Appelé
aussi Zao Jun 灶君, 灶神 , Zào Shén le dieu
chinois Zao
Wang Ye 灶王爺est un dieu de la religion traditionnelle chinoise.
Les familles collent une image du dieu Zao Wang Ye (seul ou accompagné de sa femme), au-dessus du fourneau de la cuisine. Le Dieu du Foyer et sa femme ont leur image dans toutes les maisons ;
ce n’est pas une statue, mais un simple dessin grossièrement colorié où le dieu est figuré ordinairement comme un vieillard à barbe blanche, en costume de mandarin, assis sur un fauteuil ; à côté de lui, sa femme, debout, donne à manger aux six animaux domestiques : cheval, boeuf, porc, mouton, chien, poulet ; ou bien encore, elle est simplement assise auprès de lui, en costume de cérémonie, et les six animaux domestiques, quand on les représente, sont soit accroupis à ses pieds, soit disposés autour du groupe qu’elle forme avec son mari. Quelquefois, il ont à leurs côtés deux assistants, l’Adolescent Ramasseur de Bois et M. le Porteur d’Eau. Ce dessin, impression coloriée aux tons criards, est collé dans la niche qui lui sert de temple au-dessus du fourneau de la cuisine, petite construction faite de quelques briques avec un toit en imitation de tuiles vernissées (le tout haut d’un pied à peine et large d’autant), et ouverte face au sud, parce que, le Dieu du Foyer étant le chef des dieux familiers, celui qui gouverne la maison doit être placé comme l’empereur dans sa salle d’audience et, en général, comme tout maître de maison dans sa salle de réception. Toute l’année on place devant ce petit sanctuaire une tasse de vin vide avec une paire de baguettes à manger.
La personnification du dieu a pris des aspects variés selon les sources et les époques. Sous les Han, il a parfois été identifié à Yan Di, assimilé lui-même à Shen Nong, dieu de l’agriculture. Il existe plusieurs versions de sa vie, mais depuis les Ming, toutes s’accordent au moins sur son nom de famille : Zhang (张 / 張, zhāng) .
le 1er et le 15 de chaque
mois lunaire, vers six heures du matin, avant le premier déjeuner, le chef de famille
brûle deux cierges rouges et quelques bâtonnets d’encens, mais sans présenter
de riz ni de vin. L’offrande est d’ailleurs peu solennelle, car ce n’est après
tout qu’un petit dieu : le père de famille se prosterne une fois, allume les
cierges et les bâtonnets d’encens, le plus souvent sans faire aucune prière,
puis il s’en va à ses affaires et ne revient que lorsqu’ils sont presque
consumés ; il se prosterne alors de nouveau et attend à genoux qu’ils se soient
éteints d’eux -mêmes ; il se relève alors, et, la cérémonie étant ainsi achevée,
la famille prend le repas du matin.
C’est seulement trois fois par an qu’on lui offre un repas :
- le jour anniversaire de sa naissance, qui est le 3 du huitième mois,
- puis le 24 du douzième mois, au départ de son voyage annuel au ciel.
En cette nuit, le dieu Zao Wang Ye part au ciel pour effectuer son rapport annuel à l’Auguste de Jade ou, comme on dit vulgairement, à Monsieur le Ciel (Lao Tian Ye), souverain des dieux, tandis que sa femme en fait autant auprès de la Sainte Dame Auguste de Jade, Yu Huàng Sheng Mu.
Rendre hommage à ce dieu, à la veille du Nouvel an chinois, constitue alors l'un des us et coutumes chinois qui se transmettent de génération en génération depuis plus de deux millénaires. Chaque année, une cérémonie d'adieu , songzao 送灶, . au dieu du foyer est organisée le soir du 23 jour du douzième mois lunaire en guise de remerciement. Dans presque toutes les familles, c’est le 24 du douzième mois qui est la fête la plus importante, car c’est le jour de son départ.
Avant son départ, la famille lui donne des offrandes et lui brûle de l'encens. Les offrandes sont surtout constituées de mets sucrés à base de miel ou de fruits et ont pour but d'influencer le rapport que fera Zao Wang Ye auprès du dieu suprême (en chinois « bouche sucrée » signifie « enjôler, flatter »). Certaines personnes collent même des sucreries collantes (tangyan, riz glutineux) sur les lèvres de l'image. Ensuite, l'image est brûlée dans le fourneau afin d'aider le dieu à monter au ciel, avec la fumée.
