Généralement, l'acupuncteur insère les aiguilles à la surface de la peau d'un petit geste vif.
1. La main qui pique et la main qui assiste
Lors de la manipulation, on distingue la main qui pique et la main qui assiste. La main qui pique est celle
qui tient l'aiguille et la main qui assiste celle qui est appuyée sur la zone de puncture. Dans la pratique
clinique, la main qui pique est généralement la main droite et la main qui assiste à la main gauche. Le
chapitre Jiu Zhen Shi Er Yuan (neuf aiguilles et douze Yuan) du Ling Shu déclare : «La main droite pousse
et la gauche tient et conduit». Le Nan Jing (classique des problèmes difficiles, écrit par Bian Que à l'époque
des Royaumes Combattants) dit : «Ceux qui savent manier l'aiguille font confiance à la main gauche, ceux
qui ne savent pas à la main droite». Le Biao You Fu précise : «La main gauche est lourde et appuie pour
disperser l'énergie, la droite est légère et fait pénétrer lentement; telle est la façon de ne point faire mal». La coordination entre les deux mains est donc bien importante.
La main qui pique tient l'aiguille qu'elle insère rapidement dans la peau d'une impulsion du doigt. Lors de
la manipulation, c'est elle qui la fait tourner, l'enfonce et la tire. Pour tenir l'aiguille convenablement, il faut
serrer le manchon entre le pouce, l'index et le majeur et appliquer l'annulaire contre le corps. Cette façon de
tenir l'aiguille permet d'avoir plus de force pour l'insérer dans la peau, de concentrer cette force dans la
pointe et d'éviter qu'elle ne se torde. Que l'on insère ou retire l'aiguille, il faut veiller à la maintenir
strictement dans son axe vertical. La main qui assiste (gauche) sert principalement à localiser exactement le
point choisi, à diminuer la sensation douloureuse au moment où l'aiguille pénètre dans la peau et à servir
d'appui au corps de l'aiguille afin d'éviter qu'elle ne se torde ou ne bouge. La main qui assiste sert
également à régulariser ou à accentuer la réponse à la stimulation et par là même à renforcer l'efficacité du
traitement.
2. L’insertion de t'aiguille
En général il y a douleur au moment où la pointe de l'aiguille pénètre dans la peau, mais quand on pousse l'aiguille plus profondément, il n'y a guère de douleur. C'est pourquoi pour avoir le minimum de douleur, le mouvement d'insertion de l'aiguille dans la peau doit être rapide.
2-1) Insertion avec une main
2-2) Insertion avec deux mains
(1) Insertion avec pression de l'ongle
C'est la méthode la plus largement utilisée.
Appuyer fortement l'ongle du pouce, de l'index ou
du majeur de la main gauche sur le point choisi et
faire pénétrer l'aiguille avec la main droite au ras de
l'ongle. Cette méthode convient surtout pour les
aiguilles courtes.
(2) Insertion guidée par les doigts assistants
Serrer le corps de l'aiguille entre le pouce et l'index de la main gauche et placer la pointe sur la peau au niveau du point choisi. La main droite tient le manchon bien à la verticale. D'un seul geste, enfoncer l'aiguille avec les doigts de la main droite et en même temps, avec le pouce et l'index de la main gauche. Cette méthode convient surtout pour les aiguilles longues.
(3) Insertion avec étalement de la peau
Tenir les cinq doigts de la main gauche en extension, index et majeur légèrement écartés de part et d'autre
du point choisi. Tenir l'aiguille de la main droite et l'enfoncer entre l'index et le majeur de la main gauche
qui servent d'appui au corps de l'aiguille au moment de l'insertion afin d’éviter qu'elle ne se torde. Cette
méthode convient surtout pour les punctures profondes.
En certains endroits du corps où la peau est lâche ou plissée, on peut l'écarter au niveau du point choisi
entre le pouce et l'index ou entre l'index et le majeur de la main gauche avant de piquer.
(4) Insertion avec pincement de la peau
Pincer la peau entre le pouce et l'index de la main gauche pour obtenir un bourrelet au niveau du point choisi et insérer l'aiguille dans le bourrelet. Cette méthode convient au endroits où les tissus sont minces tels que les points Yin Tang (HM) et E4 Di Cang à la face.
Le choix d'une méthode d'insertion dépend des particularités de chaque point, de la profondeur d'insertion et des
besoins de la manipulation, le but étant d'éviter toute souffrance inutile au patient. Pour diminuer la sensation
douloureuse au moment de la piqûre, on peut également utiliser un tube métallique (mandrin) spécialement conçu
pour remplacer la main assistante ainsi que des aiguilles à manchon plat ou tubulaire. Dans ce cas, il faut insérer
l'aiguille dans le mandrin et la propulser d'un coup de doigt. Le mandrin doit être retiré après pénétration de
l'aiguille dans la peau.
