Le Qi possède différentes caractéristiques dont l’une des plus
fondamentales est le mouvement. Selon les anciens, le Qi
est en activité et en mouvement constants.
Le Qi Gong favorise la circulation de l’énergie dans notre corps pour équilibrer les deux aspects du Yin et du Yang :
a.
Utilisation des 4 grands mouvements de l’énergie (qi) dans le Qi
Gong
Direction des mouvements
du Qi
La
montée (Sheng) :
b.
Utilisation
de la connaissance des méridiens dans le Qi Gong
Le Qi Gong favorise la circulation de l’énergie dans notre corps pour équilibrer les deux aspects du Yin et du Yang :
-
l’énergie
Yang, qui monte et qui va de l’intérieur vers l’extérieur, qui met en mouvement
et réchauffe.
-
l’énergie
yin qui descend et qui va de l’extérieur vers l’intérieur, qui nourrit.
Comme le souligne Zhang Jie Bin[i]
dans le Jing Yue Quan Shu (Œuvre complète de Jing Yue), la montée est due au
Yang Qi alors que la descente est due au Yin Qi : « Le Yang gouverne le
mouvement, le Yin gouverne le repos, le Yang gouverne la montée, le Yin
gouverne la descente [ii]. »
On ramène les mouvements énergétiques issus de la confrontation entre le
yin et le yang à deux couples fondamentaux qui sont à la base de la physiologie
de l’organisme : la montée/descente et l’entrée/sortie.
Dès
l’origine de la médecine chinoise le Huang Di Nei Jing (黄帝内经) Su Wen (chap. 68) a souligné l’importance
capitale de ces quatre dynamismes sans lesquels il ne pourrait pas y avoir de
vie : « Sans sortie et entrée, alors il n’y a pas de naissance, de
développement, de vigueur, de vieillesse ou de fin ; sans montée et descente,
alors il n’y a pas de naissance, de développement, de transformation, de
récolte et de mise en réserve. ». « Pas d’être (vivant) sans la montée, la
descente, la sortie et l’entrée », Huang Di Nei
Jing Su Wen, (chapitre 68).
Pour évoquer les différents
mouvements du Qi et leurs rôles au niveau de la physiologie nous parlons aussi
de « mécanisme » du Qi (Qi Ji) et
c’est ce que nous allons développer ici.
a.
Utilisation des 4 grands mouvements de l’énergie (qi) dans le Qi
Gong
La plupart des méthodes du Qi
Gong utilisent ces 4 grands mouvements de l’énergie: monter, descendre, entrer,
sortir.
Sur le plan général, ces 4 grands mouvements de base vont régulariser
tout notre fonctionnement énergétique, équilibrant le haut et le bas,
l’intérieur et la périphérie du corps. Ils vont également aider nos principaux
organes, rattachés aux méridiens qui portent leurs noms, à mieux fonctionner en
les aidant à éliminer les toxines et les stagnations et en y amenant l’énergie
dont ils ont besoin.
Direction des mouvements
du Qi
La
montée (Sheng) :
Est un mouvement vertical du bas vers le haut. L’énergie yin monte en nourrissant le corps Lorsque la
posture de montée est combinée à l’inspiration, elle élève le Qi.
Habituellement le mouvement ascendant, y compris les exercices statiques dans
les postures hautes, n’est pas associé à la concentration du mental sur la
partie supérieure du tronc pour ne pas faire monter exagérément le Qi, ni
entraîner de résultats contraires. La même chose est vraie des postures
d’ouverture et de fermeture.
Les
mouvements pour faire monter l’énergie vont suivre les trajets des
méridiens Yin des pieds, situés sur les faces interne et antérieure des
membres inférieurs et du tronc, méridiens des reins, du foie et
de la rate. Ces mouvements vont ainsi favoriser le rôle nourricier de
l’énergie pour l’ensemble du corps, apaiser
les tensions et favoriser un bon sommeil.
La descente (Jiang)
Est
un mouvement vertical du haut vers le bas. Les
postures descendantes associée
à l’expiration conduisent
le Qi vers le bas. L’énergie yang descend en réchauffant et en animant.
Les mouvements descendants vont également favoriser l’équilibre du Yin et
du Yang dans l’ensemble du corps. . Si l’esprit est concentré sur la partie inférieure du
tronc ou si l’esprit guide le Qi, la descente du Qi est plus puissante.
