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dimanche 31 mars 2024

Yu le grand Da Yu / Dà Yǔ 大禹

 

Le contrôle du grand déluge par le Grand Yu peint sous la dynastie Tang

Yu / Yǔ, souvent appelé Yu le Grand (大禹, dàyǔ) (v. 6 juin 2297 av. J.-C1 – 2197 av. J.-C), portant le nom de naissance Si Wen Ming / Sì Wén Mìng (姒文命) est le premier monarque légendaire chinois de la Dynastie Xia, considéré comme le fondateur de la dynastie. Il est identifié, à tort, comme l'un des Trois Augustes et des Cinq Empereurs. Yu est le huitième arrière petit-fils de l'Empereur jaune.

Il a été divinisé, en particulier comme Dieu gouverneur des eaux, divinité taoïste. Yu est un des trois rois sages du confucianisme, avec ses prédécesseurs Yao et Shun. C'est aussi un des rares souverains chinois portant l'épithète " Grand".

Le mythique empereur Yu le Grand est celui-là même qui maitrisa les fleuves et cours d’eau, Il est associé à l'invention des techniques d'irrigation ayant permis la maîtrise des fleuves et des lacs chinois.

Contrôle des inondations

Sous le règne de l'empereur Yao, de fortes inondations ravagèrent la Chine, noyant et détruisant le foyer de milliers d'individus. 

De manière à mettre fin à ce désastre, le père de Yu, Gun, reçut de Yao l'ordre de réguler les cours d'eau. Gun fit construire des digues, mais celles-ci s'effondrèrent, entraînant la mort de nombreuses personnes. Face à son échec cuisant, l'empereur Shun succédant à Yao le fit mettre à mort. 

Recruté comme successeur de son père, Yu changea radicalement de méthode. Il commença à draguer de nouveaux canaux à partir des fleuves, ce qui nécessita treize années de dur labeur et une force ouvrière de 20 000 hommes pour mettre fin aux inondations. Yu le Grand a guidé les Chinois à fendre les montagnes et à déplacer les rochers pour contrôler le déluge.

empereur Yao

Yu est aussi associé à la persévérance et à la détermination. La femme de Yu était originaire du mont Tushan (塗山). Après leur mariage, Yu ne resta que quatre jours auprès d'elle, puis repartit aménager les Eaux. Elle donna naissance à un fils qu'elle appela Qǐ (, qǐ), nom signifiant "départ". On raconte que, après avoir quitté sa famille, il passa devant sa maison trois fois mais ne rentra jamais, considérant qu'une réunion de famille lui prendrait du temps au détriment de la tâche qui lui avait été confiée.

Afin de canaliser toutes les eaux de la terre, il ouvrit des brèches à travers les montagnes et dragua les fleuves, des sources et des estuaires. 

Vers la fin, il avait tant de cal aux mains et aux pieds il était si fatigué qu'il pouvait à peine marcher. Malgré cela, il alla jusqu'au bout de sa mission en édifiant un système d'irrigation capable de drainer les eaux en crue vers la mer.

Son titanesque ouvrage de drainage rendit la terre propice à la culture et relia les neuf provinces de Chine les unes aux autres. *

Le Pas de Yu ( Yu Bu / Yǔ Bù 禹步)

 

Le pas de Yu est une sorte de danse sacrée que les Dao Shi道士 prêtes taoïstes ont pratiqués depuis le début de l’ère chrétienne en particulier , lors de fêtes paysannes saisonnières. Ils dansent encore, de nos jours quand ils procèdent à des incantations, à des envoûtements, quand ils extériorisent leur âme en vue d’une action magique ; en un mot, quand, pour arriver à un haut degré de puissance personnelle, ils désirent entrer en transes.

Une danse inspirée par un Empereur légendaire
Le pas de Yu est une danse inspirée à l’origine de l’histoire de l’empereur légendaire et fondateur de la dynastie des Xia (夏朝 xià cháo) : Yu le Grand Dà Yǔ大禹.

L'apparition de Da Yu a été mentionnée dans l'ancien livre pré-Qin "Zi Zi", disant qu'il souffrait d'une "maladie" due au surmenage, ce qui l'a amené à bouger maladroitement et à marcher étrangement. Il s'appelait "Yu Bu".

Afin de maitriser les eaux du Fleuve jaune, il aurait conclu une avec le Dieu du Fleuve Jaune, consistant à céder la moitié de son corps en recevant en échange la puissance nécessaire pour canaliser et diriger ce fleuve vers la mer, en particulier par la construction de canaux plus profonds.

La légende raconte que ce travail d’aménagement de canaux et d’écoulement des eaux s’effectua selon un parcours dansé : hémiplégique à la suite de l’accord conclu avec la divinité du Fleuve Jaune, Yu sautillait en traînant une jambe, mouvement qui devint par la suite le fameux "Pas de Yu".

"Zi Zi": "Le travail de Yu n'a pas vu sa maison depuis dix ans. Ses mains n'ont pas de griffes, ses tibias n'ont pas de cheveux et ils sont partiellement flétris. Ses pas ne peuvent pas se croiser. Les gens les appellent les pas de Yu."

Alors, qu’est-ce que cette « maladie du flétrissement partiel » exactement ? En fait, cette « sécheresse partielle » fait désormais référence à l'hémiplégie. C’est un fait remarquable que ces grands labeurs aient ainsi déterminé chez lui une maladie (Che-tseu, chap. 2) que l’on décrit comme une espèce d’hémiplégie, une paralysie partielle causée par la consomption, le dessèchement d’une partie du corps.

Il est dit dans "Zi Zi" que Da Yu souffrait de cette maladie, ce qui le faisait "marcher sans se croiser", c'est-à-dire que ses deux jambes ne pouvaient pas marcher alternativement en avant et en arrière, et il ne pouvait avancer qu'avec une seule jambe. et faites glisser l'autre jambe.

Le récit de « Dongshen badi yuanbian jing洞神八帝元變經 (Livre des transformations mystérieuses des Huit Empereurs du Dieu des Cavernes» dans la partie « Caverne des divinités » [du Canon taoïste]), dans un paragraphe intitulé « Marche de Yu jusqu’aux puissances divines » (Yu bu zhi ling 禹步致靈)" rappelle en prologue l’histoire de ce pas. il est dit que lorsque Yu le Grand contrôlait les inondations, arriva au bord de la mer de Chine méridionale, il vit l'oiseau divin interdisant la malédiction, pouvait lancer un sort qui pouvait faire fendre les rochers.  Avant que l'oiseau divin ne lance le sort, il effectuait souvent ce Pas. Yu s’est en fait inspiré du pas d’un oiseau s’adonnant à une séance d’exorcisme — de fermeture et d’incantation (jin zhou禁咒) —, dont l’effet se traduit par le retournement des pierres où se cachent les serpents, la friandise préférée du volatile. a ensuite imité ses actions et  a appris à pratiquer la technique. Depuis, il a pu restituer la magie avec toutes ses compétences. Le but de ce rituel est de convoquer les divinités et la marche s’accomplit non pas sur des étoiles, mais sur les trigrammes désignant autant de directions spatiales. L’officiant se tient sur le trigramme Xun 巽, face à l’autel, il fait résonner le «tambour céleste» (grince des dents), retient sa respiration et avance: le pied gauche est d’abord posé sur le trigramme Li 離, puis le pied droit va sur Kun 坤, etc., jusqu’à ce que l’officiant atteigne la Porte de l’homme (ren men人門) (fig. 2), où il expire et prononce une incantation dédiée aux trigrammes, sous l’égide de Taishang Laojun 太上老君. 

