dimanche 25 septembre 2016

Le trigramme - composition, lecture et symbolisme

Parallèlement au système des cinq éléments, existe un autre système,  qui lui est complémentaire. C'est celui du Bā Guà  八卦 ou "huit trigrammes".
Les trigrammes sont des éléments issu de la cosmogonie et leurs champs d'application sont très variés. C'est un concept philosophique fondamental de la Chine ancienne utilisé dans le Taoïsme et le Yi Jing, mais aussi dans d'autres domaines de la culture chinoise tels que le Feng Shui, les arts martiaux, la médecine chinoise.

Origine spirituelle du Bā Guà

Au fil du temps, émergea une possible origine du  bagua comme une tradition spirituelle, qui impliquait un temple taoïste du Sud de la Chine, La Porte du Dragon, dans la province du JIANXI.  Les moines y pratiquaient le Mudra à une main depuis 1500 ans.  Ils ne pratiquaient pas le Bā Guà comme un art martial, mais uniquement comme un exercice de Nei Gong,  un exercice énergétique interne et une  pratique spirituelle. Ce monastère possédait aussi  des exercices codifiés de Ba Gua en provenance de la province du ShanXi dans le nord de la Chine. Dans le Shanxi, d'autres documents révélaient que le  bagua provenait des montagnes de Kunlun, qui sont au nord de l'Himalaya. Ces documents ont malheureusement été détruits pendant la révolution culturelle.
Le Cercle de Bagua Zhang, développé, par les moines il y a quelque 4000 ans, avait quatre objectifs intimement liés:
·         Pour générer un corps sain, exempt de maladie avec une relaxation du système nerveux et une grande résistance, dont les moines avaient besoin pour le travail quotidien et la méditation prolongée.
·         Pour atteindre la tranquillité impassible de l'esprit.

·         Pour développer et maintenir l'équilibre interne, lorsque le monde intérieur du moine ou les événements du monde extérieur étaient en train de changer.

·         Pour réaliser le Tao 

Etymologie de Bā Guà

Dans les temps anciens, le Bā Guà 八卦 (les huit trigrammes) était le symbole utilisé pour observer les mouvements du soleil et de la lune.
Lorsque nous examinons les anciens caractères chinois utilisés pour signifier Ba Gua (les huit structures énergétiques taoïstes de l'univers),
·         le caractère se traduit par « huit ». 8 est le nombre de l'Homme, dialectique du 7, nombre de la Femme. Dans l'Ecriture de l'Oracle des Os, il s'illustre sous la forme d'une division. Le caractère apparaît comme deux traits de démarcation. Dans le chinois classique, Huit signifie séparation ou séparer. Selon la philosophie du Yi Jing, la séparation est un moyen de changement, parce que, au plus profond de ce concept, apparaît l'idée de coopération pour la prochaine étape de la création. Cependant, tout en contenant le sens de séparation, le chiffre Huit comprend également l'idée de coopération et d'ordre qui, à sont tour, engendre la création. Cette coopération ordonnée est démontrée par la science moderne qui a dressé une carte de la division cellulaire au cours de sa progression d'une cellule à deux cellules, de deux cellules à quatre cellules et de quatre cellules à huit cellules.

·         et le caractère Guà par « trigramme, divination ». Gua est composé     de deux idéogrammes :
-     sur la droite, le radical « observer, prédire, prévoir». Ce sont les craquelures sur les carapaces de tortues et signifie ce qui est d’origine divine
-     et, sur la gauche, le radical Guī , signifiant « monticule de terre », qui était utilisé, dans les temps reculés, pour mesurer les ombres et établir les anciens calendriers (la forme ancestrale chinoise du cadran solaire) et tablette de jade.
Les deux caractères associés forment le terme Bā Guà que l'on traduit par «huit trigrammes ». Ce terme fait référence à l'une des deux façons d'organiser les huit trigrammes et est considéré comme le modèle des lois fondamentales de tous les mouvements et mutations  énergétiques. 


