Les Anciens Taoïstes considéraient la musique comme la base
de toute chose ; tout, même le corps humain, était façonné en fonction de la
musique émise à l'intérieur de sa substance. Selon cette théorie, un son
primordial émis à partir d'une source spirituelle centrale serait à l'origine
de la création de l'intégralité de l'univers physique.
Les maîtres de la médecine énergétique savaient, depuis des
siècles, que les schémas musicaux pouvaient influer sur la santé, le caractère,
le sens moral et la conscience de l'individu. Un ancien texte taoïste dit que
" chaque son possède quelque chose
qui dérange, appelle et oblige à venir".
En fonction de ce principe, les Anciens Chinois utilisaient
le pouvoir de la musique afin de dresser les animaux sauvages, de changer
l'ordre naturel d monde, de provoquer la sècheresse ou d'altérer le cours des
saisons.
La musique traditionnelle chinoise est basée sur l’ancien
système pentatonique (échelle à cinq tons).
Selon la légende, le premier instrument de musique aurait été créé par Fu Xi dans le tronc de l'arbre Wu Tong (arbre du phénix).
Fu Xi a coupé le tronc de l’arbre en trois segments. Il a
d’abord frappé le segment du dessus et a remarqué que le son était trop aigu.
Il a ensuite frappé le segment inférieur mais le son était trop grave. Il a
alors choisi le segment du milieu, dont le son n’était ni trop aigu ni trop
grave.
Après avoir placé le morceau de bois dans une rivière
pendant 72 jours, il a choisi une date opportune et a fait venir un artisan
qualifié pour le transformer en un instrument de musique. L’artisan ne savait
pas par où commencer, et Fu Xi lui a donc demander de le faire sur 3 pieds (1
mètre), 6 pouces (15 cm) et 1 fen, pour coïncider avec les degrés d’une
circonférence. La largeur était de 8 pouces (20 cm) à une extrémité et de 4
pouces (10 cm) à l’autre pour correspondre
aux nombres de périodes et de saisons de l’année ; il a placé 5 cordes pour
représenter les cinq éléments.
Durant la dynastie Zhou, Zhou Wen Wang a ajouté une sixième
corde en mémoire de son fils. Son successeur en a ajouté une septième pour
motiver ses troupes dans la bataille contre les Shang. Les treize hui, les
points le long de la surface, représentent les treize mois de l’année dans le
calendrier lunaire. La partie frontale est courbée et représente la voûte
céleste, tandis que l’arrière est plat et représente la Terre.
Cet instrument de musique est maintenant connu sous le nom
de Gu Qin (prononcer [gu- chin]),
qui signifie « ancien instrument de musique ».
En fonction de ce principe, les Anciens Chinois utilisaient
le pouvoir de la musique afin de dresser les animaux sauvages, de changer
l'ordre naturel d monde, de provoquer la sècheresse ou d'altérer le cours des
saisons.
Lorsque les notes sont organisées en structures rythmiques
et mélodiques, elles peuvent produire un effet positif ou négatif sur les
champs énergétiques physiques, mental, émotionnel et spirituel du corps. L'un de livres issu des Traités taoïstes sur
les usages cérémoniels, intitulé "Le livre de la musique" affirme que les
passions de l'individu doivent être canalisées par l'intermédiaire de la
musique.
« Les sons sacrés »
ont été utilisés au travers des âges pour guérir et pour les quêtes
spirituelles (en association avec les postures, les mouvements rythmiques et
les chants). On croyait également que la musique possédait une puissante
influence sociale et politique. Confucius affirma un jour que si la musique
d'un royaume changeait, alors sa société se transformerait de même.
En Chine, le Livre des rites attribué à Confucius (551 - 479
avant J.-C.), établit une classification des instruments de musique en huit
catégories, selon leur matériau de fabrication : métal, pierre, bois, soie,
bambou, peau, calebasse et terre. Il faut savoir que dans la Chine impériale,
la musique avait un rôle social, moral et aussi thérapeutique. C’était une
institution publique dont l’objet consistait à maintenir l’harmonie entre le
ciel et la terre. Sous la dynastie des Han antérieurs (IIe siècle avant J.-C.)
fut même créé un Département de la Musique, le Yue-Fou. Cet organisme, entre
autres responsabilités, devait veiller à la bonne fabrication des instruments
de musique.
Les huit catégories d’instruments correspondent aux huit trigrammes , comme le montre le schéma suivant, emprunté au traité de médecine chinoise de Chamfrault et Van Nghi :
Dans la Chine ancienne, la thérapie par la musique se
focalisait sur l'harmonisation des Cinq
Eléments dans les organes Yin et Yang du corps et était également
utilisée lors de la formation au Feng
Shui afin de réguler les déséquilibres du mental et du corps dus aux
changements saisonniers.
D'après la théorie fondamentale des 5 éléments de la philosophie taoïste, il y a 5 éléments de base
dans l'univers (terre, métal, eau, bois, feu). Ce principe s'applique également
à notre corps, composé de 5 systèmes, chacun étant relié à un organe, un
élément, un son,...