                                            « La marche de Yu jusqu’aux puissances
divines » sur les Huit Trigrammes

Au moins à partir des Song, ce rite fait partie du rituel de purification de l’aire sacrée, et du rituel de la délivrance du mémoire de présentation du rituel (biao 表) aux divinités. Il s’agit donc bien de faire intervenir ce pas dans une re-création du monde, dans sa mise en ordre, à l’instar de la geste de Yu le Grand; et de procéder à une ascension céleste en marchant sur les étoiles. Trois actions vont de pair avec ce pas: la visualisation de la divinité associée à chaque endroit, la profération d’incantations, le pointage dans la main des points correspondants au trigramme ou à l’étoile concernée.

L’arrangement des trigrammes, associés à des orients et à des nombres, est connu au moins depuis les Han postérieurs203 et fait spontanément penser à la configuration dite Luoshu 洛書 (Écrits de la Luo) et à la circulation de la divinité Taiyi 太一 dans les Neuf Palais (Taiyi bu
jiu gong太一步九宮)



 D’après le Compendium des cinq agents (Wuxing dayi 五行大義) de Xiao Ji 蕭吉 (VIe siècle), les changements de position se faisaient dans l’ordre croissant des nombres associés aux palais. Par exemple, Taiyi sur le trigramme Kan (1, Nord) passait sur Kun (2, Sud-Ouest), les autres esprits se déplaçant en suivant le même parcours

Plus tard, Da Yu en déduisit plus de 100 méthodes, et finalement il y en eut plus de 90 sortes.

Les générations ultérieures de sorciers ont imité Da Yu et ont lentement formé Yu Bu. Bien entendu, il existe de nombreux pas Yu adaptées à différentes occasions et ne peuvent être généralisées.

De Yu le grand, devenu hémiplégique à cause de ses travaux titanesques, à son pas entrant dans un rite exorciste et apotropaïque ; de ce pas codifié comme une danse rituelle pour cueillir les champignons d’immortalité dans les montagnes ou conduisant à l’invisibilité au dispositif du carré magique à neuf cases pour s’unir sexuellement lors d’un rituel d’initiation ou convoquer les divinités grâce à une déambulation sur les trigrammes; de la mise en place de l’aire sacrée à la délivrance d’un mémoire aux divinités; de l’autel pour vénérer les divinités aux Palais-couleurs du calendrier,  il n’y a pas d’aboutissement ultime où une mise en place prévaudrait sur une autre. 

Chacune de ces formes subsiste diachroniquement et synchroniquement le Yijian zhi de Hong Mai 洪邁 (1123-1202) est là, vers le XIIe siècle, pour nous rappeler que le pas de Yu, la marche sur le maillage céleste, en tenant un bol d’eau lustrale, une épée ou en proférant des incantations, interviennent pour faire pleuvoir, délivrer d’un démon et guérir, « enquêter et convoquer les démons » kaozhao考招 par des officiants se réclamant du taoïsme ou du bouddhisme, ou présentés comme des maîtres de rituels d’exorcisme fashi 法師 ou des maîtres « hétérodoxes » xieshi 邪師

Un hommage dédié aux esprits de l’eau et de la terre à l’origine

Le « Pas de Yu » est une danse dévotionnelle car elle rend hommage aux divinités des Eaux et de la Terre.

Elle est aussi une danse extatique nous permettant d’entrer en transe pour nous unir à ces divinités : en chinois, l’entrée en transe se traduit par 蹈神 dǎo shén qui signifie littéralement ballotter l’esprit, dǎo désignant plus spécifiquement le sautillement.

À l’origine, elle est de plus une danse magique : l’entrée en transe et les incantations adressées aux divinités ont pour but d’obtenir un résultat magique précis, de canaliser et d’accueillir les forces des Esprits des Eaux et des Monts et, par conséquent, de favoriser la tombée modérée de la pluie en période de grande sécheresse afin de nourrir la Terre.

La danse extatique fait partie des procédés par lesquels s’acquiert un pouvoir de commandement sur les hommes et sur la Nature. On sait que ce Pouvoir régulateur, dans les textes dits taoïstes comme dans les textes dits confucéens, se nomme le Tao. 

Le Tao, chez les Pères taoïstes, sert à nommer le Principe premier de réalisation. L’extase des penseurs taoïstes vise à créer une communion avec le Tao. Cette intime pénétration confère à l’extatique des pouvoirs indéfinis qui lui permettent d’agir sur toutes choses sans intermédiaire, par une action d’esprit à esprit.

Ge Hong évoque le "Pas de Yu" (ou "Pas du Tourbillon de Jade"). dans le chapitre 17 du Bao Pu Zi /  Bào Pǔ Zǐ抱朴子 intitulé : monter (sur les monts), passer à gué (les fleuves),traduit et cité par Marcel Granet, Danses et légendes de la Chine ancienne. Ce chapitre est souvent considéré comme l'un des plus célèbres du livre. Il décrit les méthodes de méditation taoïste pour atteindre l'immortalité et comprend des instructions détaillées sur la façon de pratiquer le "Pas de Yu" pour atteindre cet objectif.

"Étant en station debout, avec le pied droit devant et le gauche derrière. Alors à nouveau, portez en avant le pied droit ; faisant suivre le pied droit par le gauche, mettez-les sur la même ligne : c’est le premier pas. — Alors, qu’à nouveau soit en avant le pied droit. Alors, portez en avant le pied gauche ; faisant suivre le pied gauche par le droit, mettez-les sur la même ligne : c’est le deuxième pas. — Alors, qu’à nouveau, soit en avant le pied droit ; faisant suivre le pied droit par le gauche, mettez-les sur la même ligne : c’est le troisième pas."

Nous assistons à une sorte de danse chaloupée, de droite à gauche, avec un pied traînant derrière l’autre, alternativement le droit puis le gauche: il ne s’agit donc pas du boitement d’un seul pied. 

L’emploi du Pas de Yu (comme la possession de certaines épées magiques) a pour but d’assurer la domination sur les différents Esprits des Eaux et des Monts (par ex. : les Tch’e-mei) et que la possession des célèbres Chaudrons de Yu le Grand entraînait exactement la même puissance 

La démarche traînante, une jambe en arrière, par laquelle on se rend mettre des Tch’e-mei, génies de la pluie ou de la sécheresse, s’exprime aussi par le mot wang, lequel se dit des personnes atteintes de consomption et des sorcières que l’on exposait en plein air aux temps féodaux (ou que l’on brûlait) pour vaincre la sécheresse et obtenir la pluie. On sait que l’exposition d’un prince réalisait les mêmes effets. Le même mot wang entre aujourd’hui dans l’expression Wang-yi, nom des poupées dans lesquelles les sorciers, lorsqu’ils entrent en transes, extériorisent leur âme.

