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lundi 29 juin 2020

Préparation à la manipulation des aiguilles

Entraînement de la force des doigts et du coup de main :
Un grand entraînement est nécessaire pour obtenir un doigté et un coup de main  parfaits. Le praticien bien entraîné enfonce l'aiguille rapidement, grâce à quoi le malade ne sent rien ou presque au moment où l'aiguille perce la peau. Un coup de main délié et naturel aide le malade à bien accepter le traitement. Un praticien qui manque d’entraînement a du mal à contrôler l'aiguille qui pénètre plus lentement dans la peau
et occasionne ainsi une douleur inutile. Ses gestes manquent de coordination lorsqu'il fait tourner l'aiguille, l'enfonce et la tire, et le patient en ressent une impression désagréable et risque de développer un sentiment de crainte à l'endroit du traitement, ce qui influe sur son efficacité.

Positions du patient :
Une bonne position pour le patient est d'une grande importance, elle influe sur l'efficacité de la manipulation et l'exactitude de la localisation des points. Ceci est encore plus évident dans le cas d'un patient très faible ou gravement atteint. Un malade très faible ou très nerveux que l'on traite en position assise risque d'être victime du mal des aiguilles. Un patient placé dans une position incommode peut
bouger pendant que les aiguilles sont en place ou pendant leur manipulation, d'où un risque de torsion de l'aiguille ou de douleur locale. Le choix d'une position adéquate est donc essentiel en clinique. Il convient donc de garder à l'esprit les points suivants :

1) Le praticien doit pouvoir localiser correctement les points et manipuler facilement les aiguilles. Le corps et les membres du patient doivent être détendus, il doit pouvoir garder assez longtemps la position.

2) Il faut choisir une position permettant dans la mesure du possible de laisser à découvert les emplacements des points choisis.

3) Lorsque les besoins thérapeutiques ou les particularités de certains points exigent des positions particulières, elles doivent être choisies en fonction de l'état du patient et des caractéristiques de sa maladie. Si le malade souffre de difformités ou de douleurs intenses et ne dispose pas de toute sa mobilité, des positions particulières peuvent être choisies.

4) Le décubitus est la position la plus généralement adoptée pour les manipulations, elle permet d'éviter le mal des aiguilles chez les malades faibles, tendus ou  hypersensibles ou chez ceux qui viennent consulter pour la première fois.

5) Pour éviter que le malade ne bouge et que les aiguilles ne se tordent ou ne se cassent, il faut le placer dans une position agréable et naturelle pendant le temps où les aiguilles sont en place.
6) Pour éviter au patient de se refroidir dans une pièce dont la température est basse ou par temps froid, il faut réduire la surface de peau découverte ainsi que le temps d'application des aiguilles.
Position assise, dos appuyé au dossier d'une chaise : convient pour les points de la face, de la partie antérieure du cou et de la partie supérieure du thorax.

Position assise, en appui frontal : convient pour les points du sommet du crâne, de la nuque et du dos.

Décubitus latéral : convient pour les points de la face latérale du corps et particulièrement pour ceux du méridien Shao Yang.

Décubitus dorsal (éventuellement avec un coussin sous le creux poplité) : convient pour les points de la face antérieure du corps et particulièrement pour ceux des méridiens Ren Mai, Zu San Yin et Yang Ming.

Décubitus ventral : convient pour les points des régions dorso-lombaires et particulièrement pour ceux des méridiens Du Mai et Tai Yang.

En fonction des points que l'on désire atteindre, on peut également demander au patient placé dans une de ces positions de maintenir ses membres en extension ou en flexion. Par exemple :
Paume en l'air : points de la face palmaire du membre supérieur tels que les points des méridiens Shou San Yin.
Coude fléchi : points de la face dorsale du membre supérieur tels que les points des méridiens Shou San Yang.
Genou fléchi : points de l'articulation du genou et des faces internes et externes du membre inférieur.

Désinfection des mains du médecin
Le praticien doit, avant chaque acte médical, se laver les mains à l'eau savonneuse ou se les passer à l'alcool. 

Désinfection des zones à traiter :
Frotter les zones à piquer avec un coton imbibé d'alcool à 70° ou à 75°, l'idéal étant de frotter en rond de façon centrifuge, depuis l'emplacement du point vers la périphérie. On peut également badigeonner la peau avec une solution d'alcool iodé à 2,5 % et, une fois la peau sèche, ôter la teinture d'iode en frottant du centre vers la périphérie à l'aide d'un coton imbibé d'alcool à 70°. Quand la peau est désinfectée, veiller à éviter toute souillure. 

Attitude du médecin et du malade pendant le traitement: 
L'attitude du médecin conditionne l'ensemble du traitement. Il doit être de tout son cœur au service du patient. Le chapitre 54 «Zhen Jie» (explications sur les aiguilles) du Su Wen dit à ce propos : «La main doit être aussi ferme que celle de celui qui veut maîtriser un tigre. L'esprit ne doit pas s'éparpiller mais doit être tout entier au malade, il ne faut pas regarder à droite et à gauche». Et le Ling Shu insiste : «Dans la façon de tenir l'aiguille, c'est la fermeté qui a le plus de prix. Il faut que les doigts tiennent l'aiguille correctement, piquer droit sans faire aller l'aiguille à droite ou à gauche, l'esprit doit être à chaque détail et l'attention fixée sur le malade. Il faut surveiller les vaisseaux, c'est là la façon de piquer sans danger». Ces citations montrent bien que pendant le traitement, le médecin doit être appliqué, qu'il doit procéder prudemment et avoir l'esprit concentré sur sa manipulation. Il doit s'appliquer à ce que la force d'excitation soit exactement au niveau convenable et surveiller les réactions et la physionomie du malade ainsi que l'arrivée de l'énergie (De Qi).

 Le malade doit avoir entière confiance dans le traitement et garder un esprit combatif vis-à-vis de sa maladie. Ling Shu dit que le malade doit, au moment de la puncture : «concentrer ses esprits» et «tendre sa volonté vers l'aiguille». Le chapitre Wu Zang Sheng Cheng (Devenir et production des cinq organes) du Su Wen déclare de son côté : « Celui qui ne laisse pas soigner sa maladie ne pourra être guéri et les soins seront inefficaces». Ces citations montrent que le succès du traitement dépend étroitement de l'attitude du malade.

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