2-3) Angle, direction et profondeur de la puncture
Dans la pratique clinique, la maîtrise de l'angle, de la direction et de la profondeur de pénétration de
l'aiguille est d'une importance capitale. Ils varient en fonction du problème à résoudre, de l'âge du patient, de sa constitution et de l'emplacement du point d'acupuncture. Par exemple, le point E6 Jia Che, situé sur la mâchoire, sera puncturé vers le bas pour une odontalgie de la mâchoire inférieure, vers la bouche dans le cas d'une paralysie faciale avec difficulté à mastiquer ou avec déviation de la bouche, vers le haut dans le cas d'une douleur du trijumeau et perpendiculairement à la peau dans un cas d'arthrite à la mâchoire.
Traiter correctement un point consiste, après l'avoir localisé à la surface de la peau, à enfoncer l'aiguille suivant un angle, une direction et une profondeur adéquats. C'est à
ces conditions que l'effet thérapeutique optimal sera obtenu. En effet pour un même point, la réaction et le
résultat obtenus dépendent de l'angle, de la direction et de la profondeur d'insertion choisis ainsi que de la
nature des tissus atteints. Le degré de maîtrise d'un acupuncteur dépend intimement de son habileté à
choisir comme il convient les différents paramètres d'insertion de l'aiguille. Bien qu'au plan clinique ceuxci dépendent essentiellement du point choisi, d'autres facteurs tels que la constitution physique du malade
ou l'état de sa maladie doivent également être pris en compte.
. Angle :
L'angle d'insertion est à choisir en fonction de l'emplacement du point, des tissus que l'on veut atteindre et de la direction que l'on désire donner à l'aiguille. L'angle d'insertion doit donc être calculé en fonction d'une direction donnée. Par exemple, obliquement vers le haut, tangentiellement vers le bas, etc… Le choix de l'angle dépend en outre de l'aiguille utilisée et de la manipulation choisie.
• Direction verticale :
L'insertion se fait suivant un angle de 90° (ou proche de la verticale) avec la surface cutanée. Cette
direction est principalement utilisée là où les parties molles sont épaisses, mais on peut également choisir
cette direction lorsqu'on utilise une aiguille triangulaire (destinée aux saignées) ou une aiguille dermique
(Pi Fu Zhen qui n’intéresse que l’épiderme).
• Direction oblique :
Très largement utilisée, elle s'applique surtout aux points situés au contact des os, que l'on ne peut donc
piquer en profondeur. L'insertion se fait suivant un angle de 40° à 60°. On utilise surtout cette direction
pour stimuler la couche musculaire ou faire circuler l'énergie.
• Direction tangentielle :
L'insertion se fait aiguille couchée, suivant un angle de 15° environ. Cette direction s'applique
principalement aux points de la tête où les parties molles sont très minces. On peut également l'utiliser pour
effectuer des punctures transfixiantes.
• Profondeur :
La profondeur d'insertion doit être déterminée judicieusement; elle dépend essentiellement des zones et
des tissus affectés. Le chapitre Ci Yao Lun (L'important concernant les punctures) du Su Wen déclare : «Il
convient de piquer en profondeur ou en surface suivant que la maladie est immergée ou émergée, chaque
cas a sa raison, on ne peut déroger à la voie». En d'autres termes, il faut déterminer la profondeur
d'insertion de l'aiguille en fonction de la profondeur des tissus et de la nature de la maladie. Il est fréquent
qu'un même point guérisse plusieurs maladies suivant la profondeur à laquelle on le pique.
Le point E7 Xia Guan , par exemple, piqué tangentiellement vers le bas le long de la couche musculaire sous-cutanée
superficielle à 2 ou 2,5 distances en piqûre transfixiante jusqu'au point E6 Jia Che, permet de soigner la
paralysie faciale. Piqué obliquement à 0,5 ou 0,7 distance vers l'avant ou l'arrière, il permet de soigner les
affections de l'articulation temporo-maxillaire, et piqué perpendiculairement à 1,5 à 2 distances, il permet
de soigner les névralgies du trijumeau.
La profondeur de pénétration commande également la force de la
stimulation et, généralement, plus on pique profond plus la stimulation est forte. Pour toutes ces raisons, il
est déconseillé de piquer trop profondément les malades faibles ou sujets au mal des aiguilles. Il faut
également éviter de piquer trop profondément certains points situés à proximité de viscères importants afin
de ne pas les léser.