Che-tseu (chap. 2) parle du Pas de Yu et le définit brièvement : « Les pas (de chaque pied) ne se dépassaient point l’un l’autre », ce qui s’accorde parfaitement avec la formule du Bao Pu Zi. Che-tseu ne présente point le Pas de Yu comme une pratique magico-religieuse ; il le présente comme une caractéristique physique de Yu le Grand, fondateur de la première dynastie royale. 

De même, Lu Bu wei (chap. 20) emploie, à propos de Yu, la formule «ses pas ne se dépassaient point l’un l’autre».




Le chapitre « Xian Yao » enregistre également les pas de Yu : "Levez d'abord la gauche, passez la droite par-dessus la gauche et la gauche tourne vers la droite. La fois suivante, soulevez la droite, croisez la gauche par-dessus la droite et la droite tourne. vers la gauche. La prochaine fois, soulevez la gauche, traversez la droite par-dessus la gauche et la gauche tourne vers la droite. Trois pas comme celui-ci équivalent à deux pieds et un pied, et il y a neuf traces derrière."

"Les trois marches et neuf traces de Yu sont neuf marches en forme de D, une pas mesure sept pieds (1pied= 0,3561 m), trois sept pieds font vingt et un pieds. C'est l'étape la plus fondamentale de Yubu. Il avance en levant d'abord son pied gauche, faisant neuf traces en trois pas, et les traces forment l'hexagramme Li kan 离坎. Cette méthode est appelée le plan en étoile des trois étapes et des neuf traces dans les livres taoïstes. 

La pratique peut s’effectuer selon différents rythmes, de manière hésitante comme de manière précipitée.À travers cette danse qui représente le sautillement de Yu provoqué par le dépérissement d’une partie de son corps, deux mouvements représentant symboliquement une communion avec les Éléments de la Nature, l’Eau et la Terre en particulier, peuvent ainsi être identifiés :

-   le fait de porter en avant le pied gauche devant le pied droit ou de porter en avant le pied droit devant le pied gauche constitue le mouvement qui incarne l’ascension des montagnes : il s’agit de la connexion avec la Terre ;

-   le fait de faire suivre le pied droit derrière le gauche ou de faire suivre le pied gauche derrière le pied droit constitue le mouvement qui incarne le passage à gué d’une rivière ou d’un fleuve : il s’agit de la connexion avec l’Eau.

Le « Pas de Yu » s’effectuait à l’origine par une alternance de sautillements sur les pierres et le passage à gué des eaux. Piétiner les pierres était considéré comme un geste entraînant un certain roulement pouvant lui-même provoquer le Tonnerre et la pluie fécondante.

Ce pas est souvent interprété comme une technique de méditation qui implique des mouvements du corps et de la respiration pour cultiver le qi (énergie vitale) et atteindre un état de transcendance spirituelle. La connexion avec les Esprits des Eaux et des Monts contribue également à intégrer en nous les propriétés des forces de ceux-ci : l’adaptation et la tempérance de notre comportement (Eaux), ainsi que la résistance et la force de persuasion face à toute épreuve de notre vie (Monts).

Une danse qui rééquilibre tout notre être

Si, aujourd’hui, le « Pas de Yu » n’est plus pratiqué en vue de faire tomber la pluie pour nourrir la Terre, il peut en revanche être utilisé pour mieux intégrer les propriétés des Éléments de l’Eau et de la Terre et les rééquilibrer en nous.

Pour ce faire, vous pouvez vous isoler à un moment de la journée où vous vous sentez calme et lorsque votre mental est suffisamment dénué de toute pensée positive ou négative, le matin avant d’entamer votre journée ou le soir après le travail par exemple. Il n’est pas nécessaire de faire appel à de la musique pour vous lancer dans cette pratique.

En vous mettant debout et en tenant votre corps bien droit afin de vous préparer à effectuer le « Pas de Yu », il est important que vous puissiez chasser les dernières pensées qui traversent votre mental afin de faire le vide en vous et d’être prêt à accueillir les énergies des Esprits des Eaux et des Monts.

Lorsque vous vous sentez prêt(e), commencez par rendre hommage à Yu, l’Empereur au pouvoir régulateur des Eaux et doté de la puissance qui vise à modeler la Terre en vue de creuser les canaux permettant d’écouler ces Eaux et de canaliser leur force. Visualisez bien ces deux énergies que symbolise l’Empereur Yu : elles ne sont pas contradictoires ou opposées, mais complémentaires. Lorsque vous avez rendu cet hommage, vous pouvez commencer à ressentir, l’une après l’autre, ces deux énergies comme les deux facettes d’une seule et même force, celle qui équilibre et régule votre être intérieur.

Dans un premier temps, votre corps se tenant droit tel un roc à la base ressent cette force des montagnes qui incarne la stabilité et la résistance face à tous les éléments perturbateurs venant s’immiscer dans votre vie quotidienne, ces derniers devenant désormais insignifiants. Vous pouvez renforcer cette enveloppe corporelle en plongeant votre mental dans le son « Di / Dì  » signifiant la Terre en chinois.

Dans un second temps, vous pouvez tempérer cette sensation de protection, d’inflexibilité et de résistance face à toute épreuve, en plongeant votre mental dans le son « Shui » signifiant l’Eau en chinois. Chaque son « Shui » doit être perçu comme une coulée d’eau douce qui purifie votre corps et votre esprit et enrobe l’énergie de la Terre pour l’adapter et la modeler sans pour autant porter atteinte à votre être et à vos racines les plus profondes qui incarnent vos origines et votre identité propre. C’est ainsi que votre corps, qui était droit comme un roc, devient souple et animé par une envie de bouger à travers la tête, les bras, le bassin et les jambes. Vous pouvez à ce moment-là laisser votre corps se mouvoir lentement, sans gestes brusques.

Lorsque vous avez bien ressenti cet équilibre entre ces deux énergies à tel point que vous ne percevez plus qu’une seule et même force, vous pouvez commencer à effectuer le « Pas de Yu » selon la méthode décrite plus haut. Chaque mouvement symbolique de la danse doit être bien ressenti comme une communion avec chaque Élément et comme une intégration de ses propriétés en vous :

-   le fait de porter en avant, dans un mouvement ascendant ou vertical, le pied gauche devant le pied droit ou de porter en avant le pied droit devant le pied gauche est une communion avec la Terre et doit renforcer en vous votre résistance, votre confiance et votre force de persuasion et de détermination face à toute épreuve de la vie ;

-   le fait de faire suivre, dans un mouvement horizontal, le pied droit derrière le gauche ou de faire suivre le pied gauche derrière le pied droit est une communion avec l’Eau et doit renforcer en vous votre capacité d’adaptation face aux évènements les plus difficiles de votre vie, votre force de réceptivité et d’écoute dans vos relations avec autrui sans que les débats et discussions qui peuvent parfois être tendus soient vécus comme des agressions mais plutôt comme un enrichissement pour votre évolution personnelle.

