"Sans sexualité, l'esprit ne peut pas s'épanouir" - Su Nü.
Les taoïstes ont une vision très libre et décomplexée de la sexualité. Pour eux, faire l'amour est une pratique naturelle et nécessaire, qui, bien maitrisée, participe à l'épanouissement, à la santé et à la longévité de chacun. Elle fait partie des fonctions naturelles de l'homme.
«
Nuage et pluie » (云雨
Yún yǔ) désigne le commerce sexuel. Cette métaphore s’inscrit dans l’idée que
l’Homme est à l’image de la Terre (地 dì), de nature Yīn (阴), et du Ciel (天 tiān) de nature Yáng ( 阳). Ainsi l’union sexuelle de
l’homme et de la femme n’est rien d’autre qu’une réplique de l’interaction de
ces forces d’ordre supérieure qui s’accouplent dans un mariage cosmique lors
des pluies d’orage. Le Chapitre 5 du Su
wen (素问
Sù wèn) dit
: « Le nuage est le qi terrestre qui montre,
la pluie est le qi céleste qui descend ». Ainsi les « nuages » correspondraient aux ovules de la
terre, et renverraient aux sécrétions vaginales de la femme (les chinois
ignoraient encore l’existence des gamètes féminins), la « pluie » qui vient
fertiliser la Terre correspondrait au sperme du Ciel, symbole de la semence de
l’homme, d’où l’expression « jeu de nuage
et pluie » pour parler du commerce charnel. Par cette métaphore, toute
culpabilité morale est retirée, car « on ne voyait aucune différence entre la
pluie qui arrose les champs et la semence (de l’homme) qui féconde les
entrailles ; ni entre le sol riche, humide, prêt pour les semailles, et le
vagin que sa moiteur dispose à la pénétration »
De cette image dérivent des expressions comme « les nuages renversés et la pluie en sens inverse » (翻云覆雨 fān Yún fù yǔ) pour indiquer l’acte homosexuel pratiqué par deux hommes.
Pour
que l’échange d’énergie puisse se faire, il faut que l’homme prenne le Yīn de
la femme en mettant les parties les plus Yīn de leurs corps en contact, et de
même pour que la femme reçoive le Yáng de l’homme
Ces
notions sont expliquées dans les préliminaires décrits dans le Tongxuan zi, «
l’ars amatoria de maître Li tongxuan » en section V : « l’homme suce la lèvre
inférieure (Yīn) de la femme, la femme suce la lèvre supérieure (Yáng) de
l’homme. Ils se baisent chacun se nourrissant de la salive de l’autre (qui
contient les cinq Shén) […] de la main gauche (Yáng) la femme tient la Tige de
Jade (Yáng) de l’homme, tandis que lui-même, de sa droite (Yīn), lui frottera sa
Porte de Jade (Yīn), afin d’éprouver son Yīn […] et la femme éprouvera la force
de son Yáng ».
Mais,
lors du rapport sexuel, l’homme pénètre dans la femme, le Yáng entre dans le
Yīn ; l’homme devient alors Yīn, relativement à la femme qui joue le rôle
contenant du Yáng. Quand l'homme fait l'amour avec une femme, il fait cuire
l'eau de la femme (dans son ventre) avec son feu (pénis). La femme est toujours
sexuellement plus forte, car son eau éteint le feu des mâles; son érection perd
sa flamme. Yin, le doux et le rendement, conquiert toujours le yang, le dur. De
la même manière l'eau (les rivières sont "yin" ou femelle) triomphe
sur la roche solide. Ainsi, un cours d'eau élimine lentement une montagne
géante et sculpte le Grand Canyon à un kilomètre de profondeur.
Un grand intérêt est aussi porté sur les positions prises durant le commerce charnel, car par exemple, celui qui occupe la position supérieure est comme le Ciel qui recouvre la Terre, il est Yáng et donc actif par rapport à son partenaire qui occupe une position Yīn. Toutes les positions sont donc décrites dans des recueils appelés « manuels du sexe ». Dès le IIIe siècle avant J-C circulent en tout cas en Chine de véritables guides d’éducation sexuelle traitant de la meilleure façon de faire l’amour, de faire durer l’acte sexuel, de donner du plaisir et de conserver une sexualité harmonieuse et donnant les règles pour prolonger la vie à partir de la discipline sexuelle.