2-4) punctures transfixiantes
Cette méthode renforce la stimulation. Elle est d'une utilisation simple et ne provoque qu'une très faible sensation douloureuse. On distingue plusieurs sortes de piqûres transfixiantes :
• En fonction de l'angle d'insertion :
a) Piqûre transfixiante horizontale : consiste à percer le derme puis à longer, tangentiellement, sa face
profonde. Cette méthode convient principalement pour les endroits du corps où les parties molles sont
minces. Par exemple, piqûre transfixiante de E4 Di Cang à E6 Jia Che ou encore de Tai Yang HM à VB8 Shuai Gu .
b) Piqûre transfixiante oblique : cette méthode est employée pour transpercer des points situés à proximité l'un de l'autre sur des axes parallèles. Par exemple, piqûre transfixiante de TR21 Er Men à VB2 Ting Hui ou encore de GI4 He Gu à MC8 Lao Gong .
c) Piqûre transfixiante verticale : méthode employée pour transpercer des points situés de part et d'autre
d'un même segment. Par exemple, piqûre transfixiante de MC6 Nei Guan à TR5 Wai Guan ou encore
de VB34 Yang Ling Quan à Rte9 Yin Ling Quan
• En fonction de la direction de la puncture :
a) Piqûre transfixiante uni-directionnelle : consiste à transpercer un ou plusieurs points en ne piquant que
dans une seule direction donnée. Les exemples cités ci-dessus entrent tous dans cette catégorie.
b) Piqûre transfixiante pluri-directionnelle : il s'agit de tranfixier plusieurs points en piquant
successivement dans plusieurs directions différentes. Par exemple, piqûre transfixiante de GI15 Jian Yu vers TR14 Jian Liao , C1 Ji Quan et Nao Shang (HM) ou encore de E4 Di Cang vers E2 Si Bai et E6 Jia Che.
Pour diminuer, ou même éliminer, toute sensation de douleur, certains acupuncteurs utilisent un mandrin. Il s'agit d'un tube dans lequel le praticien insère l'aiguille, qu'il fait ensuite pénétrer du bout du doigt, avant de retirer le mandrin; le patient ressent alors beaucoup moins la piqûre.
3. Manipulation de base de l'aiguille après insertion
Une fois l'aiguille insérée correctement, l'acupuncteur peut la laisser en place ou la manipuler pour renforcer certains effets thérapeutiques. La manipulation des aiguilles est un art sophistiqué qui exige une grande dextérité.Il existe trois manipulations de base :
1) Tirer-enfoncer l'aiguille [Ti Cha] :
Ti : soulever, retirer – Cha : insérer, enfoncer.
Après que l'aiguille ait traversé l'épiderme, lui faire exécuter un mouvement de va-et-vient vertical dans
l'hypoderme ou dans le muscle en la tirant et en l'enfonçant. Cette manipulation ne doit s'effectuer que
lorsque la profondeur atteinte par l'aiguille est suffisante. La force des doigts doit être uniforme et
l'amplitude du mouvement ne doit pas être trop grande, l'idéal se situant entre 0,3 et 0,5 pouces.
2) Tourner l'aiguille [Nian Zhuan] :
Nian : tordre, tourner – Zhuan : rouler, enfoncer.Lorsque l'aiguille est à la bonne profondeur, la faire rouler d'avant en arrière et vice versa en tenant le
manchon entre pouce et index (ou majeur) de la main droite. L'amplitude du mouvement peut aller de de 45° à 90° s'il veut tonifier le Qi, de 180°
à 360° s'il veut le disperser. Il est important de ne jamais tourner dans un seul sens uniquement, car des fibres musculaires
pourraient s'entortiller autour du corps de l'aiguille et provoquer une douleur chez le patient.
3) Laisser les aiguilles en place après manipulation [Liu Zhen Fa]
Liu : retenir, garder – Zhen : aiguille.
On peut laisser les aiguilles en place de quelques minutes à une ou deux heures selon le type de maladie.
Dans le traitement par la méthode de puncture rapide, on ne laisse généralement pas les aiguilles en place.
On ne le fait qu'en cas de douleur rebelle ou si des manipulations répétées sont nécessaires. Si des douleurs
à l'endroit de la piqûre sont ressenties par le malade, c'est généralement que celui-ci a pris une mauvaise
position ou a effectué un mouvement pendant un temps de pose trop long, d'où tiraillements de l'aiguille sur
le muscle. Dans ce cas, il faut d'abord demander au malade de reprendre sa position initiale, puis retirer
légèrement l'aiguille jusqu'en-dessous du derme. Si le mouvement a été suffisant pour tordre l'aiguille, il
faut la retirer en la tirant dans le sens de la courbure, avant, éventuellement, de piquer à nouveau.