Vous pouvez reproduire le « Pas de Yu » autant de fois que vous le souhaitez, jusqu’à ce que les énergies des Esprits des Monts et des Eaux soient imprégnées en vous et n’incarnent plus que la force bienveillante de Yu, c’est-à-dire cette force équilibrante et régulatrice de vos instincts.

Lorsque vous ressentez cette sensation de paix en vous, vous pouvez rester encore quelques instants dans cet état, puis rendre hommage à l’Empereur Yu avant de revenir progressivement à vous.

Une énergie qui aide à surmonter nos craintes dans la sérénité

Le « Pas de Yu » est une danse qui incarne la force équilibrante de l’Empereur qui régit et maîtrise les forces considérables et puissantes des Eaux. Il représente aussi de façon indirecte la force qui vise à modeler la Terre pour canaliser les forces des Eaux.

Mais au-delà de la maîtrise de ces deux Eléments, l’Eau et la Terre, il est avant tout la force qui concilie les puissances de ces deux grands Éléments. En effet, la légende raconte que, contrairement à son père qui construisait des digues et des murailles pour « contrer » ou « réprimer » les Eaux, Yu ouvrit les cours des fleuves et construisit de profonds canaux pour conduire leurs eaux vers la mer. Il respecta ainsi l’ordre de la Nature sans chercher à la « violenter » ou à l’« affronter ».

L’énergie de Yu, que nous ressentons à travers sa danse, est donc une force qui permet d’affirmer notre personnalité et de partager notre manière d’être et nos opinions avec conviction. Mais elle est également une force qui nous permet d’assouplir notre comportement, de nous adapter aux situations les plus difficiles et les plus inconfortables, ou encore de dialoguer avec des personnes dont nous avons la plus grande crainte car elles ont des opinions et des convictions très différentes des nôtres. Cette divergence de personnalités et les épreuves délicates de la vie ne doivent pas pour autant être un obstacle pour nous : elles constituent au contraire autant d’occasions d’approfondir notre recherche personnelle et d’enrichir notre expérience pour mieux progresser grâce aux leçons de la vie. 

Ainsi, l’énergie de Yu est une force bienveillante qui peut vous accompagner et contribuer à garder votre confiance face à toute épreuve de votre vie quotidienne.


Tà Gāng Bù Dòu 踏罡步鬥
La méthode de marche de Yu Bu est liée à la Grande Ourse. Les pas tournaient en fonction de la position de la grande Ourse, c'est comme marcher sur la constellation d'étoiles Gang . 

Gang, également connu sous le nom de Tian gang, fait référence à la poignée de la Grande Ourse, qui est la cinquième à la septième étoile de la Grande Ourse.Plus tard, la portée a été élargie pour faire référence aux étoiles de l'est, du sud, de l'ouest, du nord et du milieu.

Le but de Yu Bu est de communiquer avec Dieu. Pourquoi communiquer avec Dieu à travers la Grande Ourse ? C'est parce que la Grande Ourse est l'intendant des dieux. La Grande Ourse est le roi des cieux, le maître de deux mille dieux et le destin du monde. Tant que vous parvenez au chef Bei Dou, vous pouvez naturellement appeler ses subordonnés au combat. De plus, la relation entre les talismans et la Grande Ourse est encore plus étroite, c'est pourquoi il y a des symboles de la Grande Ourse dans de nombreux talismans.

Ce n'est qu'ainsi que les dieux pourront être invoqués pour envoyer des généraux et que l'objectif de lancer des talismans pourra être atteint.

La liturgie taoïste va s’emparer à son tour de cette marche terrestre pour en faire une marche cosmique. L’un des premiers textes du Shang Qing 上清, au début des Six Dynasties, décrit en détail une marche sur les étoiles du Boisseau du Nord 北斗. La procession se fait graduellement des Trois Terrasses (santai 三台), situées en dessous du Boisseau du Nord, jusqu’aux sept étoiles auxquelles sont adjointes deux étoiles « assistantes». Elle inclut des pratiques corporelles (rétention de la respiration, grincement des dents, circulation du souffle), toujours des invocations, et relève d’une pratique individuelle pour atteindre l’immortalité.


La marche sur le maillage céleste (bugang)
des Trois Terrasses aux étoiles du Boisseau du Nord


Intégrée dans un rituel d’initiation de deux adeptes, une femme et un homme, relevant de l’ordre taoïste des Maîtres célestes (Tianshi 天師), la marche s’effectue sur les Huit Trigrammes du Yijing disposés dans un diagramme à neuf cases, le célèbre dispositif des Neuf Palais: les Huit Trigrammes sont placés sur le pourtour et la case du centre désigne le Palais central . Sous la houlette d’un maître d’initiation, les adeptes combinent danse, jonction entre eux de différentes parties du corps en fonction du déplacement, et parviennent enfin à la phase ultime où ils unissent le yin et le yang, autrement dit s’unissent sexuellement, mais dont le but essentiel consiste en l’identification des adeptes aux divinités, puis in fine dans la transformation de leurs corps en corps divins avec la conception de l’embryon d’immortalité (Kalinowski, 1985, p. 781-794). Ce rituel d’union sexuelle, dénoncé par les bouddhistes et par les taoïstes d’autres ordres comme licencieux et démoniaque, semble disparaître pour laisser la place aux alentours du VIIIe-IXe siècle à un rituel d’une tout autre portée.

Arpenter les étoiles de la Grande Ourse (步罡 bù gāng) combine deux caractères chinois :

  • le caractère qui signifie pas, étape, état, situation, aller à pied, marche 

  • et  gāng un ancien nom d’étoile qui représente la Grande Casserole. La Grande Casserole, aussi connue sous le nom de Grand Chariot est un astérisme de sept étoiles qui a été reconnu, de tout temps, comme un groupement distinct d’étoiles. Les étoiles la constituant sont les sept plus brillantes de la constellation de la Grande Ourse ou Boisseau ( dǒu).

Bù Gāng步罡est une marche ou danse rituelle taoïste basée sur le Pas de Yu, dans laquelle un prêtre taoïste à travers une représentation symbolique arpente  la constellation des étoiles de la Grande Ourse. 

Lorsque le taoïsme religieux s’est développé pendant la période des Six dynasties (220–589 EC), l’expression 罡踏斗 gāng tà dòu, suivre la ligne directrice et marcher sur les étoiles de la Ourse est devenu populaire.

Le caractère chinois gāng faisait à l’origine référence à l’étoile qui est au bout de la poignée de la Grande Casserole et le caractère  dǒu faisait référence à la Grande Casserole. 

Plus tard, sa signification a été étendue aux étoiles des cinq directions (l’Est, le Sud, l’Ouest, le Nord et le Centre). 