Ces concordances expliquent le rôle thérapeutique des
instruments de musique : les flûtes tonifient le foie, les cordes tonifient le
cœur, l’ocarina tonifie la rate, les cloches tonifient le poumon et les tambours
tonifient le rein.
Le son correspondant à l'organe est le son de l'élément
mis en relation avec cet organe. Ainsi, le son du foie est en réalité le son
que l'on peut entendre dans une méditation reliée à l'élément bois.
À l'automne, par exemple, période de sécheresse et de
transition entre le chaud et le froid, on utilisait la musique pour aider le
corps à s'adapter au changement de conditions extérieures.
Les cinq tonalités chinoises;
Pendant des siècles, en Chine, les
praticiens se sont servis du son pour traiter certaines parties du corps en
stimulant la circulation du Qi et du Sang pour la diriger ou l'éloigner des
organes et tissus internes concernés et ainsi améliorer la santé et l'équilibre
énergétique du patient. Les sons guérisseurs principaux sont liés aux
caractéristiques des cinq agents et des cinq éléments correspondant aux organes
internes.
La musique par ses fréquences sonores, rétablit l’équilibre compromis par des troubles pathologiques entre les organes de notre corps et le monde extérieur. On peut lire dans les Mémoires historiques de Su Ma T’Sien : « La note Gong agit sur la rate et conduit l’homme à la parfaite sainteté ; la note Shang agit sur le poumon et conduit l’homme à la parfaite équité ; la note kio (jue) agit sur le foie et conduit l’homme à l’harmonie de la parfaite bonté ; la note tché (zhi) agit sur le cœur et conduit l’homme à l’harmonie des rites parfaits ; la note Yu agit sur les reins et conduit l’homme à l’harmonie de la parfaite sagesse.»
Le médicament en chinois peut se traduire par "mettre une note de musique dans le coeur".
ü
Gong -
Do = Terre : Rate
ü
Shang
- Ré = Métal: poumons
ü
Jue-
Mi = Bois : Foie
ü
Zhi-sol
= Feu : Coeur
ü
Yu- la
= Eau : Reins
L’acupuncture musicale
L’acupuncture musicale
L’association des sons à l’acupuncture
est l’un des principes de la musicothérapie chinoise traditionnelle.
Les douze méridiens correspondant aux six organes yin et aux
six entrailles yang qui rassemblent toutes les fonctions sont des régions
énergétiques qui vibrent comme les cordes d’un instrument. Selon Kong Tshung Chu (IIe siècle av. J.-C.) «
les esprits vitaux des Hommes accordés
sur les tons du Ciel et de la Terre, en reflètent les frémissements comme
plusieurs luths, accordés sur la même tonique, vibrent tous quand la tonique
résonne. »
Il existe une correspondance vibratoire entre les méridiens
d’acupuncture et les douze sons chromatiques. Su Ma T’sien explique dans ses Mémoires historiques que chacun des
douze lius (sons correspondant aux
méridiens) constitue une fondamentale à partir de laquelle il est possible
d’établir une gamme pentatonique.
Les notes de musique correspondent alors à des points d’acupuncture situés sur le méridien en rapport avec la gamme : il s’agit surtout des points shu antiques, qui se trouvent sur les membres.
Les notes de musique correspondent alors à des points d’acupuncture situés sur le méridien en rapport avec la gamme : il s’agit surtout des points shu antiques, qui se trouvent sur les membres.
Dans son Traité d’acupuncture chinoise, G. Martinelli estime
que « la musicothérapie est efficace car
le monde de la musique, comme celui des chiffres, est une manifestation de
l’harmonie universelle qui s’appuie sur trois plans du Yin passif, du Yang
actif et du Tao qui réunit les deux stimulations de sens contraire ; dans la
mesure où elle ramène toutes les déviations sur l’équilibre, la musique permet
précisément de récupérer cet équilibre primaire qui est la santé physique,
psychique et émotionnelle de l’homme. »
La notion d’harmonie universelle est à l’origine même de la
musique chinoise. On raconte, en effet, que l’empereur Huang ti, en 260 av.
J.-C., aurait chargé son ministre Ling
Louen de l’élaboration d’une théorie musicale en rapport avec l’harmonie de
la nature. Celui-ci détermina un son « fondamental » en soufflant dans un tube
de bambou de 81 fen (dixièmes de pouce). Ce son de référence, nommé houang-tchong (cloche jaune) a une
fréquence voisine de Fa 3 selon le Père Amiot. D’après la légende, le ministre
coupa ensuite onze autres bambous, de sorte à reproduire les différentes notes
chantées par deux phénix, l’un mâle et l’autre femelle : il obtint ainsi six
tubes yin et six tubes yang.