4. Les manipulations auxiliaires
1) Massage le long du méridien
Cette méthode consiste à masser légèrement dans les deux sens le long du trajet du méridien. Elle permet
de provoquer l'arrivée d'énergie (de Qi) lorsque celle-ci ne se fait pas naturellement. Zhen Jiu Da Cheng
écrit à ce propos : «Passer le point dessus, dessous, à droite et à gauche sur le méridien du point considéré,
permet d'obtenir l'arrivée de l'énergie. En procédant bien uniformément au-dessus et en dessous, l'énergie se
renforcera naturellement sous l'aiguille». Le but de cette technique est d'aider l'énergie à circuler dans les
méridiens et de faire en sorte qu'elle arrive plus facilement. Elle s'applique principalement aux malades
dont la réponse à l'arrivée de l'énergie est lente
2) Vibration
Cette méthode qui consiste à tapoter l'extrémité supérieure de l'aiguille pour la faire vibrer permet
d'activer l'énergie et de renforcer la réponse à l'arrivée de l'énergie. Le Zhen Jiu Wen Dui (Questions et
réponses sur l'acupuncture et la moxibustion, écrit par Wang Ji sous la dynastie des Ming), dit à ce propos :
«Il faut faire vibrer légèrement l'aiguille pour accélérer la circulation de l'énergie». Cette méthode
s'applique principalement aux malades chez qui l'arrivée d'énergie est lente.
3) Grattage
Cette méthode consiste à gratter le manchon de l'aiguille. Pour ce faire, tenir le bas de l'aiguille entre le pouce et l'index de la main gauche, maintenir par pression du pouce de la main droite l'extrémité supérieure du manchon et gratter celui-ci avec l'ongle de l'index ou du majeur de la main droite. Une variante consiste à gratter l'aiguille de bas en haut d'un mouvement hélicoïdal avec le pouce et l'index de la main droite (grattage hélicoïdal). Cette méthode permet de diffuser la réponse à l'arrivée
4) Agitation
Cette méthode permet de faire circuler l'énergie. Le Zhen Jiu Wen Dui dit : «Agiter l'aiguille afin de faire circuler l'énergie». Si l'on agite une aiguille verticale on augmente la réponse à l'arrivée d'énergie; si l'on agite une aiguille oblique, on fait se propager la réponse dans une direction donnée
5. «Envol»
Cette méthode permet également d'activer l'énergie. Le Yi Xue Ru Men (Premiers pas en médecine)
rappelle en effet : «La technique de l'envol consiste à tenir l'aiguille entre le pouce et l'index et à la rouler
trois fois comme si la main tremblait».
Lors de la manipulation, la rotation de l'aiguille est très importante : on doit la faire tourner trois fois avec
une assez grande amplitude, puis écarter le pouce et l'index de l'aiguille avec un geste qui rappelle le
mouvement des ailes d'un oiseau en vol. Procéder ainsi plusieurs fois de suite. Cette manipulation permet
de renforcer la réponse à l'arrivée de l'énergie.
6. Tremblement
Cette méthode consiste à tirer et enfoncer l'aiguille très rapidement avec une faible amplitude, comme si
l'on tremblait (vibrations). Cette manipulation permet également de renforcer la réponse à l'arrivée de
l'énergie.
5. Manipulations pour la tonification et la dispersion
6. Prolongation des punctures
Tout comme l'intensité de la stimulation, sa durée doit être suffisante. Cette durée est augmentée par la puncture prolongée (Yun Zhen Fa ou Xing Zhen Fa). Il existe deux sorte de puncture prolongée :
«Puncture prolongée» discontinue : après l'arrivée de l'énergie, laisser l’aiguille en place, puis tirerenfoncer ou la tourner à intervalles réguliers, pendant un temps variable de quelques secondes à quelques minutes. Cette méthode permet d'accumuler les excitations et d'obtenir un effet plus puissant. On peut l'employer dans un but analgésique, sédatif ou anti-inflammatoire.
«Puncture prolongée» : après l'arrivée de l'énergie, tirer-enfoncer ou tourner l’aiguille sans interruption, de quelques minutes à quelques heures, jusqu'à rémission des symptômes. Cette méthode est employée dans un but analgésique ou même anesthésique ainsi que pour soigner les convulsions et spasmes ou l'état de choc.
7. Technique de retrait de l'aiguille Appuyer sur la peau, tout autour de l'aiguille, avec un coton
Appuyer sur la peau, tout autour de l'aiguille, avec un coton stérile, puis tourner légèrement l'aiguille et la retirer rapidement en cas de puncture superficielle, plus lentement si elle est profonde. Procéder avec soin afin d'éviter de faire souffrir le patient en entraînant des tissus.
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