Le maître du rituel, portant des chaussures de nuages, pose le diagramme de la Grande Ourse sur un sol d’environ dix pieds carrés, qui symbolise les neuf couches des cieux. 

Accompagné d’une musique taoïste mélodieuse, le maître rituel visualise les Neuf Cieux, et arpente la Grande Ourse selon les positions des étoiles et les 28 constellations ainsi que le schéma des Neuf Palais et des Huit Trigrammes. 

La méthode de calcul des pas de marche est la suivante : trois jonctions en un mois, et trente jours en un mois (trois fois 10 jours   font référence à trois   jours profits et pertes).

Une heure équivaut à trois jonctions et une  intersection équivaut à quatre-vingt-dix ans. Par conséquent, on dit que faire un pas équivaut à une traversée, et une traversée équivaut à trois traces, ce qui signifie que faire trois pas équivaut à neuf traces, quatre pas équivaut à douze traces, et ainsi de suite. La méthode de marche est : gauche (droite), droite (gauche), gauche (droite), il y a trois traces au total.

Sources

mardi 8 août 2023

Xi Wang Mu / Xī Wáng Mǔ 西王母 Reine mère de l'Ouest


 


Xi Wang Mu / Xī Wáng Mǔ 西王母 ou Reine-mère de l'Ouest, est un personnage de la mythologie chinoise antique devenu sous la dynastie Han une l'une des déesses taoïste les plus anciennes et les plus puissante du  panthéon chinois .

Même si des inscriptions montrent qu’elle existait avant le Taoïsme, elle est le plus souvent associée à ce dernier.

Elle a un contrôle total sur la vie, la mort, la création et la destruction.  Elle détermine la durée de vie de chaque être vivant, s'occupe des pêches de l'immortalité , qui libèrent de la mort tous ceux qui en mangent et manipule les occurrences de calamités majeures, entre autres tâches. 

 C'était un lieu magique où poussaient les herbes d’immortalité et les pêches de longue vie qui mûrissaient tous les 3000 ou 9000 ans. Lorsque les pêches sont mûres, Xi Wang Mu invite les immortels à un festin au cours duquel ils dégustent ces fruits merveilleux. 

Dans "La pérégrination En Occident" Wu Cheng'en raconte comment Sun Wukong s'invita à ce repas et se goinfra d'élixir d'immortalité. Selon certaines versions de la légende de l'immortel Li Tieguai, ce serait la " Reine-mère de l'Ouest" qui lui aurait enseigné le secret de l'immortalité.

On pense que Xi Wang Mu  était autrefois un démon sauvage qui vivait dans les montagnes et provoquait des catastrophes cataclysmiques. 

Pendant son temps en tant que démon des montagnes, Xi Wang Mu  avait un amant nommé Dong Wang Gong / Dōng Wáng Gōng 東王公 Prince de l'Est. Alors que Xi Wang Mu  gouvernait l'ouest, Dong Wang Gong gouvernait l'est. Dans certaines versions du mythe chinois de la création, les deux amants ont créé l'humanité par leur union.

Après s'être repentie de ses mauvaises voies, elle a atteint l'illumination et est devenue une déesse.

Le douzième chapitre du célèbre texte chinois  Shan Hai Jing , ou le  Classique des montagnes et des océans , 山海經 qui a vu le jour dans les Royaumes combattants戰國 (5ème siècle-221 avant notre ère) et au début de la période Han漢 (206 avant notre ère-220 CE).Il décrit Xi Wang Mu comme une divinité mystérieuse mais puissante. 

La section sur les "Montagnes de l'Ouest" ( Xishan jing西山經) dit qu'elle  résidait  dans une caverne sur une montagne du Jade (Yu chan 玉山) située très loin à l'ouest, au-delà des sables mouvants (Lieou-cha) .  

 C'est un des rares textes qui la présente comme une démone, comme un monstre à visage humain avec des dents de tigre et le corps terminé par une queue de léopard; sur ses cheveux noirs en bataille elle portait également une une couronne de victoire ( dai sheng戴勝),  magnifique parure de jade. A la tête des démons de la peste, elle était la déesse des épidémies, des étoiles et des châtiments. 

 A l'aide d'une herbe d'immortalité elle présidait aux "catastrophes du ciel" ( tian zhi li天之厲) et aux cinq forces destructrices ( wu can五殘).  

Une autre section du livre, Dahuang xi jing大荒西經), on disait qu'elle vivait sur le Mont Kunlun崑崙 entre la Rivière Rouge 赤水 et la Rivière Noire 黑水 dans un palais de jade où tous les immortels se réunissaient pour des audiences de cour trois fois par jour.  

La section sur la région du Nord dans les mers ( Hainei bei jing海 內 北經) explique en outre que la reine mère s'appuya contre son siège surélevé, portait une coiffe de victoire et tenait son bâton. Trois oiseaux bleus  ( San Qing Niao / Sān Qīng Niǎo三青鳥) lui ramassaient sa nourriture.

Il semble qu'elle était à l'origine un personnage dangereux et peu propice.

Contrairement à cela, le livre du début de la période Han, Huainanzi淮南子, la décrit comme une immortelle de bon augure qui avait gagné la vie éternelle à l'aide d'une herbe. Le commentaire du texte Ji Yan Guanglu wen祭顏光禄文 dans l'anthologie Wenxuan文選 cite un ancien texte divinatoire appelé Guicang歸藏, où il est dit que la fée de la lune Chang E 嫦娥 s'était vu offrir l'herbe d'immortalité par la reine mère de l'Ouest, et a ainsi pu monter sur la lune.

En 279 de notre ère, une chronique a été déterrée, le Jizhongshu汲 冢 書 (plus tard connu sous le nom de "Annales du bambou"), ainsi que le livre pseudo-biographique Mu Tianzi zhuan穆 天 子 傳 du voyage du roi Mu vers l'ouest. Selon ces livres, la reine mère de l'Ouest est venue à la cour des rois des États centraux et a été hébergée avant de retourner au mont Kunlun. Le roi Mu lui a rendu visite à son tour lors de son voyage. A cette occasion, elle accorda au roi l'immortalité.

La collection de la période Jin de l'ouest西晉 (265-316) Bowuzhi博物志 de Zhang Hua 張華 (232-300) comprend une histoire qui aurait eu lieu sous le règne de l' empereur Wu漢武帝 (r. 141-87 avant notre ère) de la dynastie Han. L'empereur était à la recherche de l'immortalité, lorsque la reine mère envoya une ambassade présentant des cerfs blancs à l'empereur. Il leur donna un banquet, et dans la nuit du 7ème jour du 7ème mois, la Reine Mère elle-même apparut, accompagnée de trois oiseaux bleus qui l'attendaient. Elle sortit sept pêches et en donna cinq à l'empereur. Il les mangea et posa soigneusement les pierres devant ses genoux. Aussi douces que soient les pêches, il voulut planter les noyaux. Voyant cela, la reine mère rit et expliqua qu'il fallait trois mille ans pour qu'une pêche pousse.

