéger» le Champ de Cinabre {Dan Tian), car travailler ce Champ produit de la chaleur. L'appareil respiratoire étant constamment actif, il faut allonger peu à peu son haleine lors d'une expiration, puis inspirer calmement de sorte que, au bout d'un certain temps, la respiration puisse être comparée aux oscillations entretenues d'un pendule.
Sui Xi : Cela signifie «ne pas diriger consciemment sa respiration», c'est-à-dire ne pas en contrôler le rythme mais la laisser s'effectuer naturellement, sans contrainte. Il convient de négligemment suivre sa «trace» comme s'il s'agissait d'une habitude naturelle. Ce procédé doit alors nous mener tout naturellement vers la troisième étape, qui est celle de «l'oubli» de la respiration ou Wang Xi.
Wang Xi : Il faut finalement parvenir à respirer silencieusement et de façon continue par les narines, de façon que, avec la respiration légère qui se fait par les pores de tout le corps, cela puisse faire penser à la respiration d'un fœtus.

Réguler sans réguler
Un célèbre taoïste du nom de Li Ching-Yen dit : « Réguler sa respiration, c'est réguler sa vraie respiration jusqu'à ce qu'elle 'cesse. ». Cela veut dire que la régulation est correcte lorsqu'elle n'est plus nécessaire. La vraie régulation n'est  plus un processus conscient ; elle est devenue si naturelle qu'elle peut se faire sans effort conscient. En d'autres termes, vous devez commencer par réguler votre respiration de manière consciente, jusqu'au point où cette régulation se produit naturellement, sans que vous ayez besoin d'y penser. Si vous concentrez votre esprit sur la régulation de votre respiration, ce ne peut être une vraie régulation, car,  dans ce cas, le Qi stagne dans vos poumons. 

La régulation de la respiration permet de se relaxer et d'atteindre un état de tranquillité. Elle renforce la force vitale et régule la circulation du Qi et du sang, qui sera ensuite guidée par l'intention dans tout le corps. La respiration permet d'améliorer les métabolismes. C'est un outil précieux dans l'union du corps physique et du corps spirituel. C’est une des clés principales du maintien de la santé, près de 80% des pathologies sont dues  à un blocage du Qi.
Les Quatre caractéristiques de la respiration
Les quatre caractéristiques de la respiration sont les suivants Feng/ Fēng (vent), Chuan/ Chuǎn (respiration asthmatique), Qi / Qì  (air) et Xi / Xī  (croissance, respirer).
-    Feng  désigne le bruit de la respiration,
-  Chuan signale qu'il y a un blocage dans la respiration, même s'il n'en émane aucune bruit,
-  Qi indique que la respiration est lourde, même en l'absence de bruit ou de blocage. Ces trois respirations ne sont pas harmonieuses.
-  La quatrième, Xi, est une respiration régulière, douce, dégagée, silencieuse, légère et constante. Par la pratique du Xi, un pratiquant de Qi Gong est capable d'apaiser son mental et de maintenir sa conscience dans un état de paix, d'harmonie et de tranquillité. Dans les traditions chinoises chamaniques, des Mantras sont utilisé pour élever la respiration au niveau de Xi.

Relation de la fonction respiratoire avec l'activité physique et l'état psychique
Réguler la respiration se fait en apprenant à accorder le souffle et l'esprit de façon à ce qu'ils puissent mutuellement correspondre et coopérer. En respirant ainsi, l'esprit peut atteindre plus rapidement cet état de paix qui lui permet de se concentrer sur la mise en mouvement du Qi.  

L'art du Qi Gong a développé de nombreuses techniques respiratoires différentes, que ce soit dans le Wei Dan ou dans le Nei Dan Qi Gong. Certains exercices de Qi Gong nécessitent même une synchronisation des mouvements physiques avec la respiration.  

La respiration naturelle est parmi les méthodes fondamentales pour cultiver le Qi et renforcer le corps.  Une mauvaise respiration favorise la stagnation et la tension tandis que la respiration correcte crée la relaxation, l'harmonie et la vitalité et permet le stockage et la circulation harmonieuse du Qi dans le corps. (Les réseaux de circulation du Qi dans le corps sont les mêmes qu'en acupuncture. Le Qi Gong est basé sur les mêmes thèmes énergétiques du corps que la médecine chinoise).