Les
mouvements qui font descendre le Yang vers le bas vont utiliser le sens
des méridiens Yang des pieds, situés principalement sur les faces
postérieures et latérales du corps, comme les méridiens de la vessie, de
la vésicule biliaire et de l’estomac.
Le
mouvement de descente du Yang permet de détendre le haut du corps, souvent siège
de tensions dans la région du cou et des épaules, et de renforcer les membres
inférieurs et la stabilité sur les jambes en y amenant de l’énergie.
S’il y a un excès de
la montée de Qi par rapport à la descente, on aura des toux, hoquets,
vomissements.
S’il y a un excès de
la descente par rapport à la montée, on aura des diarrhées, ptoses, et
prolapsus.
Si dans l’exercice, la posture et le
mouvement du Qi sont tantôt à l’unisson, tantôt opèrent dans des directions
opposées, ils se renforcent mutuellement tout en se restreignant simultanément
l’un l’autre.
La posture de montée
est parfois combinée avec l’expiration pour conduire le Qi vers le bas
et éviter qu’il ne monte trop haut. Pour restreindre l’ascension du Qi, le
mental est souvent centré sur les parties centrale ou inférieure du tronc. Par exemple, lorsqu’on monte les bras, le Qi
s’élève ; si le tronc monte aussi, le pouvoir ascensionnel du Qi s’accroît en
un processus de renforcement mutuel. Mais si on lève les bras, tout en baissant
simultanément le tronc par abaissement des fesses et fléchissement des genoux, le mouvement de montée contient
un mouvement restrictif de descente. On évite ainsi un mouvement d’ascension du
Qi sans restriction ;
Inversement si le mouvement descendant est
restreint par un mouvement ascensionnel, le Qi ne descendra pas au dessous de
la limite voulue, implémentant ainsi une restriction mutuelle. De ce fait les
mouvements de montée et de descente dépendent l’un et l’autre du mouvement
opposée pour se restreindre mutuellement, tout comme c’est aussi vrai des
mouvements d’ouverture et de fermeture.
Le mouvement du Qi
comprend aussi l’ouverture et la fermeture.
La sortie (Chu)
Est un mouvement de l’intérieur
du corps vers l’extérieur du corps. Les énergies usées sont évacuées et
purifient le corps.
Le mouvement d’ouverture produit une
expansion de l’intérieur vers l’extérieur tout comme il caractérise aussi
toutes les postures dynamiques. Les postures statiques sont habituellement
basées sur un pas large, pieds écartés. Les postures d’ouverture conduisent le
Qi vers l’extérieur.
Les
mouvements pour faire sortir l’énergie vont principalement utiliser les trajets
des méridiens Yin des mains, les méridiens du poumon, du maître du cœur et du
cœur.
L’entrée (Ru):
Est un mouvement de l’extérieur
du corps vers l’intérieur du corps. L’énergie entre dans le corps pour le
nourrir et l’informer.
Les
mouvements pour faire entrer l’énergie vers l’intérieur vont utiliser
principalement les trajets des méridiens yang des mains, les méridiens de
l’intestin grêle, du triple réchauffeur et du gros intestin, également situés
sur les faces externes et postérieures des bras.
Ces
mouvements permettent de capter l’énergie extérieure et de l’amener à
l’intérieur du corps et favoriser ainsi l’apport d’énergie nouvelle dans le
corps. Le mouvement de retrait
et les postures statiques fermantes assumant une position plus haute. De telles
postures peuvent concentrer le Qi.
Si
la sortie du Qi est excessive dans les articulations, l’articulation est rigide
et douloureuse et les mouvements d’extension sont difficiles. Si l’entrée du Qi
est excessive, l’articulation est faible et sensible et les mouvements
d’adduction sont difficiles (Maciocia, p. 87)
Une entrée excessive du
Qi entrainera des blocages et stagnation du Qi avec ou sans douleurs aux
hypocondres. Une entrée excessive du Qi dans les tissus peut engendrer une
accumulation de graisse et d’obésité, des ballonnements, des rétentions d’eau
et une sortie excessive du Qi peut provoquer une perte de poids.
