dimanche 10 février 2019

La musique dans la chine ancienne

Les premières traces de la musicothérapie en Chine remontent au troisième millénaire avant J.C.


Les Anciens Taoïstes considéraient la musique comme la base de toute chose ; tout, même le corps humain, était façonné en fonction de la musique émise à l'intérieur de sa substance. Selon cette théorie, un son primordial émis à partir d'une source spirituelle centrale serait à l'origine de la création de l'intégralité de l'univers physique.

Les maîtres de la médecine énergétique savaient, depuis des siècles, que les schémas musicaux pouvaient influer sur la santé, le caractère, le sens moral et la conscience de l'individu. Un ancien texte taoïste dit que " chaque son possède quelque chose qui dérange, appelle et oblige à venir".

En fonction de ce principe, les Anciens Chinois utilisaient le pouvoir de la musique afin de dresser les animaux sauvages, de changer l'ordre naturel d monde, de provoquer la sècheresse ou d'altérer le cours des saisons. 

La musique traditionnelle chinoise est basée sur l’ancien système pentatonique (échelle à cinq tons).

Selon la légende, le premier instrument de musique aurait été créé par Fu Xi dans le tronc de l'arbre Wu Tong (arbre du phénix).

Fu Xi a coupé le tronc de l’arbre en trois segments. Il a d’abord frappé le segment du dessus et a remarqué que le son était trop aigu. Il a ensuite frappé le segment inférieur mais le son était trop grave. Il a alors choisi le segment du milieu, dont le son n’était ni trop aigu ni trop grave.

Après avoir placé le morceau de bois dans une rivière pendant 72 jours, il a choisi une date opportune et a fait venir un artisan qualifié pour le transformer en un instrument de musique. L’artisan ne savait pas par où commencer, et Fu Xi lui a donc demander de le faire sur 3 pieds (1 mètre), 6 pouces (15 cm) et 1 fen, pour coïncider avec les degrés d’une circonférence. La largeur était de 8 pouces (20 cm) à une extrémité et de 4 pouces  (10 cm) à l’autre pour correspondre aux nombres de périodes et de saisons de l’année ; il a placé 5 cordes pour représenter les cinq éléments.

Durant la dynastie Zhou, Zhou Wen Wang a ajouté une sixième corde en mémoire de son fils. Son successeur en a ajouté une septième pour motiver ses troupes dans la bataille contre les Shang. Les treize hui, les points le long de la surface, représentent les treize mois de l’année dans le calendrier lunaire. La partie frontale est courbée et représente la voûte céleste, tandis que l’arrière est plat et représente la Terre.
Cet instrument de musique est maintenant connu sous le nom de Gu Qin (prononcer [gu- chin]), qui signifie « ancien instrument de musique ».
En fonction de ce principe, les Anciens Chinois utilisaient le pouvoir de la musique afin de dresser les animaux sauvages, de changer l'ordre naturel d monde, de provoquer la sècheresse ou d'altérer le cours des saisons.

Lorsque les notes sont organisées en structures rythmiques et mélodiques, elles peuvent produire un effet positif ou négatif sur les champs énergétiques physiques, mental, émotionnel et spirituel du corps.  L'un de livres issu des Traités taoïstes sur les usages cérémoniels, intitulé "Le livre de la musique" affirme que les passions de l'individu doivent être canalisées par l'intermédiaire de la musique.

 « Les sons sacrés » ont été utilisés au travers des âges pour guérir et pour les quêtes spirituelles (en association avec les postures, les mouvements rythmiques et les chants). On croyait également que la musique possédait une puissante influence sociale et politique. Confucius affirma un jour que si la musique d'un royaume changeait, alors sa société se transformerait de même.

En Chine, le Livre des rites attribué à Confucius (551 - 479 avant J.-C.), établit une classification des instruments de musique en huit catégories, selon leur matériau de fabrication : métal, pierre, bois, soie, bambou, peau, calebasse et terre. Il faut savoir que dans la Chine impériale, la musique avait un rôle social, moral et aussi thérapeutique. C’était une institution publique dont l’objet consistait à maintenir l’harmonie entre le ciel et la terre. Sous la dynastie des Han antérieurs (IIe siècle avant J.-C.) fut même créé un Département de la Musique, le Yue-Fou. Cet organisme, entre autres responsabilités, devait veiller à la bonne fabrication des instruments de musique.