Les notes de ces douze tuyaux sonores constituent le système
des douze lius. Lu Pou Wei, dans le recueil encyclopédique Lu Che Tch’oen
ts’eou qui échappa à l’incendie des livres sous le règne de Che Houang Ti (IIIe
siècle avant notre ère), écrit : « Quand
un tuyau a pour longueur les 4/3 de la longueur du tuyau générateur, c’est la
génération supérieure ; quand un tuyau a pour longueur les 2/3 de la longueur
du tuyau générateur, c’est la génération inférieure. Il y a donc génération
supérieure toutes les fois que la note
est abaissée d’une quarte ; il y a génération inférieure toutes les fois que la
note est élevée d’une quinte. »
Les cinq premiers lius
obtenus dans cette série alternative de quintes montantes et de quartes
descendantes (fa-do-sol-ré-la) forment la gamme pentatonique (fa-sol-la-do-ré)
dont la composition est fondée sur l’union du pair (yin) et de l’impair (yang).
Les cinq degrés de la gamme pentatonique donnent naissance à cinq échelles ou «
modes » : mode de Gong (fa-sol-la-do-ré), mode de Shhang (sol-la-do-ré-fa), mode
de kio (Jue) (la-do-ré-fa-sol), mode de tché (Zhi) (do-ré-fa-sol-la) et mode de yu
(ré-fa-sol-la-do).
Selon le principe de la transposition, chacun des douze lius peut servir de point de départ à ces cinq modes, ce qui donne soixante échelles sonores différentes.
Selon le principe de la transposition, chacun des douze lius peut servir de point de départ à ces cinq modes, ce qui donne soixante échelles sonores différentes.
La relation entre les douze lius et les douze méridiens
s’établit selon le tableau suivant :
Liu
|
note
|
méridien
|
signe
|
Vibrations par
seconde
|
Houang Tchoung
|
ré
|
Vésicule biliaire
|
yang
|
292,7
|
Ta ling
|
ré #
|
Foie
|
yin
|
305,6
|
Ta tsou
|
mi
|
Poumons
|
yang
|
326,2
|
tsia Tchoung
|
fa
|
Gros intestin
|
yin
|
343,1
|
Kou Hsi
|
fa #
|
Estomac
|
yang
|
365,7
|
Tchong ling
|
sol
|
Rate
|
yin
|
391,5
|
Tsou ping
|
sol #
|
Coeur
|
yang
|
410,1
|
ling Tchoug
|
la
|
Intestin grêle
|
yin
|
437,0
|
I tsou
|
la #
|
Vessie
|
yang
|
460,0
|
Nan ling
|
si
|
Rein
|
yin
|
471,5
|
Wou che
|
do
|
Maître du coeur
|
yang
|
491,3
|
ing tchong
|
do #
|
Triple
réchauffeur
|
yin
|
549,5
|
Les lius présentent une double polarité : l’aspect positionnel selon la hauteur (fréquence) et l’aspect fonctionnel selon leur place dans la gamme. Chaque liu constitue la fondamentale d’un méridien et forme en même temps différents intervalles avec d’autres toniques. Ces intervalles représentent les fonctions des notes
Les cinq notes et les
cinq fonctions correspondent aux cinq éléments :
koung
|
Tonique
|
Terre
|
Chang
|
Seconde
|
Métal
|
Kyo
|
Tierce
|
Bois
|
Tché
|
Quinte
|
Feu
|
Yu
|
Sixte
|
Eau
|
La liste des intervalles correspondant aux points SHU antiques s’établit en respectant le modèle pentatonique :
Méridien
|
Tonique
|
Quinte
|
Seconde
|
Sixte
|
Tierce
|
VB
|
ré
|
la
|
mi
|
si
|
fa #
|
IG
|
la
|
mi
|
si
|
fa #
|
do #
|
P
|
mi
|
si
|
fa #
|
do #
|
sol #
|
R
|
si
|
fa #
|
do #
|
sol #
|
ré #
|
E
|
fa #
|
do #
|
sol #
|
ré #
|
la #
|
TR
|
do #
|
sol #
|
ré #
|
la #
|
mi # (fa)
|
C
|
sol #
|
ré #
|
la #
|
mi # (fa)
|
si # (do)
|
F
|
ré #
|
la #
|
mi # (fa)
|
si # (do)
|
fa x (sol)
|
V
|
la #
|
mi # (fa)
|
si # (do)
|
fa x (sol)
|
do x (ré)
|
GI
|
fa (mi #)
|
do
|
sol
|
ré
|
la
|
MC
|
do (si #)
|
sol
|
ré
|
la
|
mi
|
Rt
|
sol (fa x)
|
ré
|
la
|
mi
|
si
|
(x signifie double dièse)
C’est la fonction qui détermine le choix des points pour la tonification ou la dispersion, sachant qu’un même intervalle tonifie le Yin et disperse le Yang à la fois.
Par ailleurs, à chaque liu est associée une position de la lune. Ainsi, en fonction du mouvement de l’énergie dans le cycle annuel, la quinte disperse le Yin mais tonifie le Yang de novembre à mai et tonifie le Yin mais disperse le Yang de mai à novembre. La tierce occupe une fonction inverse de celle de la quinte.
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