Du Si Xiang au Bā Guà  

Le Bā Guà est  construit à partir du concept premier du yin et du yang.
Dans la philosophie taoïste, toute chose est le résultat de l'interdépendance du Yin et du Yang. C'est le principe d'unité dans la dualité qui a donné naissance au fameux symbole où le Yin est représenté en noir et le Yang en blanc, les deux principes s'engendrant mutuellement dans un mouvement circulaire où rien n'est jamais complètement Yin ni complètement Yang (comme le montre le point blanc dans la moitié noire et le rond noir dans la moitié blanche).
Le yin et le yang ne sont pas suffisants pour décrire toutes les choses de l’univers d’une façon qui soit utile pour comprendre et agir, pour modéliser l’interaction de l’homme et de la matière, des évènements. C’est la raison pour laquelle d’autres concepts sont nécessaires, comme les cinq éléments, les douze phases ou les trigrammes.
Les mutations ont un faîte suprême, qui donne naissance aux deux aspects qui engendrent eux-mêmes les quatre figures, qui donnent elles-mêmes naissance aux huit trigrammes , qui déterminent le favorable et le défavorable, qui donnent naissance aux événements humains. – Commentaire du Yi Jing
Au coeur de la philosophie taoïste réside un concept essentiel, celui du changement perpétuel de la vie, alternance du Yin (trait brisé) et du Yang (trait plein). Cette vision, fruit d’une longue observation par les sages de l’Antiquité, leur a permis de découvrir 8 archétypes à l’oeuvre dans la Nature, huit forces énergétiques  de la nature.
traduction en français
極生太極,
wújí shēng tàijí
Le Néant (Wuji) engendre l'Absolu (Taiji)
太極生兩儀 (即陰陽);





tàijí shēng liǎng yí (jí yīn yáng);
Le Taiji engendre deux formes, (c-à-d le Yin et le Yang)
兩儀生四象(即少陽、太陽、少陰、太陰);
liǎng yí shēng sì xiàng (jí shàoyáng, tàiyáng, shàoyīn, tàiyīn),
Les deux formes engendrent quatre phénomènes
{c-à-d petit yang, grand yang (Taiyang signifie aussi le
soleil), petit yin, grand yin (Taiyin signifie aussi la lune)}.
四像生八卦 (八八六十四卦).
sì xiàng shēng bāguà, (bābā liùshísì guà).
Les quatre phénomènes engendrent les huit trigrammes, (huit fois huit font soixante-quatre hexagrammes).

Une fois divisées, ces  4 phases de l'énergie universelle :Grand Yang (Tai Yang  ) , Petit Yang (Shao Yang  ), Petit Yin (Shao Yin ), Grand Yin (Tai Yin ), qui, une fois divisées en deux, se manifestent par huit actions énergétiques de la nature connues également sous le nom de ba gua (八卦) avec la création des huit trigrammes.


Les trigrammes caractérisent tous les états possibles des transformations prénatales et postnatales quand on associe trois composants qui peuvent chacun être yin ou yang. Ces huit trigrammes définissent tout ce qui existe dans notre monde tangible et intangible et constituent les fondements énergétiques des transformations prénatales et postnatales. Ce sont le Ciel, le Tonnerre, l'Eau, la Montagne, la Terre, le Vent, le Feu et le Lac.


Le concept de Bagua est utilisé dans la cosmologie chinoise traditionnelle pour représenter les principes fondamentaux et interdépendants agissant dans l'Univers.

Chaque bigramme se subdivise en deux trigrammes


Les Quatre figures (四象, Sì Xiàng) engendrent à leur tour les Huit Trigrammes (Bagua).

Quatre d'entre eux sont obtenus en ajoutant une ligne Yin sous chacun des quatre Xiang. Ce sont Kun (Terre) ☷  Gen (Montagne) Kan (Eau)  Xun (Vent) .

Les quatre autres sont obtenus en ajoutant une ligne Yang sous chacun des quatre Xiang. Ce sont Zhen (tonnerre)  li (Feu)   Dui (Lac)  Qian (Montagne)



Les trois traits yin ou yang associés ensemble pour former les huit trigrammes possibles fournissent donc un outil capable de décrire finement toutes les choses. C’est pourquoi associé à chaque trigramme, on retrouve de longues listes de caractéristiques comme une direction, un élément, une saveur, une partie du corps, une couleur, un son, une caractéristique sociale, un rang dans la famille, un méridien de médecine chinoise...

Quand le monde commença, il y avait le Ciel Qian et la Terre Kun. Ensemble, ils donnèrent naissance à tout ce qui existe sur terre.

Les  deux modèles du Ba gua

Dans la Chine ancienne, le mouvement du Ciel, de la Terre et de tous les organismes vivants a été dépeinte par le biais de deux ordres de présentation des huit trigrammes, celui appelé « Succession du ciel antérieur », et celui appelé « Succession du ciel postérieur ».