Cette histoire a ensuite été adaptée dans la collection Han Wudi neizhuan漢武帝内傳 et étendue à une longue description de la manière dont la reine mère a enseigné à l'empereur Wu la manière de devenir un immortel. Elle était elle-même une disciple du Roi Céleste du Commencement Primordial ( Yuanshi Tianwang元始天王). Dans ses instructions, elle avertit l'Empereur de s'adonner aux plaisirs sexuels et lui remit le Schéma de la Vraie Forme des Cinq Sommets ( Wuyue zhenxing tu五岳真形圖) et l'écriture Lingguang shengjing靈光生經 "Livre du vie de l'éclat numineux », ainsi que douze autres écritures ou talismans (dont Liujia zuoyou lingfei fu六甲左右靈飛符).

Le registre Shangqing yuanshi bianhua baozhen shangjing jiuling taimiao guishan xuanlu上清元始變化寶真上經九靈太妙龜山玄籙  aa ensuite élaboré des histoires à son sujet et allégué que son nom personnel était Wan Jin 婉衿, and qu'elle a été accordé par le Yuanshi Tianwang le titre de "Mère Immortelle de la Vérité Suprême des Neuf Numinosités d'Origine Occidentale" (Xiyuan Jiuling Shangzhen Xianmu 西元九靈上真仙母). Sa résidence était l'Étang de Jade (Yaochi瑶池) sur la Colline de la Tortue de l'Ouest ( Xigui zhi yue西龜之岳). Ses devoirs étaient de tenir les registres des immortels là-bas et de répandre la "pureté de jade" ( yuqing玉清). Trois fois en un mois, elle est montée au paradis de la pureté de jade, a organisé des banquets sur le mont Kunlun et a instruit les immortels. La reine mère portait une robe de cour richement décorée en signe de sa fonction officielle dans les cieux taoïstes. Son char violet était tiré par des phénix, et elle était servie et gardée par sept cents filles de jade ( yunü玉女).

Xi Wang Mu sur un phénix

Puis devenu chef des immortelles, toutes les femmes aspirant à obtenir le Dao sont considérées comme ses disciples .Ces diverses histoires montrent que le statut de la reine mère était juste derrière les Trois Purs (San Qing 三清) et les quatre impériaux (Si Yu / Sì Yù  四御 ) les plus hautes divinités du panthéon taoïste. 

Ce n'est qu'au premier siècle de notre ère qu'elle gagna ses lettres de noblesse. Désormais connue sous le nom de " Reine-mère de l'Ouest ", elle régnait sur le paradis occidental des immortels dans les monts Kunlun, où elle était servie par les "filles de jade" et des oiseaux à trois pattes.

Xi Wang Mu est alors représentée sous les traits d'une belle femme vêtue d'habits royaux et voyageant parfois sur le dos d'une grue. Elle habite un immense palais de jade dans lequel les hommes vivent dans l'aile droite et les femmes dans l'aile gauche.

Bien que beaucoup d'art traditionnel dépeint Xi Wang Mu comme une belle jeune fille, les premiers textes la décrivent comme ancienne et plus ancienne que les choses les plus anciennes avec des cheveux blancs comme neige. Cette représentation moderne de Xi Wang Mu par Dan Barker est plus proche de cette description et c'est ainsi que je l'imagine.



Étymologie
Comme d'autres divinités de haut rang, Xi Wang Mu  a de nombreux noms et titres honorifiques. Son nom le plus commun est simplement Xī Wáng Mǔ (西王母). Xī (西) est le caractère chinois de l'Occident, Wáng () est un titre honorifique réservé aux dieux et aux empereurs, et Mǔ () signifie simplement « mère ». Le nom de Xi Wang Mu  est le plus souvent interprété comme "Reine Mère de l'Ouest".

L'expression "wáng mǔ" a cependant plusieurs significations alternatives. Wáng mǔ est aussi une façon de dire « grand-mère », et le nom de Xi Wang Mu  pourrait donc être interprété comme « grand-mère occidentale ». Wáng mǔ peut également signifier « parente décédée », et le nom de Xi Wang Mu  est parfois interprété comme « Esprit (ou Fantôme) Mère de l'Ouest ».

A partir de son nom, plusieurs caractéristiques importantes sont révélées : elle est de la famille royales, c’est une femme et elle est associée à l’occident.

Comme toutes les divinités, elle possède de nombreuses appellations ; les plus fréquentes sont :

-   Reine-mère (wangmu /  wáng mǔ王母) ou Reine-mère aïeule (wangmu niangniang /  wáng mǔ niáng niang 王母娘娘, titres honorifiques donné aux grandes déesses ;

-   Mère d’or   jinmu / jīn mǔ 金母, l’ouest étant associé au métal selon la théorie des cinq éléments ; son homologue le Roi-père d’Orient devient alors le Père de bois (木公 mugong), élément associé à l’est.

-   Mère d’or du bassin de jaspe (瑤池金母 yaochi jinmu), d’après le nom du lieu où elle aurait reçu le roi Mu ;

-   Mère d’or du magnifique Occident résidant sur le Mont de la tortue (龜山西華金母 guishan xihua jinmu) ;

-   Vieille dame d’Occident (西姥 xilao) ;

-   Mère Immortelle de la Véracité Suprême des Neuf Numina d'Origine Occidentale (Xiyuan Jiuling Shangzhen Xianmu 西元九靈上真仙母)

 -   Reine Mère de l'Ouest de la Véracité Ultime, avec le Jade Blanc , 

-   la terrasse des tortues et les neuf phénix (Baiyu Guitai Jiufeng Taizhen Xiwangmu 白玉龜臺九鳳太真西王母)

-   la mère dorée de la colline des tortues du plus grand miracle des Neuf Numina (Jiuling Taimiao Guishan Jinmu 九靈太妙龜山金母) ou Dame primordiale

-   Mère Dorée de la Colline de la Tortue des Neuf Radiances du Numina Ultime (Tailing Jiuguang Guitai Jinmu Yuanjun Tailing Jiuguang Guitai Jinmu Yuanjun).

-    Familièrement, elle est souvent appelée "Tante Mère Reine".

reine mère de l'Ouest
 en tant que divinité taoïste "Mère dorée"

Au Japon, Xiwangmu est connu sous le nom de Seiobo. Elle figure dans de nombreuses estampes ukiyo-e, dont celle-ci d'un artiste inconnu intitulée "Seiobo Ayant une balançoire" (vers 1818-1829)



Xi Wang Mu  dans les textes

On a retrouvé sur les écrits oraculaires de la dynastie Shang le terme ximu (西母) « mère d'Occident », sans que l'on sache toutefois ce qu’il désigne. Comme il existait aussi une « mère d'Orient », on peut estimer que ces deux divinités formaient une paire contrastive. Son rapport avec Xi Wang Mu est ainsi douteux.

Le personnage de Xi Wang Mu   est attesté à partir du IVe siècle av. J.-C. Elle est mise en rapport avec le roi Mu de la dynastie Zhou. Ce souverain aurait effectué une expédition militaire dans l'actuelle province du Xinjiang au Xe siècle av. J.-C. contre des tribus appelées Quan Rong.