La respiration libre, ample, profonde et abdominale permet, par un massage des organes internes, une meilleure oxygénation de tous les tissus et une meilleure assimilation des aliments. La respiration énergétique assure par le rythme régulier du diaphragme une ventilation normale qui libère le stress, les tensions de la région sternale et abdominale et permet d'évacuer les excès de chaleur. Les mouvements de Qi Gong atteignent leur efficacité par le fait que les personnes prennent le temps d'être à l'écoute des vibrations internes de leurs corps grâce notamment à la respiration abdominale (naturelle ou paradoxale) qui renforce l'énergie interne au Dan Tian, la Mer des Énergies qui se trouve à trois travers de doigts sous le nombril. Les inspir et expir sont profonds, lents, réguliers et silencieux avec parfois de courts instants de rétention du souffle. Cette respiration abdominale, favorise aussi une meilleure oxygénation de tous les tissus ainsi un massage des viscères. Par respiration abdominale, il faut comprendre que l'on gonfle légèrement le ventre en inspirant tout en poussant l'air des poumons vers le bas c'est-à-dire en descendant le diaphragme vers le bas ce qui opère un massage sur les organes internes tels que le foie, l'estomac , la rate, les intestins.

Une des attitudes mentales de base peut s'exercer sur le bruit de la respiration qui entre et qui sort au cours de l'inspiration et de l'expiration. Cette attention peut s'accompagner d'une sensation interne et comme enivrante des poumons qui se gonflent et se dégonflent. 

Pour fixer l'esprit sur une seule chose, l'adepte peut aussi visualiser sur le tableau noir de ses yeux fermés, les chiffres du décompte de son inspir et de son expir. Il inspire pendant qu'il compte de 1 à 10 ou plus; idem en expirant. L'attention à la respiration peut encore se porter sur la sensation du passage de l'air à travers les narines, à l'entrée et à la sortie. Cette technique se confond alors avec la technique birmane de la méditation Vipashana, pratiquée en position assise.  

La respiration peut aussi impliquer aussi une activité volontaire de la pensée. Le souffle est ainsi contrôlé, c’est-à-dire réglé dans ses diverses phases (inspir, expir et rétention). Dans le cas contraire, si cette respiration n’est pas volontaire, elle est dite « naturelle » et ne relève donc plus de la conscience. En pratiquant, soyez conscients de votre respiration.  De plus, il est important que la respiration soit naturelle et détendue, qu'elle ne soit pas forcée ou forcée. 

Lire aussi les articles suivants

   ( Les trois niveaux du souffle,  Produire et accumuler une abondance de Qi dans le Dan Tian inférieur (une respiration lente, douce et fine) , Guider le Qi (stratégie pour équilibrer le yin et le yang,  pour lutter contre le vieillissement, pour mieux gérer ses émotions[ Lien entre corps souffle et mental, Lien entre le corps le souffle et les émotions], pour amener le Qi jusqu'aux extrêmités et à la peau, pour lutter contre la maladie (Méthodes de tonification, purgation et régulation), Atteindre l'illumination

-   Anatomie du système respiratoire

   (mouvements respiratoires, , rôle des poumons dans le développement du Qi, respiration diaphragmatique et costale ,  volumes respiratoires , capacité respiratoire et composition de l'air, volumes respiratoires, Mouvements respiratoires normaux et anormaux) 

-   Les fonctions de la respiration 

-   Les effets de la respiration (Rejeter l'ancien pour attirer le neuf, Mouvements des méridiens en fonction de la respiration)

-   Pratique de la thérapie par la respiration

(les 4 principes directeurs pour aider la personne à obtenir le maximum de résultat dans la thérapie de la respiration, Quand intégrer le travail de la respiration dans ma pratique?, Comment parvenir à maintenir son esprit dans son abdomen?durée de la thérapie de la respiration, Méthodes de conscientisation de la respiration  , (méthodes pour compter les souffles, méthodes d'observation du souffle, méthode d'écoute du souffle), mudra de la respiration, techniques du Dao Yin du souffle  

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