Ces deux formations de Bagua étaient considérés comme des modèles pour les lois fondamentales de tous les mouvements énergiques et transformations.

Les mouvements du Ciel, de la Terre et de toutes les créatures vivantes étaient décrits par deux images des huit trigrammes (Bagua)  :

·         le premier Ba Gua (prénatal) du Ciel de Fu Xi, manifestant la « nature » énergétique des choses,

·         et le dernier Ba Gua (postnatal) du Ciel du roi Wen, décrivant la création de tous les phénomènes.

Le Ba Gua prénatal reflète l'énergie innée nécessaire à la création par l'interaction des forces de polarité. La disposition du Ba Gua postnatal reflète un mouvement cyclique auto-généré.  Ces positions du Ciel postnatal sont fixes pour représenter la Voie de l'univers et les concepts de temps et d'espace.




 Selon l'ancienne cosmologie chinoises, les orbites des planètes forment un cercle de 360 degrés. En divisant l'orbite par huit, nous obtenons des segments de 45 degrés. Chacun de ces segments représente une partie du Qi Universel, indiquant le temps et l'espace. Une année d'énergie coïncidant avec l'orbite planétaire se divise en ces huit parties et est appelée Ba Jie.
Le Bā Guà est agencé en différentielles de directions : nord, sud, est, ouest, nord-est, Sud-est, Sud-ouest et Nord-Ouest.
  
 

Le Bagua Prénatal de Fu XI - Ordre du ciel antérieur •He Tu河图 et Ba Gua du ciel Antérieur (Xian Tian Ba Gua 先天八卦)

Selon le Livre des mutations (周易.系辭上傳第十), un saint déduisit les huit trigrammes de l’image du fleuve Jaune et du livre de la Luo (rivière) (洛書). Ce saint est en général identifié à Fu Xi, l'empereur légendaire de la Chine ancestrale, qui vécut au cours de la période des Cinq Empereurs (2852 av. J.-C), mais parfois à Yu le Grand.

La légende de Fu Xi

Fu Xi qui, selon la légende, fut engendré par un dragon. Une légende raconte que l'empereur chinois Fu Xi (2852-2737 av. J.C.), considéré comme le premier sage de la Chine, se promenant un jour le long du Fleuve Jaune, vit un cheval-dragon, Qi Lin, un animal mythique ressemblant le plus souvent à sorte de cheval ou de licorne, mais pouvant avoir d’autres apparences plus proches d’un tigre. émerger des eaux du Fleuve Jaune portant sur son dos une figure complexe représentant le diagramme  ou la carte du fleuve 河图 Hé Tú , figure composée de lignes continues et de points noirs yin et blancs  Yang,  qui a donné naissance au bagua du ciel antérieur.
Le diagramme He Tu河图 ou Diagramme du Fleuve jaune
Fu Xi a su à partir des données du ciel créer un système de classification à partir des nombres du ciel et de la terre.
Voici à quoi ressemble le tableau tel que les néo-confucianistes l'ont présenté sous la dynastie des Song (960-1279) Ce tableau était composé de figures ; points ronds blancs ou noirs groupés dans un certain ordre. 
Le He Tu établit un lien entre les directions, les saisons et les cinq éléments.
·         Les chiffres impairs 1, 3, 5, 7, 9 sont associés au ciel qui est yang.
·         Ils s’unissent aux chiffres pairs 2, 4, 6, 8, 10 de la terre qui est yin pour former des combinaisons de qi qui s’attirent et se complètent. 

·         L’écart entre les chiffres de chaque paire est toujours 5, qui est également au centre.
Le He Tu est un diagramme magique dont l'addition des chiffres pairs et impairs donnent toujours un total de 20, si on exclut les 5 et 10 situés au centre

Du He Tu au Bagua du ciel antérieur
Fu Xi a pu noter et reproduire dans un diagramme la forme spiralée des poils du Cheval Dragon. Fu Xi médita, interpréta ce diagramme et expérimenta longuement ce qu’il avait observé  en créant huit combinaisons de traits pleins et discontinus. C’est ainsi que naquirent les 8 Trigrammes ou « Ba Gua » du Ciel antérieur (primordial ou prénatal), diagramme en croix.