Si la sortie du Qi est
excessive, la stagnation de Qi dans les "membranes" va entrainer une distension
et une douleur abdominale ; si l’entrée du Qi est excessive, on peut avoir
un vide et éventuellement un effondrement du qi, qui va provoquer un relâchement
des membranes. Si le Qi sort de façon excessive, on a des transpirations
nocturnes, des hémorragies ; si le Qi rentre dans l’os de façon excessive,
on a tendance aux Stases de sang.
Comme l’ouverture (sortie) disperse le Qi et que la fermeture (entrée)
l’accumule et le stocke, trop d’ouverture peut entraîner le manque et trop de
fermeture peut solidifier le Qi et l’empêcher de circuler. L’ouverture ne
signifie pas pousser de force le Qi au dehors par la concentration mentale mais
le laisser s’écouler de lui-même là où le Qi interne est en plénitude. Il
s’ensuit que ramener le Qi à son origine est souvent considéré comme la base
de la pratique du Qi Gong.
Au chapitre 68 des « questions
simples », il est dit « ce qui descend est en relation avec le
ciel ; ce qui monte est en relation avec la terre. Le Qi du ciel descend
et inonde la terre ; le Qi de la rate monte et rejoint le ciel »
Le
poumon contrôle les mouvements vers le bas, le rein les mouvements vers le
haut.
De
la même manière l’entrée est associée au Yin Qi et la sortie au Yang Qi. Un
excès de yang va impliquer une montée excessive du Qi (ex : une montée
yang du foie), tandis qu’un excès de yin va impliquer une descente excessive du
Qi (effondrement du Qi de la rate).
Les problèmes surviennent lorsque la circulation du Qi est bloqué, ou
lorsque le Qi circule en sens inverse du sens (prioritaire) dans lequel il
devrait circuler et lorsque les montées-descentes et les entrées-sorties sont
déséquilibrées (Maciocia,
p. 62)
Zhou Xue Hai dans
ses notes sur la lecture des livres de médecine écrit « les facultés de
voir d’entendre, de sentir, de goûter et de penser dépendent toutes d’une
montée-descente et d’une entrée –sortie correctes du Qi ; si le Qi est bloqué,
ces facultés ne sont pas normales »
(Maciocia,
p. 82)
Tous les mouvements
de flexion, de repli, de tassement des membres et du tronc ont pour effet de
faire entrer l’énergie dans le corps. Les mouvements d’extension, d’ouverture
et d’épanouissement ont pour objet de faire sortir l’énergie du corps. L’adepte
du Qi Gong prend une conscience de plus en plus grande de ses
articulations ; Les mouvements rendent le corps plus alerte et plus
tonique.
Il suffit parfois pour guérir le corps de pratiquer des étirement en levant les bras à l'inspir et les baissant à l'expir, lentement, puis plus rapidement.
La plupart des
exercices de Qi qong taoïstes n’insistent pas démesurément sur les étirements ou les flexions. Le corps se meut
dans ses possibilités naturelles, à peine exagérée. C’est la respiration et
la concentration qui font le reste pour libérer l’énergie et déverrouiller les
articulations.
Le
Qi Gong a des effets anti-vieillissants et prolongateurs de vie. Autrefois on
pensait que le Qi Gong était une technique de guérison et de longévité. Selon
les sources historiques, Hua Tuo, fameux médecin de la période des trois
royaumes (220-280) inventa l'exercice des ébats des cinq animaux (Wuqinxi) et
les pratiqua longtemps. Il paraissait encore jeune alors qu'il était âgé de
cent ans.
HUA T0, qui
a mis au point la méthode des 5
animaux, disait :
« le corps humain a un désir naturel de travailler, d’avoir une
activité ; cependant on ne doit pas le pousser à bout ; Avec un
certain degré de travail, l’énergie gagnée par la nourriture ingérée peut être
distribuée efficacement ; Quand le sang circule librement dans les
méridiens, la maladie ne peut pas se fixer. Ainsi le corps est comme une
porte montée sur ses gonds, qui lorsqu’elle est utilisée régulièrement ne
rouille jamais ». autrement dit, le travail régulier est
bienfaisant et il empêche de vieillir C’est pourquoi le Qi Gong convient si
bien aux personnes âgées.
