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lundi 10 juillet 2023

Zao Wang Ye / Zào Wáng Yé 灶王爷 dieu du foyer

 

Appelé aussi Zao Jun 灶君, 灶神 , Zào Shén le dieu chinois Zao Wang Ye 灶王爺est un dieu de la religion traditionnelle chinoise.

Les familles collent une image du dieu Zao Wang Ye (seul ou accompagné de sa femme), au-dessus du fourneau de la cuisine. Le Dieu du Foyer et sa femme ont leur image dans toutes les maisons ;

 

ce n’est pas une statue, mais un simple dessin grossièrement colorié où le dieu est figuré ordinairement comme un vieillard à barbe blanche, en costume de mandarin, assis sur un fauteuil ; à côté de lui, sa femme, debout, donne à manger aux six animaux domestiques : cheval, boeuf, porc, mouton, chien, poulet ; ou bien encore, elle est simplement assise auprès de lui, en costume de cérémonie, et les six animaux domestiques, quand on les représente, sont soit accroupis à ses pieds, soit disposés autour du groupe qu’elle forme avec son mari. Quelquefois, il ont à leurs côtés deux assistants, l’Adolescent Ramasseur de Bois et M. le Porteur d’Eau. Ce dessin, impression coloriée aux tons criards, est collé dans la niche qui lui sert de temple au-dessus du fourneau de la cuisine, petite construction faite de quelques briques avec un toit en imitation de tuiles vernissées (le tout haut d’un pied à peine et large d’autant), et ouverte face au sud, parce que, le Dieu du Foyer étant le chef des dieux familiers, celui qui gouverne la maison doit être placé comme l’empereur dans sa salle d’audience et, en général, comme tout maître de maison dans sa salle de réception. Toute l’année on place devant ce petit sanctuaire une tasse de vin vide avec une paire de baguettes à manger.

La personnification du dieu a pris des aspects variés selon les sources et les époques. Sous les Han, il a parfois été identifié à Yan Di, assimilé lui-même à Shen Nong, dieu de l’agriculture. Il existe plusieurs versions de sa vie, mais depuis les Ming, toutes s’accordent au moins sur son nom de famille : Zhang (张 / 張, zhāng) .

Rituel
Jadis, on préparait les « bonbons du foyer » pour que le génie du foyer rende compte de notre bonne entente à l'Empereur de Jade. Le « bonbon du foyer » est sucré et pateux, confectionné à base d'orge. Même lorsqu'il n'est pas très sucré, nos dents se collent quand on le déguste. On fait cela pour remercier le génie du foyer, ainsi que pour coller sa bouche afin qu'il ne dise pas du mal des autres. Evidemment, c'est un espoir intéressant et une pratique amusante.

le 1er et le 15 de chaque mois lunaire, vers six heures du matin, avant le premier déjeuner, le chef de famille brûle deux cierges rouges et quelques bâtonnets d’encens, mais sans présenter de riz ni de vin. L’offrande est d’ailleurs peu solennelle, car ce n’est après tout qu’un petit dieu : le père de famille se prosterne une fois, allume les cierges et les bâtonnets d’encens, le plus souvent sans faire aucune prière, puis il s’en va à ses affaires et ne revient que lorsqu’ils sont presque consumés ; il se prosterne alors de nouveau et attend à genoux qu’ils se soient éteints d’eux -mêmes ; il se relève alors, et, la cérémonie étant ainsi achevée, la famille prend le repas du matin.

C’est seulement trois fois par an qu’on lui offre un repas : 

  • le jour anniversaire de sa naissance, qui est le 3 du huitième mois,

  •  puis le 24 du douzième mois,  au départ de son voyage annuel au ciel.

En cette nuit, le dieu Zao Wang Ye part au ciel pour effectuer son rapport annuel à l’Auguste de Jade ou, comme on dit vulgairement, à Monsieur le Ciel (Lao Tian Ye)souverain des dieux, tandis que sa femme en fait autant auprès de la Sainte Dame Auguste de JadeYu Huàng Sheng Mu.


Rendre hommage à ce dieu, à la veille du Nouvel an chinois, constitue alors l'un des us et coutumes chinois qui se transmettent de génération en génération depuis plus de deux millénaires. Chaque année, une cérémonie d'adieu , songzao 送灶sòngzào au dieu du foyer est organisée le soir du 23 jour du douzième mois lunaire en guise de remerciement. Dans presque toutes les familles, c’est le 24 du douzième mois qui est la fête la plus importante, car c’est le jour de son départ.

Avant son départ, la famille lui donne des offrandes et lui brûle de l'encens. Les offrandes sont surtout constituées de mets sucrés à base de miel ou de fruits et ont pour but d'influencer le rapport que fera Zao Wang Ye auprès du dieu suprême (en chinois « bouche sucrée » signifie « enjôler, flatter »). Certaines personnes collent même des sucreries collantes (tangyan, riz glutineux) sur les lèvres de l'image. Ensuite, l'image est brûlée dans le fourneau afin d'aider le dieu à monter au ciel, avec la fumée.

Dans certaines localités en Chine, cette cérémonie est accompagnée de l'allumage des premiers pétards du Nouvel An.