Aux huit points cardinaux, on trouvera le trigramme Qian 1 du ciel au Sud, le trigramme Kun 8 au Nord, le trigramme Gen 7 au Sud Ouest  le trigramme Dui 2 au Sud Est, le trigramme Zhen 4 au Nord Est, le trigramme Xun 5 au Sud Ouest, le trigramme Kan 6 à l'ouest, le trigramme Li 3 à l'est.

 Une autre légende, raconte que le premier empereur légendaire de Chine, Fu Xi, aurait tiré les règles fondamentales de l'univers en observant le ciel et la terre, les animaux, son propre corps et les auraient exprimés les 8 trigrammes, représentations fondamentales de ce qui se passe dans toute la création, et, qui, combinées, illustrent le mouvement perpétuel des êtres et des choses.
"Dans l'ancien temps, lorsque Pao Hsi ( Fuxi ) régnait en maître sous le paradis, un jour, il regarda vers le haut et contempla les cieux éclatants ; puis il dirigea son regard vers le bas et examina la configuration de la terre autour de lui. Il remarqua les ramages des oiseaux et les pelages des bêtes, ainsi que les caractéristiques de leur territoire. Il observa de près son propre corps. Procédant à partir de son propre corps, allant du plus près jusqu’au plus loin, pour atteindre jusqu’à l’ensemble des choses, il organisa les huit figures,  huit «koua» ou trigrammes de manière à entrer en communication avec les flux invisibles et rendre ainsi intelligible leur potentialité. "
A partir de tout cela, il détermina les 8 trigrammes, afin de dévoiler les intentions divines et de comprendre l'essence de chaque chose."
          « Fu Xi parla de bonne heure……..
            il scruta les figures du Ciel,
           il observa les formes de la terre et en mesura l'espace…». 
 Quels sont ces flux invisibles ? La dimension mesurable entre l’esprit et le corps se retrouve dans des substances circulant dans notre sang, si ténues qu’il faut cent mille cervelles d’agneau pour isoler un seul milligramme de l’une d’elles, la TSH. Ces substances, du grec hormao, « j’excite », s’appellent les hormones.
L’on sait que les hormones régulent les grandes fonctions du corps et qu’elles agissent sur nos comportements psycho-émotionnels. Le Yi King, en indiquant les dysfonctionnements des organes et en permettant de comprendre les plans de conscience, devient réellement un outil précieux dans la relation thérapeutique.

Cependant nulle part dans les Commentaires canoniques officiels n'est mentionné Fu Xi; C'est d'ailleurs le grand absent de l'Antiquité philosophique chinoise. Anne Cheng note par exemple que
Confucius dans les entretiens rend hommage aux sages rois de la mythologie, Yao, Shun et Yu  le Grand. mais il ne fait nulle part mention de Fu Xi". 
 Fu Xi est l'emblème du travail de condensation accompli par les lettrès de l'époque Han sur le matériau du Yi jing. Dans ce cadre particulier, Fu Xi n'est pas opposé, mais apposé au Roi Wen. L'un et l'autre représentant deux types de démarche intellectuelle. A Fu Xi, personnage mythique, sera attribué tout ce qui est théorique et donc, dans l'esprit chinois relativement secondaire, à Wen Wang, personnage de chair, sera attribué tout ce qui relève du pratique, du réel, de l'efficace.

DIsposition des trigrammes du Bagua du ciel antérieur

La succession des trigrammes par Fu Xi, existait déjà à l’époque de la rédaction du livre des transformations, sous la dynastie Zhou.
Les 8 trigrammes de Fu-Xi sont ordonnés selon un arrangement originel appelé ordre du ciel antérieur ou ordre antérieur au monde. A l'origine des trigrammes, paradoxalement sa première disposition en croix inspirera une disposition en étoile ou rose des vents celle utilisée couramment afin de représenter les trigrammes, symbole universel du cosmos et de l'homme avec, en son centre, le Yin et le Yang symbolisés par la figure du Taiji, qui signifie "les Confins du Suprême.

L'ordre de Fu Xi est le suivant (le Nord est en bas) : •  Nord=Terre, Nord-Est=Foudre, Est=Feu, Sud-Est=Lac, Sud=Ciel, Sud-Ouest=Vent, Ouest=Eau et Nord-Ouest=Montagne.

Cette succession est appelée ordre du ciel antérieur ou ordre antérieur au monde. 

