Au cours de la dynastie des Shang (1700-1100 av. J.-C), il existait
un «mythe des dix soleils » et la
classe dirigeante des Shang était
organisée en relation à ces dix soleils. Ce mythe était spécifique aux Shang. A
l'époque où les Zhou, qui ne croyaient qu'en un seul soleil, conquirent les
Shang, le mythe perdit son sens initial mais il fut transformé et continua
d'exister sous d'autres contextes. Au niveau populaire, on continuait de croire
en l'existence des dix soleils qui se levaient chaque jour de la semaine de dix
jours, l'un après l'autre chacun porté par l'une des branches du Mûrier dans
les régions extérieures.
Le mythe des dix
soleils est raconté par le Huainanzi.
un texte syncrétique compilé à la court de Liu
An. prince de Huainan (région au
Sud de la rivière Huai) et présenté à l'empereur des Han, Wu Di. en 139 av.
J.-C. et par le Shanhaji. un corpus
de géographies mythologiques.
« Au-delà de la vallée Tang se tient le Fu Sang (le
Mûrier). Neuf soleils pendent à ses branches inférieures, un soleil, sur sa
branche supérieure.
Quand vint le temps de Yao (le souverain), les dix soleils sortirent ensemble, grillant les semences et tuant les herbes, ainsi les gens n'avaient plus de quoi se nourrir. » On raconte alors que Yao s'adressa au ciel et demanda qu'on lui envoie de l'aide. L'archer Yi fut envoyé par le ciel et il décocha neuf flèches qui atteignirent neuf soleils. Quand il allait viser le dixième soleil on l'arrêta, voila pourquoi il ne reste plus aujourd'hui qu'un seul soleil.
Quand vint le temps de Yao (le souverain), les dix soleils sortirent ensemble, grillant les semences et tuant les herbes, ainsi les gens n'avaient plus de quoi se nourrir. » On raconte alors que Yao s'adressa au ciel et demanda qu'on lui envoie de l'aide. L'archer Yi fut envoyé par le ciel et il décocha neuf flèches qui atteignirent neuf soleils. Quand il allait viser le dixième soleil on l'arrêta, voila pourquoi il ne reste plus aujourd'hui qu'un seul soleil.
Il se trouve qu'à l'époque des Shang (1700-1100 av. J.-C), la
mythologie incluait une forme de dualisme antérieure à la plus récente théorie
du Yin et du Yang et selon laquelle, les couples d'opposés/complémentaires
étaient les suivants : Soleils/Lunes - ciel/monde sous-marin - oiseaux/dragons
- est/ouest - vie/mort - Seigneur d'En Haut/Seigneur d'En Bas.
Le soleil et la lune étaient associés à la lumière du jour
et de la nuit qui s'engendraient l'une l'autre. La légende raconte que chacun
des dix soleils contenait en son centre un corbeau noir et qu'après que
l'archer céleste Yi ait descendu les neufs soleils, les neufs corbeaux qui
résidaient en leurs centres respectifs s'étaient réfugiés dans le dernier
soleil restant. Cet aspect anodin de la légende possède au moins deux
significations d'un très grand intérêt. D'une part, il illustre la
complémentarité qui sera celle du principe d'alternance Yin-Yang, car le
soleil, emblème du jour et de la lumière, contient en lui-même un point noir, représenté
par le corbeau noir. La légende raconte d'ailleurs que de manière équivalente,
la lune contient de son côté un lapin blanc en son centre. Ainsi la Grande
Lumière, le Grand Yang, le Tai Yang.
le soleil, contient en lui le germe des Ténèbres, du Yin. de la lime, symbolisé par le corbeau noir, de la même manière
que la lune contient un lapin blanc, symbole du germe de Yang qui naît de
l'extrême Yin. L'autre intérêt de cet aspect du mythe est qu'il reflète
l'attention particulière avec laquelle les Chinois ont observé le ciel, car le
soleil contient en effet des tâches noires. Ces tâches noires sont difficiles à
observer à l'œil nu mais on peut parfois les voir et plus particulièrement aux
périodes de maximum d'activité magnétique du soleil, ce qui se produit tous les
onze ans. La dernière s'est produite en 2011. Le soleil possède un champ
magnétique avec un pôle nord et un pôle sud, comme les boussoles qui furent
d'ailleurs inventées par les Chinois. Ce champ magnétique se renverse tous les
onze ans pour finir par revenir à sa position au bout d'une période de
vingt-deux ans. On peut s'imaginer le champ magnétique du soleil comme un ensemble
de lignes invisibles avec lesquelles s'alignerait une boussole si elle était
située sur l'une de ces lignes qui encerclent le soleil. Il existe des régions
du soleil où ces lignes sont plus concentrées qu'ailleurs, où l'activité
magnétique du soleil est maximale. La matière serait piégée dans ces régions
qui nous apparaissent comme des tâches noires à la surface du soleil. Les
Chinois ont donc intégré une donnée observable dans leur mythologie, ce qui
montre l'importance d'intégrer le ciel dans sa propre réalité dans la
description du inonde. A partir de 28 av. J.-C, ou retrouvé les traces de
relevés systématiques de l'activité solaire à travers l'observation des tâches
solaires.
Le premier principe à l'origine des transformations du
inonde est parfaitement illustré le mythe de l'arbre aux 10 soleils. Lorsque le
Yang est à son maximum. commence à germer le Yin. Ainsi là où le soleil devrait
être encore plus lumineux, il devient noir sous la forme de tâches. On retrouve
la notion de point noir dans la goutte blanche qui symbolise le Yin qui
apparaît dans le Tai Yang (cf Figure ci-dessus). Ces deux notions sont appelées Yin
et Yang depuis l'époque des Royaumes
Combattants, mais elles existaient bien avant sous les formes décrites
ci-dessus pour la dynastie des Shang.
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