À cette occasion, il aurait rencontré Xi Wang Mu. En témoignent les Annales sur Bambou (Zhushu jinian), chroniques officielles du royaume de Wei. Elles ont été trouvées en 279 dans la tombe du roi Xiang. La période qu'elles couvrent va du règne mythique de Huang Di jusqu'à -299. Il y est écrit que « pendant la dix-septième année, le roi partit à l'Ouest vers le Kun Lun, il eut une entrevue avec Xi Wang Mu  ; puis cette même année, Xi Wang Mu vint à la cour pour rendre hommage au roi Mu. En automne, au cours du huitième mois, le roi alla au Nord, passa les Sables Mouvants [sans doute le désert du Taklamakan] et le mont Ji Yu, il attaqua les Quan Rong, leur prit cinq rois; il arriva jusqu'où les oiseaux bleus muent, puis Xi Wang Mu  le retint (sur les bords du lac Yao ?) ». Il faut dire que Xi Wang Mu est «une femme qui obtint la Voie en nourrissant son propre yin» ou plus prosaïquement elle appréciait les jeunes hommes.

D'autres textes confirment ce lien de Xi Wang Mu Xi Wang Mu  avec les oiseaux.

Le voyage du roi Mu a été « romancé » dans la Chronique du Fils du Ciel Mu (穆天子傳 mutianzi zhuan). Selon Rémi Mathieu, qui a traduit et commenté cet ouvrage en français, il aurait été rédigé entre -400 et -350. Xi Wang Mu y est décrite comme une belle femme à qui le roi rend visite. Ils s’entretiennent sur une berge du lac Yao (jaspe). Lorsque Mu doit repartir vers son royaume situé à l’Est, Xi Wang Mu   lui demande de revenir ; il promet de le faire après avoir mis son domaine en ordre.

Selon le manuel d'alchimie de maître Chonghe (cité par Robert van Gulik dans "Vie sexuelle dans l'ancienne Chine"), Xi Wang Mu  est « une femme qui obtint la Voie (le dao) en nourrissant son propre yin », c'est-à-dire en ayant de nombreux rapports sexuels. Elle apprécie particulièrement les jeunes garçons. On dit que Xi Wang Mu est particulièrement protecteur envers les femmes, et en particulier les femmes qui ont atteint la cinquantaine.

La reine mère de l'Ouest
 et un accompagnateur aux pêches' - Komatsuken, 1765.

Il est encore question de Xi Wang Mu  dans un ouvrage plus tardif, le Livre des monts et des mers (山海經 Shan Hai Jing) entamé sous les Royaumes combattants et achevé sous les Han. Elle y apparait comme une créature rugissante d’aspect effrayant mi-humain mi-animal, aux fonctions sinistres : « Au sud de la mer occidentale, sur la rive des sables mouvants ... il y a un être portant un blason, avec des dents de tigre et une queue, il habite dans une grotte, on l’appelle Xi Wang Mu ...il est responsable des maladies et des châtiments corporels ».

 D’autres passages précisent qu’elle habite sur le Mont de jade ou le mont Kunlun, lieu d'abondance ; sa queue est celle d’un léopard ; un oiseau bleu (ou noir) à trois pattes l’accompagne.

Dans le chapitre Dazongshi (大宗師) du Zhuangzi, c'est un être intemporel qui pénètre le Dao.

Dans le Huainanzi, on mentionne qu’elle détient les herbes d’immortalité qui transformèrent Chang'e en fée.

Dans  Pérégrination vers l'Ouest , le Roi Singe,  Sun Wu Kong  (孫悟空), un dieu rebelle qui défie à plusieurs reprises l'autorité de l'Empereur de Jade, a été chargé du Jardin de l'Immortalité de Xi Wang Mu , une tâche très importante étant donné que ses pêches n'ont mûri qu'une seule fois. tous les 3 000 ans.

Au lieu de garder les pêches, cependant, Sun Wu Kong les a toutes mangées dans un acte de défi. Sun Wu Kong a ensuite été banni du ciel par Bouddha et coincé sous une montagne pendant 500 ans.

Une fiction historique, la Biographie de Han Wudi (漢武帝內傳 hanwudi neizhuan) de Ban Gu, mentionne les pêches d’immortalité, que Sun Wukong aurait dérobées dans La Pérégrination vers l'Ouest (Ming).

Des historiens chinois modernes ont proposé que Xi Wang Mu  soit la translittération d'un nom de tribu habitant à l'ouest de la Chine actuelle.

Le taoïsme lui associe parfois un Roi-père d’Orient.

Culte
Dans le Livre des Han, annales officielles de la dynastie jusque l’an 9, on apprend qu’en l’an 4 de l’ère Jianping de l’empereur Aidi (-3 ou -2), une grande sécheresse sévit dans le Henan et le Shaanxi. Guidée par les oracles de Xi Wang Mu , la population des zones sinistrées migra jusqu’à la capitale Chang'an (Xian) où on la vit danser et chanter en l’honneur de la déesse. Sous les Han son culte devient populaire et jouit d’une certaine reconnaissance officielle.

Divinité taoïste

Elle est associée au Roi-père d’Orient (東王公 ou 東王父) créé selon certains spécialement pour lui faire pendant. Ils sont chacun responsables des immortels de leur sexe. Selon certaines théories, ils sont aussi maîtres des souffles Yin et Yang et s’engendrent mutuellement. On lui prête parfois une messagère, sa disciple préférée, la Femme mystérieuse des neuf cieux (九天玄女 jiutianxuannu), identifiée avec qingniao (青鳥), l’oiseau à trois pattes du Livre des monts et des mers, ou avec xuanniao (玄鳥), l’"oiseau sombre" ancêtre des Yin.

D’après le Yongcheng jixianlu (墉城集仙錄), recueil de vies d’immortelles composé sous les Tang, elle serait apparue avec un corps d’oiseau et vêtue d’une peau de renard à Huangdi lors de sa bataille contre Chi You pour lui remettre le talisman des Cinq pics. Sa messagère, la Femme mystérieuse, aurait fabriqué le char indiquant le sud qui permit à l’Empereur Jaune de guider son armée, c'est pourquoi elle est la patronne des carrossiers.

Famille
Dans la mythologie populaire, xous le nom de Reine-mère aïeule, Wang Mu  Niang Niang, elle forme parfois un couple avec l’Empereur de jade "Yu Huang". Une fois par an, elle rencontre son époux, Dong Wang Gong, résidant dans l'Est. Cette rencontre symbolise l'union du Yin et du Yang.

Xi Wang Mu  est marié à l'Empereur de Jade (玉帝). Alors qu'on dit qu'ils ont énormément d'enfants, trois de leurs filles prennent le dessus sur toutes les autres. 