Le Bagua est toujours représenté avec le Sud en haut du diagramme,  parce que la Chine se trouve dans l'hémisphère Nord et que les Chinois associent traditionnellement le Sud à l'été, la saison chaude et la vitalité. Dans la  Chine antique, le sud a été traditionnellement placée en haut de la boussole en opposition à la position Nord, généralement adopté en Occident sur les boussoles. En Chine, les cartes étaient  spécialement conçu pour la commodité de l'empereur, dont le trône se trouvait toujours avec son dos tourné vers le Nord et son visage vers le sud, face à la direction de l'énergie Yang. Les magistrats de sa Cour déroulait leurs cartes devant l'empereur, l'est devait être positionné vers sa gauche,  l'ouest à sa droite, et le sud plus loin en haut de la carte. Dans les temps anciens, les maisons étaient construites avec la porte d'entrée face au Sud, une direction considérée comme auspicieuse par les Chinois.
De plus, les principes célestes exprimés au sein du système de Fu XI reflètent les symboles multidimensionnels qui régissent notre vie ; par conséquent, le ciel est placé au sommet du trigramme et la terre est placé au bas du TRIGRAMME.
La roue est constituée de façon que chaque Trigramme soit en rapport et en relation avec un principe du monde physique et de la nature qui le symbolise (le Ciel, la Terre, le Tonnerre, l'Eau, la Montagne, le Vent, le Feu et le Lac) ainsi qu'avec une direction et pour quatre d'entre eux une saison.

Un modèle décrivant un équilibre parfait avant la Création

Le modèle prénatal des huit trigrammes décrit l'existence du Royaume céleste dans un état de forme énergétique indifférencié (avant que le ciel et la Terre soient séparées). Dans le Bagua prénatal, l'ordre des huit trigrammes exprime la production  d'un mouvement cyclique des huit dimensions ou phases d'énergie se générant par lui-même.
Le Ba Gua du Ciel Antérieur définit l’équilibre parfait des forces primitives. Il représente l’état de l'univers avant la création, sans mouvement avant toute manifestation de vie .
Cette organisation des trigrammes du Ciel antérieur décrit un univers qui est dans un état statique parfait  et dans lequel les huit forces fondamentales représentés par des trigrammes cherchent constamment à s'équilibrer les uns les autres.
L'objectif spécifique du Bagua prénatal de Fu Xi est l'expression de deux  pouvoirs interdépendants, s'équilibrant l'un l'autre (c.-à-d., Ciel-Terre, Feu-Eau,-lac -Montagne, Tonnerre-Vent). En tant que principes énergétiques, les pouvoirs multidimensionnels sont inséparables, bien qu' un des pouvoirs puisse temporairement prédominer.
Les trigrammes qui se font face comportent au total autant de traits yin que de traits yang, c’est un équilibre sur chaque axe. C’est donc une organisation qui ne décrit pas vraiment quelque chose qui existe dans le monde matériel. C’est vraiment un outil conceptuel. Ainsi, le Ciel, au Sud, s’oppose à la Terre, au Nord. L’Eau et le Feu se font face dans l’axe Est-Ouest, le Vent et le Tonnerre, les deux trigrammes Bois se font face au Nord-Est et au Sud-Ouest, et le Lac et la Montagne se complètent au Sud-Est et au Nord-Ouest.
Les trigrammes y sont ordonnés par paires d’opposés. En observant le motif du Ba Gua prénatal, les natures énergétiques assignées à chaque trigramme spécifique présentent l'image des phases opposées en association (Ciel-Terre, Lac-Montagne, Tonnerre-Vent).Les huit trigrammes sont représentés en cercle autour du taiji pour montrer leur complémentarité dans la polarité yin-yang, phénomène suprême de l'univers. Cet arrangement exprime la perfection de l'organisation céleste. Sur un même axe, les trigrammes sont toujours opposés traits pour trait. Cet arrangement met l’accent sur les relations entre les grandes forces naturelles que sont le tonnerre (Chen) et le vent (Sun), la pluie (Kan) et le soleil (Li), le lac (Tui) et la montagne (Gèn), etc. Chaque trigramme est également associé à l’une des 8 directions.