Le soir de son départ annuel, le 24 du douzième mois, on offre au dieu un dîner complet de six plats ; de plus, il y a un gâteau spécial, boulette de farine de riz sans sucre remplie à l’intérieur de confiture de haricots rouges. Après son dîner, tout est préparé pour son voyage. On place devant sa niche un petit palanquin en papier, porté par deux statuettes d’homme également en papier ; le père de famille se prosterne, puis il décolle l’image du dieu et la dépose dans le palanquin ; après quoi il place le palanquin sur un plateau, qu’il emporte de la cuisine jusqu’au -dehors de la grande porte de la maison ; celle-ci est grande ouverte, et c’est par elle qu’il doit sortir pour faire honneur au dieu. Pendant tout le temps qu’il porte le dieu, il doit s’arranger pour qu’il ait toujours la tête tournée vers le sud, ce qui est souvent bien difficile et l’oblige, par moments, à marche r à reculons. Dès que le père de famille est sorti de la maison, on jette à terre devant lui quelques poignées de paille : il y place le palanquin toujours tourné vers le sud, ainsi que du papier argenté simulant des lingots d’argent, destiné à payer les dépenses du voyage au ciel.

Puis il dit :

« Dieu du Foyer, en montant au ciel, gardez pour vous nos fautes ! Si en vous servant nous avons été irrespectueux, soyez indulgent un peu ! »

Et il brûle le palanquin pendant que les enfants tirent des pétards, et ensuite il rentre à la maison. Le fourneau de la cuisine est alors éteint et doit le rester pendant l’absence du Dieu du Foyer, qui dure un mois ; pendant ce temps, on fait la cuisine sur de petits fourneaux portatifs, qu’on déplace chaque jour et qu’on éteint chaque soir. 

  • et le 20 du premier mois, au retour de son voyage annuel au ciel, quand il va à la Cour de l’Auguste de Jade rendre compte de tout ce qui s’est passé au cours de l’année dans la maison dont il a la charge; Ce jour-là, on achète une nouvelle image, et on prépare un repas pareil à celui du départ, car il rentre le soir juste pour le dîner ; on l’accueille avec des pétards, on place l’image neuve dans la chapelle, puis on allume les cierges et on présente les offrandes ; la famille les mange le lendemain.

Pendant l’absence du Dieu du Foyer, personne ne tient sa place, car sa femme monte avec lui et va rendre hommage à la femme de l’Auguste de Jade ; il n’y a personne pour inscrire les fautes commises pendant ce temps, ce qui est fort heureux, car, au moment des fêtes du Jour de l’An, bien des gens jouent et boivent plus que de raison ; mais, grâce à l’absence du dieu, les péchés commis à ce temps de l’année ne sont pas inscrits à leur compte. A côté de cet avantage, il y a des inconvénients, sinon au départ du Dieu du Foyer lui-même, au moins à celui des autres dieux. Car il n’est pas le seul à aller à la fin de l’année rendre hommage à Monsieur le Ciel : tous les dieux qui ont une charge officielle et sont des mandarins de la Cour Céleste ont le même devoir à la même époque, Dieu des Murailles et des Fossés, etc. Pendant cette absence générale des dieux, les mauvais esprits sont libres et se permettent tout. Les démons des maladies sont aussi lâchés ces jours-là. Dans sa jeunesse, et alors qu’il était encore étudiant, Guan Shi Ren, qui mourut ministre du Personnel en 1109, à l’âge de soixante -cinq ans, rencontra un matin du Jour de l’An une troupe de démons fort laids et d’aspect féroce qui passaient dans la rue devant la porte de la maison de sa famille. Il leur demanda qui ils étaient :

"Nous sommes les démons de la peste : au premier jour de l’année, nous répandons les maladies parmi les hommes.

— Entrerez-vous chez moi ?

— Non. Quand pendant trois générations successives une famille accumule la vertu, ou bien quand cette famille va s’élever, ou enfin quand ses membres ne mangent pas de viande de boeuf, une seule de ces trois causes suffit à nous empêcher d’entrer !"

Et soudain ils disparurent.

La croyance du Dieu du Foyer au ciel est ancienne : un auteur taoïste des confins du IIIe et du IVe siècle de notre ère, Ge Hong (né vers 250 et mort entre 328 et 331, à l’âge de quatre -vingt-un ans), cite des ouvrages plus anciens où il en est parlé, en ajoutant du reste que, «pour lui, il n’a pas été capable de vérifier si le fait est vrai ou faux  ; la seule différence avec les idées modernes est que, comme au temps où ces ouvrages furent composés, le culte des Dieux des Murailles et des Fossés ne s’était pas encore constitué, il n’y avait aucun intermédiaire entre le Dieu du Foyer et le Ciel, en sorte que c’est chaque mois qu’il montait au ciel, et non plus seulement à la fin de l’année comme aujourd’hui :« Dans la nuit du dernier jour de chaque mois, le Dieu du Foyer monte au ciel présenter son rapport sur les fautes des hommes. »

Enfin, durant la soirée du réveillon du Nouvel An, le Dieu Zao Wang Ye est de retour. Pour cette occasion, une cérémonie d'accueil est réalisée et la famille colle une nouvelle image au-dessous de son fourneau.