Ces filles comprennent Zhu Sheng Niang Niang / Zhù Shēng Niáng Niáng 注生娘娘, une déesse de la fertilité qui aide les couples ayant besoin d'enfants, Yan Guang Niang Niang / Yǎn Guāng Niáng Niáng 眼光娘娘, la protectrice des aveugles qui pouvait accorder la vue à ceux qui besoin, et Zhinü (織女)

Peut-être la fille la plus célèbre du couple, Zhinü est tristement tombée amoureuse d'un humain; cette histoire a finalement conduit à la création de la Saint-Valentin chinoise.

Son anniversaire divin est le 3 du troisième mois ou le 18 du septième mois.

Apparence
Parce que l'histoire de Xi Wang Mu  est si ancienne, ses origines en tant que divinité ne sont pas claires. Dans les premières dynasties chinoises, Xi Wang Mu  était considéré comme une figure démoniaque qui provoquait des inondations, des maladies et d'autres catastrophes majeures. Dans les premiers textes chinois, Xi Wang Mu  avait une apparence sauvage, presque sauvage, convenant à sa personnalité féroce. 

L'opinion populaire autour de Xi Wang Mu  a cependant commencé à changer à l'époque de la  dynastie Tang . Suite à ce changement, elle était considérée comme une déesse repentante et bienveillante.

Autour de la  dynastie Tang , cependant, l'opinion populaire autour de Xi Wang Mu  a commencé à changer de façon spectaculaire. Les textes la décrivaient maintenant comme ayant l'apparence d'une femme humaine, même si elle conservait certains traits bestiaux, notamment des dents de tigre et une queue de léopard.

Sur les fresques des temples ou parfois des tombes, elle est souvent représentée dans le verger d’immortalité ou assise sur un trône, parfois flanquée de Dong Wang Gong

Elle peut porter une peau de léopard et être accompagnée de l'oiseau bleu, d’un tigre blanc (symbole de l’Ouest), d’un renard à neuf queues (autre créature fantastique du Livre des monts et des mers) ou d’un lièvre qui rappelle la lune où Chang’e s’envola grâce aux herbes d’immortalité. Au-dessous d’elle se trouvent ses serviteurs et les immortelles. Quelquefois le soleil et la lune, symboles du Yin et du Yang, encadrent l’ensemble.

Xi Wang Mu était principalement associée aux tigres et aux chats sauvages qui sont liés à ses origines sauvages. Même si au fil du temps son image s'est apprivoisée, elle a d'abord conservé des dents de tigre et une queue de léopard. On croyait également qu'elle gardait des tigres comme compagnons et est souvent représentée avec eux dans l'art.

Xi Wang Mu est également associé à la lune et est souvent représenté dans l'art aux côtés du lapin de la lune martelant l'élixir d'immortalité dans un mortier et un pilon, d'une grenouille ou d'un crapaud dansant, qui fait allusion au mythe de Chang-e, la déesse de la lune, 

d'un corbeau à trois pattes, d'un renard à neuf queues et des filles de jade.


Deux des animaux les plus connus de la collection de créatures surnaturelles de Xi Wang Mu sont le renard magique à neuf queues et un corbeau à trois pattes. Ces créatures apparaissent abondamment dans le folklore de la Chine, de la Corée et du Japon. 

Le renard à neuf queues est très présent dans le folklore japonais en tant que yokai filou et serviteur de la divinité Inari. 

Le corbeau à trois pattes est connu au Japon sous le nom de Yatagarasu et est un messager d'Amaterasu, la déesse du soleil.

On pense que trois oiseaux bleus ou verts magiques sont des serviteurs et des messagers de Xi Wang Mu et ils sont un motif fréquent dans l'art chinois. Parfois, on pense aussi qu'elle monte dans un char tiré par un phénix ou qu'elle monte simplement le phénix lui-même (voir en haut à gauche de l'image ci-dessous).

Dans certaines images de l'ancienne déesse Xi Wang Mu, elle est accompagnée d'un cerf, ou parfois son char est tiré par un cerf, ce qui en Chine est un symbole de longévité. 


Il y a même des récits de son char tiré par un  Qi lin ou une licorne chinoise et parfois par un nuage violet.

Xi Wang Mu est également associée aux pies parce qu'elles sont liées à son propre rôle de tisserande du destin et au mythe du bouvier et de la tisserande (sa fille). Dans ce conte, les amants ne sont réunis qu'une fois par an en marchant sur un pont de pies.

Pont de pies

Elle est présente sur une fresque de Dunhuang dans le rôle de l’épouse d’Indra.

Hou Yi et Chang'e

L'un des mythes chinois les plus populaires est l'histoire de l'archer  Hou Yi  (后羿) et de sa femme  Chang'e  (嫦娥). Quand la terre était encore jeune, il y avait dix soleils dans le ciel. Il faisait incroyablement chaud tout le temps et il n'y avait pas de nuit. Utilisant son talent pour le tir à l'arc, Hou Yi abattit neuf des dix soleils.

Pour le récompenser de ses efforts, Xi Wang Mu  donna à Hou Yi un élixir d'immortalité. Avant qu'il ne puisse le boire, cependant, Chang'e a volé le flacon pour elle-même. Craignant la colère de son mari, la désormais immortelle Chang'e s'enfuit sur la lune.

Interactions avec les empereurs humains
Xi Wang Mu  est la seule divinité de tout le panthéon chinois capable de parler directement aux humains. Son pêcher, avec ses longues racines et ses hautes branches, sert d'intermédiaire entre la terre et le ciel. Cependant, Xi Wang Mu  ne s'adressait pas à n'importe qui. Lorsqu'elle parlait aux humains, Xi Wang Mu  s'adressait exclusivement aux empereurs chinois afin de leur donner le  Mandat du Ciel  et de leur enseigner les secrets de l'immortalité.

Le Mandat du Ciel était considéré comme le droit divin de régner de l'empereur. Le premier empereur à revendiquer le mandat du ciel lui avait été confié par Xi Wang Mu  était  l'empereur Shun  du Shanxi. Le jour où il a été couronné, cinq planètes se seraient alignées.

Dans la plupart de ses interactions avec les rois terrestres, Xi Wang Mu  a assumé le rôle d'un maître taoïste. Bien que Xi Wang Mu  fasse de son mieux pour leur enseigner ses secrets d'immortalité, les empereurs échoueraient toujours à ses tests et resteraient mortels.

L'absence a rendu le cœur plus affectueux et Hou Yi s'est vite retrouvé à regretter profondément sa femme. Elle lui manquait tellement qu'il a commencé à laisser des friandises, y compris des gâteaux de lune et des fruits, chaque soir pour l'apaiser. Cette tradition se perpétue à ce jour. Chaque année lors de la  Fête de la Mi-Automne , les Chinois laissent des offrandes à Chang'e, l'esprit de la lune.

Popularité

Xi Wang Mu  est une divinité très populaire, en particulier parmi les taoïstes. Parce que Xi Wang Mu  détient le pouvoir sur la santé et la fertilité, célébrer sa fête (qui tombe le jour de l'équinoxe d'automne annuel) est très important.

Figure particulièrement populaire parmi les femmes, Xi Wang Mu  est considérée comme une icône féministe mythologique grâce à ses vastes pouvoirs, sa nature sauvage et sa forte tendance indépendante.