Ce bagua est conçu comme un système des contraires congénitaux, issus de l'accouplement du Yin et du Yang  ;dans laquelle les éléments de feu et l'eau, Bois et métal se rejoignent dans une union pré-créatrice pour produire et produire la vie.
Quand les trigrammes se mettent en mouvement, on observe un double mouvement : D’une part, le mouvement habituel ( dans le sens des aiguilles d’une montre ), qui s’additionne et se répand dans le cours du temps et par lequel sont déterminés les événements qui tombent dans le passé. D’autre part, un mouvement contraire, rétrograde, qui se replie et se contracte dans le cours du temps et par lequel se forment les germes de l’avenir.
Cela peut s’exprimer dans l’image suivante : Si l’on comprend la manière dont l’arbre se concentre dans la graine, on comprend le déploiement futur de la graine en arbre.
Les différents trigrammes sont rattachés à la rose des vents de la manière suivante :
·         K’ien : le ciel et Kūn : la terre, déterminent l’axe de direction nord-sud.

·         L'axe horizontal est constitué du feu et de l'eau. Le feu, tel le soleil, illumine et réchauffe (yang) autour d'un centre moins puissant (yin), alors que l'eau (yin) peut absorber lumière et chaleur (yang). Ils symbolisent bien le fait que le yang abrite toujours une composante yin et vice versa

·         Puis vient la relation Gen la montagne et Dui le lac. Leurs pouvoirs sont mis en rapport parce que le vent souffle de la montagne vers le lac et que les nuages montent du lac vers la montagne.

·         Zhèn ( le tonnerre ) et Xùn  ( le vent ) se renforcent mutuellement lorsqu’ils apparaissent.

·         Li ( le feu ) et K’an ( l’eau ) sont opposés de façon irréconciliable dans le monde des phénomènes. Toutefois, dans les relations antérieures au monde, leurs effets ne se contrarient pas mais se maintiennent en équilibre.

 le Yi Jing dit :
 •le Ciel et la Terre déterminent les situations ( la direction),
•la Montagne et le Lac mélangent librement leurs éthers (unissent leurs forces),
•le Tonnerre et le Vent se heurtent en contact ( s'excitent l'un l'autre),
•l'Eau et le Feu ne se détruisent pas mutuellement ( ne se combattent pas)
 Ainsi les huit trigrammes sont mariés." 
Dans le Bagua de Fu Xi, le ciel en haut domine la terre en bas. Les six autres trigrammes répartis gauche-droite sont des variantes entre ces deux absolus. L'axe vertical autour du taiji associe la terre (trois yin) et le ciel (trois yang), plénitude du yin et du yang. Ils sont les deux extrêmes autour desquels se trouvent les autres trigrammes où yang et yin se mélangent dans des proportions variées.
Du yang pur au yin pur
Les lignes Yao les trigrammes sont progressivement numérotés à partir du centre du cercle vers l'extérieur, avec la plus profonde ligne de Yao numérotée  1, au milieu le numéro 2 et la ligne yao la plus externe  toujours le numéro 3.
Lorsque vous affichez le Bagua prénatal dans le sens des aiguilles d'une montre, les flux du mouvement énergique de Yang pur à Yin pur et retour au Yang pur se fait dans la progression suivante :
• Le TRIGRAMME Qian, 乾, situé dans la partie supérieure, est associé au pic de l'énergie Yang.
• Le TRIGRAMME Xun, laisse pénétrer l'énergie Yin dans l'énergie yang entrant par le bas du trigramme
• Le TRIGRAMME Kan, situé sur le côté droit, est associé au Yin entourant le Yang
• Le TRIGRAMME Gen, Yin pousse le Yang vers le haut.
• Le TRIGRAMME Kun, situé dans la partie inférieure, est associé au pic d'énergie Yin.
• Le TRIGRAMME Zhen, laisse pénétrer le Yin dans le  Yang par le bas du TRIGRAMME.
• Le TRIGRAMME Li, située sur le côté gauche des trigrammes, est associée au Yang entourant le Yin.
• Le TRIGRAMME Dui, Yang pousse le Yin vers le haut.

Ainsi l’on passe du Yang Total ou Absolu au Yin Total ou Absolu.

 
 Cela va constituer un axe central, vertical, du haut vers le bas, qui s’effectue en un stade unique: c’est la création, l’abstrait qui devient concret, l’énergie qui devient matière. Mais cette énergie donne une matière totale et absolue, inerte, sans vie, puisque la force de vie va se constituer et se structurer dans les 6 stades qui suivent et relient le Yin Total au Yang Total.