Dans certaines localités en Chine, cette cérémonie est accompagnée de l'allumage des premiers pétards du Nouvel An.
Le soir de son départ annuel, le 24 du douzième mois, on offre au dieu un dîner complet de six plats ; de plus, il y a un gâteau spécial, boulette de farine de riz sans sucre remplie à l’intérieur de confiture de haricots rouges. Après son dîner, tout est préparé pour son voyage. On place devant sa niche un petit palanquin en papier, porté par deux statuettes d’homme également en papier ; le père de famille se prosterne, puis il décolle l’image du dieu et la dépose dans le palanquin ; après quoi il place le palanquin sur un plateau, qu’il emporte de la cuisine jusqu’au -dehors de la grande porte de la maison ; celle-ci est grande ouverte, et c’est par elle qu’il doit sortir pour faire honneur au dieu. Pendant tout le temps qu’il porte le dieu, il doit s’arranger pour qu’il ait toujours la tête tournée vers le sud, ce qui est souvent bien difficile et l’oblige, par moments, à marche r à reculons. Dès que le père de famille est sorti de la maison, on jette à terre devant lui quelques poignées de paille : il y place le palanquin toujours tourné vers le sud, ainsi que du papier argenté simulant des lingots d’argent, destiné à payer les dépenses du voyage au ciel.
Puis il dit :
« Dieu du Foyer, en montant au ciel, gardez pour vous nos fautes ! Si en vous servant nous avons été irrespectueux, soyez indulgent un peu ! »
Et il brûle le palanquin pendant que les enfants tirent des pétards, et ensuite il rentre à la maison. Le fourneau de la cuisine est alors éteint et doit le rester pendant l’absence du Dieu du Foyer, qui dure un mois ; pendant ce temps, on fait la cuisine sur de petits fourneaux portatifs, qu’on déplace chaque jour et qu’on éteint chaque soir.
- et le 20 du premier mois, au retour de son voyage annuel au ciel, quand il va à la Cour de
l’Auguste de Jade rendre compte de tout ce qui s’est passé au cours de l’année
dans la maison dont il a la charge; Ce jour-là, on achète une
nouvelle image, et on prépare un repas pareil à celui du départ, car il rentre
le soir juste pour le dîner ; on l’accueille avec des pétards, on place l’image
neuve dans la chapelle, puis on allume les cierges et on présente les offrandes
; la famille les mange le lendemain.
"Nous sommes les démons de la peste : au premier jour de l’année,
nous répandons les maladies parmi les hommes.
— Entrerez-vous chez moi ?
— Non. Quand pendant trois générations successives une famille accumule
la vertu, ou bien quand cette famille va s’élever, ou enfin quand ses membres
ne mangent pas de viande de boeuf, une seule de ces trois causes suffit à nous
empêcher d’entrer !"
Et soudain ils disparurent.
La croyance du Dieu du Foyer
au ciel est ancienne : un auteur taoïste des confins du IIIe et du IVe siècle
de notre ère, Ge Hong (né vers 250 et mort entre 328 et 331, à l’âge de quatre
-vingt-un ans), cite des ouvrages plus anciens où il en est parlé, en ajoutant
du reste que, «pour lui, il n’a pas été capable de vérifier si le fait est vrai
ou faux ; la seule différence avec les idées
modernes est que, comme au temps où ces ouvrages furent composés, le culte des Dieux des Murailles et des Fossés ne
s’était pas encore constitué, il n’y avait aucun intermédiaire entre le Dieu du
Foyer et le Ciel, en sorte que c’est chaque mois qu’il montait au ciel, et non
plus seulement à la fin de l’année comme aujourd’hui :
Enfin,
durant la soirée du réveillon du Nouvel An, le Dieu Zao Wang Ye est de retour. Pour cette occasion, une cérémonie d'accueil est réalisée
et la famille colle une nouvelle image au-dessous de son fourneau.
Pour la famille, le déroulement de la nouvelle année qui s'annonce dépend du contenu du rapport effectué par le dieu du foyer. En effet, des récompenses sont octroyées pour les bonnes actions et des punitions sont attribuées pour les mauvaises. D'après un récit du temps des Jin, les mauvaises actions seront sanctionnées par des retraits de jours de vie. De ce fait, on retire trois jours de vie à celui qui aurait commis une petite faute et trois cent jours de vie à celui qui en aurait commis une grande.
Sa principale tâche est d'examiner le comportement de chaque membre de la famille et d'en faire un rapport auprès du dieu suprême (l'Empereur de Jade).