Cet effet
antivieillissement est vérifié par les personnes âgées qui ont pratiqué le Qi
Gong sur le long terme. De nombreux octogénaires et personnes de plus de 90
ans, qui pratiquent régulièrement le Qi Gong, sont vifs, dotés d'une pression
sanguine normale, d'une bonne vue, de voix claires, de dents saines; elles
dorment bien, marchent d'un pas ferme, endurent la chaleur et souffre rarement
de maladies. Ils diffèrent grandement de ceux qui font peu d'exercice. Le Qi
Gong apporte beaucoup à la gériatrie.
Dans l'antiquité le Qi Gong était considéré comme la clé de
l'immortalité. Ceci cependant est impossible, car le vieillissement est une loi naturelle. Entreprendre la pratique du
Qi Gong n'a pas pour but l'obtention de l'immortalité en fermant les yeux et en
passant ainsi le temps, mais de gagner une vigueur physique permettant d'éviter
le vieillissement prématuré de sorte qu'on reste alerte et solide et que l'on
apporte ainsi plus longtemps sa contribution à l'humanité.
b.
Utilisation
de la connaissance des méridiens dans le Qi Gong
Pour bien pratiquer
le Qi Gong, il faut comprendre la médecine chinoise et la théorie des
méridiens. Les méridiens propagent le Qi
dans tout le corps : Le Qi jaillit de la mer de Qi (Qi Hai) et se
disperse dans tout le corps à travers les méridiens où il circule en boucle.
Tant que la circulation du Qi dans les
méridiens ne rencontre aucun obstacle,
l’adepte du Qi Gong reste en bonne santé
Le Qi Gong est basé sur les mêmes principes
que l’acupuncture. Les effets
énergétiques du Qi Gong sont donc comparables à une auto-acupuncture de régulation générale de l’énergie dans tout le
corps, puisque le Qi Gong est basé sur
l’énergie vitale (qi) et sur les mêmes principes que l’acupuncture (Le Qi Gong,
comme l’acupuncture cherche à régulariser l’énergie dans le corps, à commencer
par les méridiens), on comprend mieux les résultats du gi gong sur la santé et
la récupération de maladies chroniques ou aiguës, et par suite ses effets sur
le ralentissement du vieillissement.
Du
fait de la connaissance du trajet des méridiens, on saura que telle position
étire le méridien de la Vessie et rétracte le méridien du rein, couple de
méridiens couplés à l’élément eau. Ainsi par les mouvements des bras et majeurs
et index tendus dans le tir à l’arc, on
va étirer les méridiens du gros intestin et maitre du cœur. Donc faire un exercice en connaissance
de cause impliquera tout un choix pour
réussir certaines positions dans un but spécifique pour se soigner ou améliorer
sa santé.
Par la concentration, on peut ressentir la
circulation de l’énergie dans le méridien et la maitriser.
A lire l'affirmation du Docteur A. CHAMFRAULT dans son
cinquième tome du " Traité de Médecine Chinoise " dans un paragraphe
intitulé " Le souffle des cinq Eléments pour nourrir les cinq organes"
" Dans la
notion de circulation de l'énergie en médecine taoïste, l'individu peut de lui
même renforcer cette énergie circulante et traiter lui même, et sans l'intervention
des aiguilles, toutes les maladies qui peuvent l'atteindre. Il semble donc que
le traitement par les aiguilles d'acupuncteur ne soit réservé qu'à ceux qui
n'ont pas ce pouvoir. Le Maître acupuncteur remplace donc, avec ses aiguilles,
et par le jeu de la pensée, ce qu'un taoïste initié pourrait accomplir par
lui-même et sans l'intervention matérielle des aiguilles ".
Il est clair que celui qui sait faire circuler son énergie n’a nul besoin
d’aiguilles.
Lire aussi : Utilisation du Dao Yin de la Main dans le Mouvement thérapeutique
Lire aussi : Utilisation du Dao Yin de la Main dans le Mouvement thérapeutique
[i] Zhang Jie Bin alias Zhang Jing Yue
(1563-1640) est l’une des grandes figures de la médecine chinoise. C’est l’un
des plus célèbres commentateurs du Nei Jing et on lui doit de nombreux
éclaircissements sur des sujets difficiles. Sa théorie personnelle la plus
célèbre est de dire que le Yang n’est jamais en excès. Au contraire, étant à la
base de la vie, il est plutôt en vide, d’où la nécessité de le renforcer
[ii] Dans le Lei Jing (Livre des
classifications) Zhang Jie Bin dit aussi : « Le Yang à gauche monte, le Yin à
droite descend. »
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