Les huit catégories d’instruments correspondent aux   huit trigrammes , comme le montre le schéma suivant, emprunté au traité de médecine chinoise de Chamfrault et Van Nghi :
Dans la Chine ancienne, la thérapie par la musique se focalisait sur l'harmonisation des Cinq Eléments dans les organes Yin et Yang du corps et était également utilisée lors de la formation au Feng Shui afin de réguler les déséquilibres du mental et du corps dus aux changements saisonniers.
D'après la théorie fondamentale des 5 éléments de la philosophie taoïste, il y a 5 éléments de base dans l'univers (terre, métal, eau, bois, feu). Ce principe s'applique également à notre corps, composé de 5 systèmes, chacun étant relié à un organe, un élément, un son,...

Ces concordances expliquent le rôle thérapeutique des instruments de musique : les flûtes tonifient le foie, les cordes tonifient le cœur, l’ocarina tonifie la rate, les cloches tonifient le poumon et les tambours tonifient le rein.

Le son correspondant à l'organe est le son de l'élément mis en relation avec cet organe. Ainsi, le son du foie est en réalité le son que l'on peut entendre dans une méditation reliée à l'élément bois.
À l'automne, par exemple, période de sécheresse et de transition entre le chaud et le froid, on utilisait la musique pour aider le corps à s'adapter au changement de conditions extérieures.

Les cinq tonalités chinoises;
Pendant des siècles, en Chine, les praticiens se sont servis du son pour traiter certaines parties du corps en stimulant la circulation du Qi et du Sang pour la diriger ou l'éloigner des organes et tissus internes concernés et ainsi améliorer la santé et l'équilibre énergétique du patient. Les sons guérisseurs principaux sont liés aux caractéristiques des cinq agents et des cinq éléments correspondant aux organes internes.

La musique par ses fréquences sonores, rétablit l’équilibre compromis par des troubles pathologiques entre les organes de notre corps et le monde extérieur. On peut lire dans les Mémoires historiques de Su Ma T’Sien : « La note Gong agit sur la rate et conduit l’homme à la parfaite sainteté ; la note Shang agit sur le poumon et conduit l’homme à la parfaite équité ; la note kio (jue) agit sur le foie et conduit l’homme à l’harmonie de la parfaite bonté ; la note tché (zhi) agit sur le cœur et conduit l’homme à l’harmonie des rites parfaits ; la note Yu agit sur les reins et conduit l’homme à l’harmonie de la parfaite sagesse.»

Le médicament en chinois peut se traduire par "mettre une note de musique dans le coeur". 

Chacun des cinq éléments possède ne note spécifique :

ü  Gong - Do = Terre : Rate
ü  Shang - Ré = Métal: poumons
ü  Jue- Mi = Bois : Foie
ü  Zhi-sol = Feu : Coeur
ü  Yu- la = Eau : Reins

L’acupuncture musicale
L’association des sons à l’acupuncture est l’un des principes de la musicothérapie chinoise traditionnelle.
Les douze méridiens correspondant aux six organes yin et aux six entrailles yang qui rassemblent toutes les fonctions sont des régions énergétiques qui vibrent comme les cordes d’un instrument. Selon Kong Tshung Chu (IIe siècle av. J.-C.) « les esprits vitaux des Hommes accordés sur les tons du Ciel et de la Terre, en reflètent les frémissements comme plusieurs luths, accordés sur la même tonique, vibrent tous quand la tonique résonne. »

Il existe une correspondance vibratoire entre les méridiens d’acupuncture et les douze sons chromatiques. Su Ma T’sien explique dans ses Mémoires historiques que chacun des douze lius (sons correspondant aux méridiens) constitue une fondamentale à partir de laquelle il est possible d’établir une gamme pentatonique.

Les notes de musique correspondent alors à des points d’acupuncture situés sur le méridien en rapport avec la gamme : il s’agit surtout des points shu antiques, qui se trouvent sur les membres.

Dans son Traité d’acupuncture chinoise, G. Martinelli estime que « la musicothérapie est efficace car le monde de la musique, comme celui des chiffres, est une manifestation de l’harmonie universelle qui s’appuie sur trois plans du Yin passif, du Yang actif et du Tao qui réunit les deux stimulations de sens contraire ; dans la mesure où elle ramène toutes les déviations sur l’équilibre, la musique permet précisément de récupérer cet équilibre primaire qui est la santé physique, psychique et émotionnelle de l’homme. »

La notion d’harmonie universelle est à l’origine même de la musique chinoise. On raconte, en effet, que l’empereur Huang ti, en 260 av. J.-C., aurait chargé son ministre Ling Louen de l’élaboration d’une théorie musicale en rapport avec l’harmonie de la nature. Celui-ci détermina un son « fondamental » en soufflant dans un tube de bambou de 81 fen (dixièmes de pouce). Ce son de référence, nommé houang-tchong (cloche jaune) a une fréquence voisine de Fa 3 selon le Père Amiot. D’après la légende, le ministre coupa ensuite onze autres bambous, de sorte à reproduire les différentes notes chantées par deux phénix, l’un mâle et l’autre femelle : il obtint ainsi six tubes yin et six tubes yang.