Déjà dans le Liji, « Livre des rites » datant de la période des Royaumes combattants (-475 — -261), le culte du fourneau est mentionné parmi les sept que doit rendre le roi, et les deux rendus par le peuple, avec celui de la porte. Il est décrit comme très frugal et sans pompe (un « rite de vieille femme »), mais absolument indispensable pour garantir la sécurité alimentaire. Peu avant les Han, le rôle du dieu s'est élargi au contrôle général de la destinée familiale, et sous les Jin, la tradition du rapport annuel fait au Ciel était établie.
Le Dieu du Foyer et sa femme tiennent chacun un registre où ils inscrivent toutes les actions de la famille, lui s’occupant des hommes et elle des femmes : tout ce qui se fait de bien et ce qui se fait de mal doit y être noté impartialement.Chaque mois, le dernier jour, il prend ses registres et va rendre compte au Dieu des Murailles et des Fossés .
Il est en effet un fonctionnaire de la Cour Céleste qui lui donne le titre d’Intendant Familial, et, comme tout fonctionnaire, il doit aller rendre hommage au souverain chaque année ; l’Auguste de Jade prend connaissance de son rapport et, suivant qu’il constate la prédominance du bien ou du mal, il augmente ou diminue la part de bonheur de la famille pour l’année suivante.
Il
était une fois un homme très riche qui s'appelait Zhang Sheng. Sa femme Ding
Xiang avait les traits réguliers et un bon caractère. Au début, les jeunes
époux s'adoraient, et la vie était belle.
Mais
un jour, Zhang Sheng s'en alla faire
des affaires loin de chez lui, et donc loin de sa femme. C'est ainsi qu'il
s'éprit d'une autre belle fille, Hai Tang.
Celle-ci pressa notre riche homme d'affaire, tant et si bien que quelques jours
plus tard ils se marièrent dans la maison principale de Zhang Sheng. Hai Tang jalousa
très vite Ding Xiang, la première
femme de Zhang Sheng, car cette
dernière était bien plus belle qu'elle. Aussi, Hai Tang poussa Ding Xiang
à divorcer de Zhang Sheng, puis à
quitter la maison.
Désormais,
Zhang Sheng et Hai Tang mangèrent, burent et s'amusèrent toujours ensemble. Et en
moins de deux ans, leur fortune se rétrécit comme une peau de chagrin. Hai Tang laissa donc son mari pour se
marier avec un autre homme, encore riche... Notre pauvre Zhang Sheng, ne sut plus que faire, et partit vagabonder dans les
rues.
Un
jour où les flocons de neige tourbillonnaient, il eut si faim et si froid qu'il
tomba à terre, sans connaissance, devant la porte d'une somptueuse maison. La
servante l'ayant trouvé à demi-mort, le porta tant bien que mal jusque dans la
cuisine, après en avoir demandé l'autorisation à la maîtresse de maison. Après
un moment, celle-ci rendit visite au pauvre malheureux, et oh stupeur ! Zhang Sheng eut le sang glacé de
reconnaître sa première femme, Ding Xiang,
abandonnée par lui deux ans avant. En la revoyant il éprouva une telle honte,
qu'il ne sut plus où se cacher. A ce moment-là, il désira plus que tout se
trouver un trou dans lequel il aurait pu se terrer, mais en vain. Quand tout à
coup, il eut une inspiration soudaine, un plan ingénieux lui vint à l'esprit :
entrer dans le fourneau. Lorsque Ding
Xiang revint à la cuisine, elle n'y trouva personne, et un étrange
sentiment lui parcourut l'échine. C'est alors qu'elle posa les yeux sur un
objet qui bloquait la porte du fourneau. Elle le retira. Et vit dans une
indescriptible torpeur que Zhang Sheng,
son ex-mari, était mort, brûlé vif. Cette belle femme fut dévorée par le
chagrin ainsi que par la colère, et mourut finalement, ensevelie sous une
immense et incommensurable tristesse. Quand il eut vent de cette affaire, l'Empereur de Jade estima que Zhang Sheng avait eu le courage de
reconnaître ses erreurs, et lui conféra le titre de « génie du foyer ». Ensuite, il considéra l'amour sans limite de Ding Xiang, et l'intronisa «femme du génie du foyer». Dès lors, les
statuts de ce couple hors du commun resteraient à jamais au coeur de nos
chaumières, dans nos cuisines.
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