Tout au long de l’année tourne la roue du Bagua. C’est comme une vague énergétique qui déploie le temps, les cycles. Tout comme inexorablement l’été suit le printemps, les cycles énergétiques du Ba gua influencent les organes et les glandes, les états d’âmes, les plans de conscience les uns après les autres. Les forces et les faiblesses se manifestent, formant des entités positives et négatives, des plans lumineux et obscurs.   

Par recherche, par expérimentation continuelle, on peut le dire, de plusieurs générations de thérapeutes, le Bagua s’est mis en place dans le cercle de l’année. Ce synchronisme entre le déroulement des trigrammes et le fil des trois cent soixante-cinq jours a été retrouvé et mis en forme par l’observation empirique. 

Dans le ciel arrive le vent qui fait tomber la pluie, l’eau qui sculpte les montagnes. Des montagnes naît la terre. Par la foudre tombant sur la terre naît le feu qui fera naître la brume et sa forme condensée le lac dans lequel se reflétera le ciel. Ce synchronisme entre le déroulement des trigrammes et le fil des trois cent soixante-cinq jours a été retrouvé et mis en forme par l’observation empirique.« La transformation c’est l’immuable ».
C’est un ensemble Ciel Terre et c’est de leur jeu que naissent les cycles et l’évolution du monde. (L’obscur et le lumineux s’excitent mutuellement.)

Fu Xi a donc découvert l’édifice du Ciel Antérieur mais ne resta qu’au stade des trigrammes. Wen Wang, en découvrant l’édifice du Ciel Postérieur et sa combinaison possible avec le Ciel Antérieur, en déduit les hexagrammes et le Yi Jing.



jeudi 22 septembre 2016

Les Huit trigrammes et leur correspondance

Chaque trigramme est porteur d’une énergie particulière: sont les noms de cette famille. Il y a 8 trigrammes, aussi appelés les 8 Énergétiseurs ou les 8 Vents dans le Su Wen (Tonnerre, Vent, Feu, Terre, Lac, Ciel, Eau et Montagne=, lesquels sont relatifs aux 8 directions, associés à l’un des cinq éléments chinois (Bois, Feu, Terre, Métal et Eau) et aux méridiens.
Le Ba Gua sert à fournir une représentation concentrée de l'Univers. Comme les Éléments, il génère toute une série de correspondances (ou équivalences), avec toutes les implications qu'elles peuvent comporter. Voici, par exemple, quelques correspondances avec chacun des Trigrammes :
 L'éveilleur Zhèn  signifie le mouvement 
C’est l’énergie d’une onde de choc : une explosion Yang, suivie d’une série de réverbérations. Ce Trigramme représente un choc soudain, qui parait ne venir de nulle part 

Le Doux Xùn est pénétrant
Le Vent exprime les changements constants, du sans forme au solide, du solide au sans forme. Vous ne pouvez le saisir, mais il peut vous envelopper de toute part. 

Ce qui s'attache   signifie la dépendance

Le Feu évoque les boucles spiralées du mouvement des flammes. Dur et Yang à l’extérieur, mais souple et Yin au centre.  C’est l’énergie de la flamme qui s’enroule autour de l’objet auquel elle s’attache. 

Le Réceptif Kūn est abandonné
Cette énergie féminine, Yin, est dirigée vers le bas, douce et lourde, avec un mouvement vers l’intérieur. C’est une énergie réceptive, qui supporte l’énergie du Ciel. 

Le Joyeux Duì  signifie le plaisir
L’ancien idéogramme signifie littéralement : « une cavité dans la Terre, qui retient l’eau et rend les gens heureux ». On trouve l’image d’un marais riche en vie ! C’est l’aspect positif de l’Eau. 

Cette énergie masculine, Yang, est dirigée vers le haut et l’extérieur. A l’image du ciel, son action semble infinie et légère. C’est l’énergie à l’état pur. 

L'Insondable Kǎn est dangereux

A l’image d’une vague, sa crête est légère et mousseuse, mais son centre est dense et solide. L’Eau est douce et Yin à l’extérieur, mais son centre est  Yang. Elle symbolise ce qui est caché. C’est le côté sombre de l’eau.

L'Immobilisation Gèn signifie l'arrêt
La Montagne évoque le repos et l’arrêt, mais cette structure très concentrée en son centre possède un potentiel de rayonnement dans toutes les directions.