dimanche 4 août 2024

Da Peng Niao / Dà Péng Niǎo大鹏鸟 l'oiseau mythique

Dans la mythologie chinoise, « Peng » () ou « Da Peng » (大鵬)  est un oiseau géant, transformation d'un poisson immense appelé « Kun » ().


Étymologie et terminologie
    grand / massif
Péng le plus grand oiseau de la légende chinoise
Niǎo   oiseau

Les sinogrammes Peng et Kun impliquent un Jeu de mots phonétiques.

  • Peng combine le caractère « oiseau » avec un autre Peng (ami )   phonétique. Peng () était anciennement une variante du caractères chinois de feng () dans fenghuang (鳳凰 phénix chinois) (ca. 100 Shuowen Jiezi)  et "Zi Lin"; En termes d'étymologie, on peut supposer que Dapeng et Phoenix sont issus du même oiseau totem des ancêtres, et se sont progressivement différenciés et ont pris des caractéristiques différentes.

Dans la mythologie comparée, des créatures géantes équivalentes à« Peng », qui incluent « Dapeng » (大鵬, avec « gros ») et Dapengniao (大鵬鳥, avec « oiseau »), sont «Rokh »( (oiseau légendaire arabe/perse) et « Garuda » ((aigle géant des mythes hindous), tandis que le Kun rappelle le Léviathan (monstre marin évoqué dans la bible). Dapeng se réfère aussi à des toponymes de Shenzhen et Guangdong. 

.Les Chinois ont également été les premier à utiliser le mot « Peng » comme un adjectif. On en retrouve des traces sous la « dynastie Ming » (明朝), notamment en 1400 lorsque « l’Empereur HongWu » (洪武帝) qualifie l’ampleur de son armée.

  • Kun combine le radical du poisson () avec un kun () « descendance ; insectes ») phonendance «Kun () signifiait à l'origine « poisson, rogue, alevin, frayère » (200 ans avant notre ère).

Littérature
Dans la littérature chinoise, le classique taoïste Zhuangzi (莊子IVe siècle av. J.-C.),est la plus ancienne source relative au mythe du Peng et de Kun. Le premier chapitre (逍遙遊 pinyin Xiao Yao You escapade) commence avec trois versions de cette parabole.

Le premier paragraphe contient une citation du Qixie (齊諧 « harmonie universelle », probablement inventé par Zhuangzi), et une citation du Tang zhi wen Ji (湯之問棘 « Questions de Tang à Ji », comparant dans une parabole l’oiseau géant Peng avec une petite cigale  tiao (), une tourterelle jiu() ou une yan caille (). cf. Liezi chapitre 5, Tang wen 湯問). 

La métamorphose de l’oiseau-poisson est décrite comme suit :

Il est dans les brumes de l’océan Septentrional un immense poisson géant, long de je ne sais combien de milliers de lieues, nommé Kun/ kūn鯤 . Le Kun se métamorphose en un oiseau appelé Peng, dont le dos mesure des milliers et des milliers de lieues. 

Da Peng était un énorme oiseau dont les ailes colorées obscurcissaient le ciel, soulevaient de grosses vagues énormes, qui peuvaient vider d'un battement d'ailes , les eaux de la mer pour en asperger les dragons, ébranler les montagnes d'un autre battement, et qui lorsque la marée monte, prenait leur envol,  déployant des ailes plus vastes que les nuages, pour migrer jusqu’aux confins de l’océan Méridional. On dit que son dos ressemble à de grandes montagnes. Il pouvait voler six mois sans se reposer sur trois mille li pour atteindre le lac céleste. 

Le « Shui Jing Zhu » citait le « Shen Yi Jing  (神異經) par Dongfang Shuo (- 154 – 93 ) » et ajoutait : «Il existe un oiseau rare, vert et rouge, qui ne chante ni ne mange. Rien que la petite zone sans plumes sur son dos mesure dix-neuf mille milles de large, ce qui montre à quel point il est immense". 

L'interprétation standard du Peng chez la plupart des chercheurs chinois est la « théorie de l'égalité » de Guo Xiang (vers 312), qui a rédigé et annoté le texte de Zhuangzi

Cette histoire  est une métaphore. Le Kun représente notre esprit/âme dans son état initial. C’est un énorme poisson qui nage dans la Mer Septentrionale où il fait froid et sombre. L'esprit âme atteint sa maturité et Peng peut s'envoler vers la mer du Sud, la chaleur, la lumière. Commence un voyage vers ce qui pourrait être développement spirituel, réalisation personnelle…

Les poètes ultérieurs considéraient Dapeng comme un symbole d'aspirations élevées et d'esprit audacieux .

Certains érudits chinois ont donné des interprétations contradictoires.

·       Le moine bouddhiste Zhi Dun (314-366) associe le vol du Peng à la plus grande satisfaction atteinte par la zhiren (至人 « personne parfaite ; sage ; saint », cf. zhenren)4.

·       Le maître bouddhiste chan Hanshan Deqing (憨山德清, 1546-1623) déclare, en outre, que le Peng est l'image du sage taoïste, et suggère que le vol de cet oiseau ne soit pas la conséquence de l'accumulation de vent, mais de la profondeur de (la vertu, la puissance).

·    Le poème en prose fu de Li BaiDapengniao fu (大鵬鳥賦) personnalise le Peng en un symbole de l'assurance de Li Bai lui-même. Pour s’élancer dans les cieux, le Peng de Zhuangzi doit prendre appui sur le mouvement de l’océan ou sur le soulèvement d’une tornade, son allure, quoi qu’impétueuse, ne lui permet pas un envol libre de toute dépendance, « si les couches d’air superposées n’étaient pas assez denses, elles n’auraient pas la force de porter des ailes aussi immenses que celles de l’oiseau P’eng ».

   Par conséquent, le Peng n’évoque pas l’idéal taoïste le plus élevé pour Zhuangzi. Tandis que dans la rhapsodie de Li Bai, l’oiseau géant incarne une liberté suprême ― « vers le haut il effleura les cieux sans limites, vers le bas il couvrit la terre sans bornes » ― mais aussi, s’élevant au-dessus des préoccupations ordinaires, la créature mythique est le symbole d’une volonté d’aller au-delà, d’élargir son esprit et d’accomplir son être

   Symbole de la liberté et de la largeur d’esprit, le Peng suggère l’insoumission, mais aussi l’affranchissement des limites, et ce à travers une mise en parallèle du Peng avec d’autres animaux légendaires, à travers ses explorations infinies dans les cieux, et son attitude désinvolte vis-à-vis des dieux et des immortels, lesquels sont habituellement considérés comme les détendeurs du pouvoir du monde céleste   

 La plupart des érudits chinois et occidentaux rejettent la théorie de l'égalité de Guo. 

Lian conclut que le Peng est « Un exemple inspirant de la montée en flèche vers le haut pour aller au-delà, l'image est utilisée pour élargir les perspectives des petits esprits ; sa fonction est donc plus thérapeutique que d'enseignement »

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