Pour la famille, le déroulement de la nouvelle année qui s'annonce dépend du contenu du rapport effectué par le dieu du foyer. En effet, des récompenses sont octroyées pour les bonnes actions et des punitions sont attribuées pour les mauvaises. D'après un récit du temps des Jin, les mauvaises actions seront sanctionnées par des retraits de jours de vie. De ce fait, on retire trois jours de vie à celui qui aurait commis une petite faute et trois cent jours de vie à celui qui en aurait commis une grande.

Fonction

Sa principale tâche est d'examiner le comportement de chaque membre de la famille et d'en faire un rapport auprès du dieu suprême (l'Empereur de Jade). 

Déjà dans le Liji, « Livre des rites » datant de la période des Royaumes combattants (-475 — -261), le culte du fourneau est mentionné parmi les sept que doit rendre le roi, et les deux rendus par le peuple, avec celui de la porte. Il est décrit comme très frugal et sans pompe (un « rite de vieille femme »), mais absolument indispensable pour garantir la sécurité alimentaire. Peu avant les Han, le rôle du dieu s'est élargi au contrôle général de la destinée familiale, et sous les Jin, la tradition du rapport annuel fait au Ciel était établie.

Le Dieu du Foyer et sa femme tiennent chacun un registre où ils inscrivent toutes les actions de la famille, lui s’occupant des hommes et elle des femmes : tout ce qui se fait de bien et ce qui se fait de mal doit y être noté impartialement.Chaque mois, le dernier jour, il prend ses registres et va rendre compte au Dieu des Murailles et des Fossés .

Il est en effet un fonctionnaire de la Cour Céleste qui lui donne le titre d’Intendant Familial, et, comme tout fonctionnaire, il doit aller rendre hommage au souverain chaque année ; l’Auguste de Jade prend connaissance de son rapport et, suivant qu’il constate la prédominance du bien ou du mal, il augmente ou diminue la part de bonheur de la famille pour l’année suivante.


La légende du dieu des fourneaux

Il était une fois un homme très riche qui s'appelait Zhang Sheng. Sa femme Ding Xiang avait les traits réguliers et un bon caractère. Au début, les jeunes époux s'adoraient, et la vie était belle.

Mais un jour, Zhang Sheng s'en alla faire des affaires loin de chez lui, et donc loin de sa femme. C'est ainsi qu'il s'éprit d'une autre belle fille, Hai Tang. Celle-ci pressa notre riche homme d'affaire, tant et si bien que quelques jours plus tard ils se marièrent dans la maison principale de Zhang Sheng. Hai Tang jalousa très vite Ding Xiang, la première femme de Zhang Sheng, car cette dernière était bien plus belle qu'elle. Aussi, Hai Tang poussa Ding Xiang à divorcer de Zhang Sheng, puis à quitter la maison.

Désormais, Zhang Sheng et Hai Tang mangèrent, burent et s'amusèrent toujours ensemble. Et en moins de deux ans, leur fortune se rétrécit comme une peau de chagrin. Hai Tang laissa donc son mari pour se marier avec un autre homme, encore riche... Notre pauvre Zhang Sheng, ne sut plus que faire, et partit vagabonder dans les rues.

Un jour où les flocons de neige tourbillonnaient, il eut si faim et si froid qu'il tomba à terre, sans connaissance, devant la porte d'une somptueuse maison. La servante l'ayant trouvé à demi-mort, le porta tant bien que mal jusque dans la cuisine, après en avoir demandé l'autorisation à la maîtresse de maison. Après un moment, celle-ci rendit visite au pauvre malheureux, et oh stupeur ! Zhang Sheng eut le sang glacé de reconnaître sa première femme, Ding Xiang, abandonnée par lui deux ans avant. En la revoyant il éprouva une telle honte, qu'il ne sut plus où se cacher. A ce moment-là, il désira plus que tout se trouver un trou dans lequel il aurait pu se terrer, mais en vain. Quand tout à coup, il eut une inspiration soudaine, un plan ingénieux lui vint à l'esprit : entrer dans le fourneau. Lorsque Ding Xiang revint à la cuisine, elle n'y trouva personne, et un étrange sentiment lui parcourut l'échine. C'est alors qu'elle posa les yeux sur un objet qui bloquait la porte du fourneau. Elle le retira. Et vit dans une indescriptible torpeur que Zhang Sheng, son ex-mari, était mort, brûlé vif. Cette belle femme fut dévorée par le chagrin ainsi que par la colère, et mourut finalement, ensevelie sous une immense et incommensurable tristesse. Quand il eut vent de cette affaire, l'Empereur de Jade estima que Zhang Sheng avait eu le courage de reconnaître ses erreurs, et lui conféra le titre de « génie du foyer ». Ensuite, il considéra l'amour sans limite de Ding Xiang, et l'intronisa «femme du génie du foyer». Dès lors, les statuts de ce couple hors du commun resteraient à jamais au coeur de nos chaumières, dans nos cuisines.


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