Les adeptes du taoïsme devaient dès lors de moduler leurs caresses et leur pénétration pour mener leur partenaire au septième ciel. Il y avait ainsi six façons différentes d’introduire le pénis dans le vagin de la femme, neuf façons de l’y agiter ou encore dix manières pour les dames de bouger pendant l’accouplement. L’homme devait surtout apprendre à régler la profondeur de ses pénétrations si le couple voulait bénéficier des bienfaits énergétiques de la copulation. Les rythmes comptaient souvent trois, six ou neuf pénétrations superficielles pour une profonde. Avec, parait-il, un orgasme cosmique à la clé !
Cet art est nommé par les chinois « cultiver le principe vital dans la chambre à coucher » (Fáng zhòng Yáng Shēng) ou « L'art (ou traité) de la chambre à coucher » (Fáng zhōng che fǎ ). Il se rapproche du Qi Gong (气功 Qìgōng), en poursuivant un objectif similaire, mais il se pratique à deux.
Parmi eux, on trouve les fameux dialogues
entre l’Empereur Jaune et les Institutrices du Sexe, qui enseignent des notions
de santé, d’hygiène et la manière d’en tirer bénéfice de la sexualité et ainsi
rallonger sa vie. On citera les quatre principaux : le Sou Nu Jing, le Sou Nu
Fang, le Yu Fang Pi Tsou et le Dong Xuan Zi.
L’acte
sexuel permet aussi de jeter un « pont »
entre le circuit du Vaisseau Gouverneur
et celui du Vaisseau Conception, et
de mobiliser ainsi de façon bénéfique les énergies de ces deux vaisseaux.
Effets de l'acte sexuel sur les vaisseaux Directeur et Gouverneur |
Si "L’art de la chambre à coucher" doit permettre d’augmenter le plaisir des partenaires, les techniques qui permettent d’augmenter son énergie sexuelle diffèrent pour chacun. Par exemple, alors que l’homme doit de ne pas éjaculer ou de repousser le plus longtemps possible ce moment afin de prolonger le plaisir, de conserver son sperme, d’améliorer sa santé et d’augmenter sa longévité, la femme doit au contraire éjaculer plusieurs fois pour augmenter son yin qui, dans la médecine énergétique chinoise, est une énergie d’eau. On le voit bien quand les femmes éprouvent de l’excitation : elles transpirent davantage que les hommes. En Occident, très peu de gens savent que la femme peut éjaculer. Mais dans le tao, on préconise de stimuler son clitoris et son point G,et de ne pas la pénétrer avant qu’elle ait émis de l’eau par trois fois.
Ainsi certaines positions sont-elles enseignées dans le but de guérir différents maux. Dans les secrets de la Chambre de Jade, la femme simple dit : « l’union mâle-femelle comporte huit bienfaits ». Jour après jour, les amants vont pouvoir grâce à ces huit positions sexuelles, consolider le sperme, harmoniser l’énergie, renforcer les organes internes, fortifier les os, régulariser les méridiens, conserver le sang, nourrir les liquides organiques, nettoyer le corps.
L'énergie
sexuelle est disponible en dehors des relations sexuelles. Elle se révèle très
utile lorsque l’on doit, par exemple, gérer un surcroît de travail. Pour
convoquer l’excitation sexuelle, c’est très simple : il suffit de contempler
une belle femme ou un homme séduisant, dans la réalité ou dans un magazine, ou
encore de se perdre dans ses fantasmes. Ensuite, on calme son esprit et on
s’attache à contenir l’excitation pour la renvoyer au cerveau et doper son
activité. Beaucoup d’entreprises se plaignent que leurs salariés consultent des
sites de charme sur Internet. Elles ont tort. Ce qui passe d’abord pour une
perte de temps et d’argent augmente en réalité la capacité de travail.
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