La carte céleste de Dunhuang est la
plus ancienne carte d’étoiles existante.
Les étoiles issues de trois catalogues sont représentées en trois couleurs (rouge, noir, blanc). Sur la carte de Dunhuang, les étoiles sont réparties en trois groupes de couleurs différentes pour distinguer les trois catalogues anciens élaborés durant la période des Royaumes Combattants (de -476 à -221).
D’autres cartes ont peut-être été produites par des
astronomes anciens comme le grec Ptolémée (+83-161) ou le chinois Chen Zhuo
(+220-280) mais aucune trace ne subsiste de ces tentatives. Les cartes du ciel
étaient courantes depuis au moins 2 000 ans. La plupart des cartes anciennes
ont disparu à l’exception de la carte retrouvée dans les grottes de Mogao, sur l'ancienne Route de la Soie, près
de la ville de Dun Huang, dans le désert de Gobi, une oasis du désert dans la province de Gansu.
Excavé entre les quatrième et quatorzième siècles, les
grottes étaient des sanctuaires et des temples bouddhistes où les voyageurs
priaient pour le succès de leurs voyages.
Ce document avait été emmuré vers l’an 1000 dans le
monastère bouddhique des grottes de Mogao . Le monastère avait été créé vers l’an 366 puis abandonné vers l’an
1000, lors des invasions venues de l’ouest, mais il garde toute sa splendeur
troglodytique : sur environ 2 km de long, près de 500 niches sont creusées dans
la falaise, chacune richement décorée de peintures et de sculptures
bouddhiques. Ces “grottes de Mogao”, aussi baptisées “ le monastère des Mille Bouddhas”,
sont déjà très célèbres quand survient une découverte inattendue.
Á la fin du XIXe siècle, en heurtant
la fausse cloison de la cave 16, le gardien des lieux, le moine Wang Yuan Lu découvre une cellule, scellée depuis
environ mille ans. À l’intérieur, il découvrit une montagne de manuscrits entassés (40 000 environ), en
toutes langues :chinois, tibétain, sanscrit, ouighour.
Cette formidable bibliothèque nous livrait ainsi une
collection intacte de manuscrits datant de plus de mille ans, avec, parmi eux,
le plus ancien livre imprimé connu au monde, un Sutra du diamant daté du 11 mai
868.
Ce lot contenait un document astronomique exceptionnel, la
plus ancienne carte d’étoiles connue au monde.
En 1907, Vingt-cinq caisses remplies de document, Un bon
tiers fut acquis par l’explorateur Aurel Stein et aboutit au British Museum de
Londres. Il n’est pas astronome. Il ne prête donc pas une attention
particulière à un rouleau, d’environ quatre mètres de long et seulement
vingt-cinq centimètres de large, sur lequel est soigneusement tracé à la main en plusieurs couleurs sur une seule face d'un très fin papier si délicat qu’il en est presque translucide,
le dessin de deux cent cinquante-sept constellations chinoises regroupant 1337 étoiles regroupées en 257 astérismes y sont représentées avec une précision remarquable de 1 à 3 degrés près.Malgré son aspect profondément
esthétique, la carte céleste fut totalement oubliée dans les caves du British
Museum, perdue au milieu des sutras bouddhiques.
Non seulement, il s’agit du plus ancien document de ce type
connu aujourd’hui à la surface du globe, le plus ancien atlas céleste dont
l’humanité ait gardé une trace, mais il a été réalisé en utilisant des méthodes
de projection étonnamment modernes, révélant alors un degré d’avancement
insoupçonné des mathématiques chinoises.
L’auteur anonyme de cette carte avait pourtant à résoudre un
problème complexe : comment projeter une sphère, celle de la voûte céleste, sur
un plan, celui d’une carte ? En Europe, il a fallu attendre 1569 pour que le
mathématicien et géographe flamand, Gérard Mercator, mette au point une méthode
de projection rigoureuse. Qu’un astronome ait eu la maîtrise de cette technique
géométrique sept à huit siècles plus tôt, voilà un résultat surprenant, preuve
s’il en est, que la science chinoise de cette époque était bel et bien en
avance sur ses contemporaines.
Comme dans la plupart des cartes chinoises ultérieures, les
astérismes y sont représentés en joignant les étoiles de chaque astérisme par
un fin segment de droite, exactement comme dans nos cartes célestes usuelles.
Le plus souvent, sur les cartes chinoises, les étoiles sont représentées par
des points de même grosseur quelle que soit leur magnitude.
Comme les autres manuscrits retrouvés dans la grotte, le
document a été miraculeusement préservé grâce au climat très aride. Il est
divisé en deux parties. Un texte de divination sur les phénomènes
atmosphériques est inscrit sur la première partie du rouleau, avec des dessins
et des commentaires sous la forme des nuages et servant à déterminer grâce à la forme des nuages la fortune de l'année à venir . Vient ensuite la carte céleste constituée de douze panneaux rectangulaires décrivant l’équateur céleste (ligne rouge), complétés par une carte circulaire de la région du pôle Nord (projection azimutale).
Les étoiles issues de trois catalogues sont représentées en trois couleurs (rouge, noir, blanc). Sur la carte de Dunhuang, les étoiles sont réparties en trois groupes de couleurs différentes pour distinguer les trois catalogues anciens élaborés durant la période des Royaumes Combattants (de -476 à -221).
L’examen et l’identification des astérismes chinois
(groupements d’étoiles remarquables, ancêtres des constellations) dont les noms
figurent sur la carte, ont pu montrer que les panneaux étaient centrés sur
l’équateur céleste tandis que la région circulaire était ordonnée autour du
pôle céleste.
La datation de la carte a été une véritable enquête
policière. Le rouleau est très bien conservé mais le début du rouleau ayant
disparu , le titre et le nom de l’auteur ne sont pas disponibles. Mais dans la
première partie du rouleau dédiée à l’étude des nuages, une mention très claire
est faite au nom de Li Chun Feng (+602-670), un astronome et mathématicien
extrêmement célèbre de la dynastie Tang qui pourrait donc être l’auteur.
Cette même époque est également corroborée approximativement
par la position du pole Nord sur la carte circulaire des régions
circumpolaires. La preuve finale a été fournie par une particularité étonnante
de la langue chinoise ancienne, les caractères « tabous ». Durant le règne d’un
empereur chinois, par respect, les caractères qui composaient le nom de
l’empereur régnant ne pouvaient être employés dans les textes officiels. On
utilisait alors une forme légèrement différente, en transformant certains de
leurs traits. Ces caractères modifiés qui étaient connus sous le nom de
caractères « tabous » marquent donc une époque très précise de règne. Grâce à
eux, il est possible de savoir que le document a été produit après le règne de
l’empereur Taizong (+649) et avant celui de Ruizong (+684, ce qui correspond
bien à l’époque de Li Chunfeng.).
Chaque
panneau de la carte de Dun Huang représente la région parcourue par le Soleil en un mois, ici la région d'Orion |
Enfin à la fin de la carte se trouve un dessin du dieu de la
foudre représenté dans le costume d'un dignitaire Chinois.
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aussi
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