Les notes de ces douze tuyaux sonores constituent le système des douze lius. Lu Pou Wei, dans le recueil encyclopédique Lu Che Tch’oen ts’eou qui échappa à l’incendie des livres sous le règne de Che Houang Ti (IIIe siècle avant notre ère), écrit : « Quand un tuyau a pour longueur les 4/3 de la longueur du tuyau générateur, c’est la génération supérieure ; quand un tuyau a pour longueur les 2/3 de la longueur du tuyau générateur, c’est la génération inférieure. Il y a donc génération supérieure toutes les fois que la note est abaissée d’une quarte ; il y a génération inférieure toutes les fois que la note est élevée d’une quinte. »

Les cinq premiers lius obtenus dans cette série alternative de quintes montantes et de quartes descendantes (fa-do-sol-ré-la) forment la gamme pentatonique (fa-sol-la-do-ré) dont la composition est fondée sur l’union du pair (yin) et de l’impair (yang). Les cinq degrés de la gamme pentatonique donnent naissance à cinq échelles ou « modes » : mode de Gong (fa-sol-la-do-ré), mode de Shhang (sol-la-do-ré-fa), mode de kio (Jue) (la-do-ré-fa-sol), mode de tché (Zhi) (do-ré-fa-sol-la) et mode de yu (ré-fa-sol-la-do).

Selon le principe de la transposition, chacun des douze lius peut servir de point de départ à ces cinq modes, ce qui donne soixante échelles sonores différentes.
La relation entre les douze lius et les douze méridiens s’établit selon le tableau suivant :

Liu
note
méridien
signe
Vibrations par seconde
Houang Tchoung
Vésicule biliaire
yang
292,7
Ta ling
ré #
Foie
yin
305,6
Ta tsou
mi
Poumons
yang
326,2
tsia Tchoung
fa
Gros intestin
yin
343,1
Kou Hsi
fa #
Estomac
yang
365,7
Tchong ling
sol
Rate
yin
391,5
Tsou ping
sol #
Coeur
yang
410,1
ling Tchoug
la
Intestin grêle
yin
437,0
I tsou
la #
Vessie
yang
460,0
Nan ling
si
Rein
yin
471,5
Wou che
do
Maître du coeur
yang
491,3
ing tchong
do #
Triple réchauffeur
yin
549,5

Les lius présentent une double polarité : l’aspect positionnel selon la hauteur (fréquence) et l’aspect fonctionnel selon leur place dans la gamme. Chaque liu constitue la fondamentale d’un méridien et forme en même temps différents intervalles avec d’autres toniques. Ces intervalles représentent les fonctions des notes

 Les cinq notes et les cinq fonctions correspondent aux cinq éléments : 

koung
Tonique
Terre
Chang
Seconde
Métal
Kyo
Tierce
Bois
Tché
Quinte
Feu
Yu
Sixte
Eau

La liste des intervalles correspondant aux points SHU antiques s’établit en respectant le modèle pentatonique :

Méridien
Tonique
Quinte
Seconde
Sixte
Tierce
VB
la
mi
si
fa #
IG
la
mi
si
fa #
do #
P
mi
si
fa #
do #
sol #
R
si
fa #
do #
sol #
ré #
E
fa #
do #
sol #
ré #
la #
TR
do #
sol #
ré #
la #
mi # (fa)
C
sol #
ré #
la #
mi # (fa)
si # (do)
F
ré #
la #
mi # (fa)
si # (do)
fa x (sol)
V
la #
mi # (fa)
si # (do)
fa x (sol)
do x (ré)
GI
fa (mi #)
do
sol
la
MC
do (si #)
sol
la
mi
Rt
sol (fa x)
la
mi
si
          (x signifie double dièse)

C’est la fonction qui détermine le choix des points pour la tonification ou la dispersion, sachant qu’un même intervalle tonifie le Yin et disperse le Yang à la fois.

Par ailleurs, à chaque liu est associée une position de la lune. Ainsi, en fonction du mouvement de l’énergie dans le cycle annuel, la quinte disperse le Yin mais tonifie le Yang de novembre à mai et tonifie le Yin mais disperse le Yang de mai à novembre. La tierce occupe une fonction inverse de celle de la quinte.

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